Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875
' IIV P.-J. PROUDHON prete à leurs j eux et à leurs j oyeuses badineries avee une merveilleuse souplesse, qui montre les lettres de l'al- phabet à la petite fille, qui conduit les petits garçons à la messe, et qui, non moins complaisant que le digne abbé P***, de notre connaissance, serait prèt à danser la danse basque pour divertir madame. Un tel métier ne saurait vous convenir, à vous, ame d'homme, libre et fier : vous ètes éconduit; n'en parlons plus. Peut- etre ma sollicitude sera-t-elle moins malheureuse une autre fois. Il ne me reste qu'à vous demander pardon d'avoir ainsi songé à disposer de vous presqu'à votre insu: j'ai mon excuse dans les motifs qui m'ont guidé; j'avais en vue votre bien-ètre et votre avancement dans les voies de ce monde. Je vois dans votre lettre, mon camarade, à travers les saillies qui y éclatent, et sous la franche et na:ive sève de gaieté franc-comtoise que vous ;1 avez répandue, une teinte de tristesse et de découragement qui m'af- flige. Vous ètes malheureux, mon ami : l'état que vous exercez ne vous convient pas; vous ne sauriez y vivre, il n'est pas fait pour vous, il est au-dessous de vous; vous devez le quitter, il le faut, avant que son influence délétère ait pu s'exercer sur vos facultés, avant que vous ayez pris, comme l'on dit, la manière de voir de votre profession, si tant est que vous puissiez jamais la prendre, ce que je nie formeìlement. Vous etes malheu- reux; vous n' ètes pas encore dans les voies que votre nature vous a assignées. Eh l a.me pusillanime, est-ce une raison pour vous laisser abattre 1 Devez-vous tomber dans le découragement? Luttez, morbleu, luttez Biblioteca Gino Bianco
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