Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875

I \ VI P.-J. PROUDHON ne lui ait pas permis de l'achever, Sainte-Beuve juge ainsi la correspondance du grand publiciste : « Les lettres de Proudhon, m~me en dehors du cercle des amis particuliers, on_ttoujours leur valeur ; elles nous apprennent toujours quelque chose, et e' est ici le lieu de bien déterminer le caractère général de sa correspondance. « Elle a été considérable de tout temps, surtout depuis son entrée dans l'entière célébrité; et, à dire le vrai , je suis persuadé qua , dans l'avenir , la correspondance de Proudhon sera son reuvre capitale, vivante, et qua la plu- part de ses livres ne seront plus que l'accessoire et comma des pièces à l'appui. Ses livres, dans tous les cas, ne s'en- tendent bien qu'à l'aide de ses lettres et des explications continuelles qu'il y donna à ceux qui le consultaient dans leurs doutes, et qui l'interrogeaient pour s'en éclaircir. « Il y a, quand on est célèbre, bien des manières de cor- respondre. Il y a ceux qu'écrire des lettres ennuie, et qui, assaillis de questions ou de compliments, répondent en toute hate uniquement pour avoir répondu , et qui rendent politesse pour politesse, en y mélant plus ou moins d'esprit. Ces sortes de correspondance , fussent-elles de gens célèbres, sont insignifiantes et ne sont pas dignes de faire corps et d'ètre recueillies. « Après ceux qui expédient leurs lettres comme une corvée, et presque à còté par l'insigniti.ance , je mettrai ceux qui les écrivent d'une manière tout extérieure, toute superficielle, exclusivement flatteuse, en prodiguant la · louange comme l' or , sans compter; et ceux pareillement qui pèsent tout, qui répondent avec prétention, avec en- flure, en vue de la phrase et de l'effet. Ce ne sont que des mots qu'ils échangent, et ils ne les choisissent que pour l'éclat et pour la montre. Vous croyez que c'est à vous, indi,idu, qu'ils parlent, et ils s'adressent en votre personne aux quatre coins de l'Europe. Ces correspondances sont Biblioteca Gino Bianco