Emile Vandervelde - La Belgique envahie et le socialisme international

DANS LES LIGNES FRANÇAISES 29 général X... , qui avait bien voulu m'inviter à déjeuner, me reçut dans le sous-sol, où nous passâmes deux heures pleines d'intérêt, avant de nous rendre aux tranchées. Il y faisait très calme. De temps à autre, un obus passait par-dessus notre tête, allant vers Arras. Pour le surplus, " rien à signaler », dirait sans doute le communiqué officiel. Peut-être ceux qui lisent ces mots se demandent parfois ce que font les troupes, pendant ces périodes, souvent longues, d'inaction apparente? Elles travaillent. Elles remuent de la terre. Elles développent, de plus en plus, le dédale des tranchées et des boyaux d'accès. Pendant le jour, les hommes dorment dans leurs abris, jouent aux cartes, parcourent un journal ou un livre, écrivent à leurs parents. Dès que la nuit vient, l'activité commence et dure jusqu'à l'aube; les tranchées s'ajoutent aux tranchées; les fils de fer et les ronces artificielles s'étendent, de place en place, sous des frondaisons de fougères, dans la paix ombreuse des grands parcs, à l'orée des sapinières. Dans.ces beaux jardins de l'Ile-de-France, la morl guette partout. A certains endroits les lignes se rapprochent. On est à trente mètres, à vingt mètres de l'ennemi. On sait qu'il est là; qu'il suffirait de se montrer pour que ses fusils partent ...

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==