Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875
I Il SA VIEET SONOEUVRE. xt pourtant dans ses études; il y mettait une grande opiniatreté. Sa famille était si pauvre qu'on ne pou- vait \ui acheter des livres; il était obligé de les em- prunter à ses camarades et de copier le texte des leçons. Il nous a raconté lui-mème qu'il était obligé de laisser à la porte ses sabots dont le brujt aurait pu troubler les classes, et que n'ayant pas de cl1apeau, il entrait tète nue au collége. Vers la fin de ses études, un jour, après la distribution des prix, d'où il revenait chargé de couronnes, il ne trouva pas en rentrant chez lui de quoi dìner. « Dans son ardeur au travail et sa soif d'apprendre, Proudhon, raconte Sainte-Beuve, ne se contentait point de l'enseignement de ses maitres. Dès l'àge de douze à quatorze ans, il fréquentait assidument la bibliothèque de la ville. Une curiosité le menait à l'autre, et il demandait livre sur livre, quelquefois huit ou dix dans la mème séance. Le savant bibliothécaire, l'ami et presque le frère de Charles Nodier, ~1. Weiss, s'approcha un jour de lui, et lui dit en souriant : « Mais, mon petit ami, qu'est-ce << que vous voulez faire de tous ces livres? » L'enfant leva la tète, toisa l'interlocuteur et pour toute réponse : « Qu'est-ce que cela vous fait? » Et le bon M. Weiss se le tint pour dit ce jour-là. » Obligé de gagner sa vie, Proudhon ne put conti- nuer ses études. Il entra comme correcteur dans une imprimerie de Besançon. Devenu ensuite ouvrier typographe, il fit en cette qualité son tour de France. A Toulon, où il se trouva sans argent et BibliotJca Gino Bianco
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