Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875

- VIIJ P.-J. PROUDHON et la meilleure forme pour lui, c'est toujours l'actuelle,' la dernière. Son écriture méme, pleine, égale, lisible, m~me aux end1.,oitsfatigués, ne trahit Bucune précipitation, au- cune hate d'en finir. Chaque ligne en est exacte; rien n'est Jaissé au hasard; la ponctuation , très correcte, un peu forte, un peu marquée, indique avec précision et distinc- tion de nuance tous les chainons du raisonnement. Il est tout à vous, à son affajre et à la ·votre , tandis qu'il vous écrit, etjamais ailleurs. Toutes les lettres que j'ai vues de lui sont sérieuses: aucune n'est banale. << Mais en méme temps il n'est pas artiste ni coquet le moins du monde : il ne f ait pas ses lettres , il ne les re- touche pas, il ne se donne pas méme le temps de les relire: nous avons un premier jet excellent et net, le jet de la source, mais pas autre chose. Les raisons nouvelles, qu'il trouve chemin faisant à l'appui de se~ idées, et que la con- tradiction lui suggère, surprennent agréablement etjettent une lumière qu'on chercherait vainement dans les ou-vra- ges mémes : sa correspondance diffère notablement de ses livres, en ce qu'elle ne vous met point martel en tete ; elle vous place au coour de l'homme, vous l'explique et vous laisse sous une impression d'estime morq1e et pres- que de sécurité intellectuelle. On y sent de la bonn) foi. Je ne saurais mieux le comparerà cet égard, qu'à George Sand , dont la correspondance est à la f()is abondante et pleine de sincérité. Il est dans son role et dans sa nature tout ensemble. S'il a affaire à un jeune homme qui 0 s'ou- vre à lui ùans ses anxiétés de scepticisID:e, à une jeune femme qui lui pose des questions délicates de conduite, sa lettre devient un petit essai de moraliste, une consultation de directeur spirituel. A-t-il par aventure assisté (ce qui est pour lui un événement) à une pièc3 de théatre, à une comédie de Ponsart, à un drame de Charles-Edmond, il se croit tenu de rendre compte de ses impressions à l'ami à qui il a du ce plaisir, et sa lettre devient un feuilleton littéraire, phi!osophiq11e, plr-:indo sens et qui ne ressero- Biblioteca Gino Bianco

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