La Voce - anno II - n. 2 - 23 dicembre 1909

OCE Esce ogni giovedì in Firenze, via dei Robt.ia, 42 .,-,.Diretta da GIUSEPPE PREZZO LINI .:J. Abbonamento per il Regno, T unto, Trieste, Canton Ticino, L. 5,00. Un numero· cent. 1C. Anno II ,;I, N: 2 .;f. 23 Dicembre 1909. SQ;\l~IARIO: L' Estremn ~lolittlana, LA \'ocE - Jcan-Chrlstophe è con noi, ROMA IN Ro1.1.A:-.1> - Cesare I.ombroso, 111. ALBERTO \.El>RA:"-1 - Nitrai/o: Céunnc - .. Le Spectatcur., G . .\,1..::-DOLA - Caralletl: L' i11lruso, S. S1.ATAl'ER - Supplica numero Ire, A. S. L'estrema giolittiana. L'onorevole Pio Viaz.z.i 11ellfl. Ragione di– fmde il gruppo rep11bblirn110 dnll't1rmsn di git.J 1illismo chi noi, « ji!Jsofi della Voce ,, abbiamo ln11ci11to. / 7 ilosofi? Gilt : rioC ac– rl,inppn1111vole. Q11n11do s' i dello !t, veritit si corre sempre il rischio di unlire questi argo– meuti. Uu smesc libera!t-,quando gli Aretini invadevano l mctlevana a snrco In. sua cittli nel 110111e di 1\1aria)domamlava iro11ira111wte a quei che lo dernbava110dei rnoi denari: so110 giacobinirwrhc quelli? Cosi oggidiremo a /'011orevo/e Viaz.:;J:souoforsefilosofici i 110- slri nrgomwti perchi nppoggintidai fnlli? Far da profeli era. facile., e 11011 a ne vo– gliamo gloriare. Afa In prima e seconda. se– duta della Cnmem rispo11do11 per filo e per stg110 al quod er:tt dcmonstrandum di li– ceale memoria applicalo al uoslro articolo o teoremapc'1ilitodelr11/timo m1111ero. Abbiamo ved11toSo,mi110presentarsi ron 1111 progra111- mi110 onestorislrl'IIO e freddo; la maggiora11z.a gilz.spiacentedei prossimi digiuni moslrargli i denti e snlvnrlo per 11011 fnr cadere Giolitti 11cllcbrnrrit1rbc lnrgbe/'Estrc111n gli nprivn, meulrl' questa) se 111' tsrludi la 111i11ora11~a di gala11t110111i11i rui accc,mavamo ,011 n capo l'o,usto Cirro/li, Ji:ntfova 1111 nggualo 11l'll'i11t1:– resscddl' u IIVl'ersariopoli1icoma amico pcr– .wnnlt » Gioii/li. L'onon'Vole Viaz.zJha 1111 /,e/ fare a difw– dae i suoi amici. 1\'i>I pm:sel'idl'tl è pcuelrala. Tuili lo sentono. C'è 1111n maggiora11z.a uel– l'Estremn che atrellerrbbeGioii/li ro11 i suoi sistoni perrhè rivolti a suovn111aggio: e com– ballcrebbl'So1111i110, 1011 gilr p"r fr rne mau– chtvolez.z.c) ma per In s11a om·stltpolitirn. Si, lo sapj,iamo e l'nbbiam dello n11c/Je noi: S01111i110 1011 è 1111 grande 111i11istro. 1\/a ,,ggi In Cam1•ra 11011 ha frn quelliche possou pemnri> ad esserecnpi di 1111 ministeronessun 1101110 rosi pulito e cosi.om• slo.L' /;Stremn Si– nistrn ro11 i suoi ceuto voti e {·011 l'energùt r.benitre volte hn di111oslrnlo potrebbesnlvnrlo dall'obbligo di 1·icorrere alla 111aggiorn11z.a gio– /i11in11n:e 11011 fnce11dolo dimostrertidi essi•re giolillinun quanto qucstn)cou l'nggrm.mnle di portnre una mascheradmrocmticn. La Voce. Jean-Christophe ' e con - noi. (Fragments) 1• 1 A mesurc que des liens mrstérieux se tissaient entre Christophe et ses amis invisibles, une révolution se faisait dans sa pensée artistique ; elle dcvenait plus large et plus humaine. Il ne voulait plus d'une musique qui fùt une parole pour soi seul, encore moins une construction savante pour les gcns du métier. Il vou– lait qu'clle fat une communion avcc les autrcs hommes. Il n'y a d'art vita! quc cclui qui s'unit aux autres. Un Jean– Sébastien Bach, dans scs pircs heures d'isolement, était relié aux autrcs par sa foi religieuse, qu'il exprimait dans son art. Haendcl et Mozart, par la force clcs choses, 6crivaient pour un public, et non pas pour eux seuls. Beethoven lui-mCmc a dù compter avec la foule. Cela est sa– lutaire. Il est bon que l'humanité rap– pelle de temps en tcmps au génic: - Qu'y a~t-il pour moi dans ton art? S'il n'y a rien, va-t-en ! A cette contraintc, le génic gagne, le premier. Certes, il est de grancls artistes qui n'expriment que soi. !1ais Ics plus grands de tous sont ceux dont le coeur bat pour tous. Qui veut voir Dicu vi– vant, face 'à face, doit le chercher, non dans le firmament vide dc sa penséc, mais dans l'amour des hommes .... C'est cette a.me commune quc cloit tàcher d'exprimer le grand artiste. Son idéal doit étre le vivant objectivisme, oli l'aèdc s'assimilc à ceux pour qui il chante, ot se dépouillc de soi, pour vétir lcs passions col lectives qui souffient sur le monde, commc une temp@tc. La floraison désordonn6e du lyrismc individuel a, de– puis un siècle et demi, quclquc chose de maladif. J..a grandeur morale consiste à beaur.oup scnlir et à beaucoup domi– ner, à etrc sobrc de mots et chastc avcc sa pcnsée, à ne la point 6talcr 1 à parler (•) La fi11du Voyage dejew1-Christophe 11J.Omo p:i.rtie dejea11-C/1ristoplu:: 1,er volume: /es Amies. d'un regard, d'une parole profonde, sans exagérations enfantines, sans effusions féminincs, pour ceux qui savent com– prendrc à clemi-mot, - pour !es hommcs. La musiquc moderne qui parie tant de soi et mClc à tout propos ses confiden– ces indiscrètes est un manquc dc pu• dcur et un manquc de gotlt. Elle rcs– semble à ces malades qui ne pensent qu'à leurs maladies, et qui ne se lasscnt point d'en parler aux autres, avcc dcs détails répugnants et risibles. Ce ridi– cule de l'art s'accuse toujours plus de– puis un siècle. Françoise Oudon, qui n'était pas musicienne, voyait un signe de d6cadence dans le développement méme de la musique aux. dépens de la poésie, camme un polype qui la clévore. Christophe protestait: mais, à la réflew ~don, il se demand~it s'il n'y avait pas quelque vrai dans cc qu'elle disait. Les premicrs l.ieder écrits sur des pobsics de Goethe étaient sobres et exacts; bicnt0t Schubert y m€:le sa scntimcntalité ro– manesquc qui les déforme; Schumann. ses langueurs de peti te fil!e; et jusqu'à Hugo \Volf, le mouvement s'accentue vers une déClamation plus appuyée, clcs analvses indéccntcs, une prétention de ne ~lus laisscr un seul recoin dc son fi.me sans lumière. Tout voile est déchiré sur !es mystèrcs clu coeur. Cc qui était <lit s0brcmcnt par un homme est hurlé au– jourd'hui par des fìlles impudiques qui se montrent toutcs nucs. Christophe ava1t un peu honte cle cet art dont il se sentait lui-mCmc conta– mi~é; et, sans vouloir revcnir au passé - (désir absurde et contrc nature) - il se retrempait dans 1'3.mede ceux cles maitres du passé qui avaient eu la pudeur hau– taine dc leur pensée et le sens d'un grand art collectif: tel, I-Iaendel. quand dédaigneux du pi6tisme larmoyant de son temps et de sa racc, il écrivait ses Anthcms colossaux et scs oratorios, épo– pées héro"iques, chants des peuples pour les peuplcs. Le difficile était de trouver de sujets d"inspiration qui pusscnt, com- Bibloteca Gino Bianco mc la Biblc au tcmps dc Haendel, évei\ler des émolions communes chc1. Ics pcuples de l'Europe cl'aujourd'hui. L'Europe cl'au– jourd'hui n'avait plus un livre commun: pas un poème, pas une prièrc, pas un acte ài:: foi, qui Hìl le bien dc tous. O honte qui clevrait écraser tous Ics écriYains. tous !es artistes, tous les penseurs d'aujourd'hui ! Pas un n'a6crit, pas un n'a pcnsé pourtous. I.e scul Beethoven a laissé quclques pages d'un nouvcl Evangilc consolateur et fraterne! i mais les musiciens seuls peuvent le lire, et la plupart des hommes ne l'entcndront jamais. \Vagner a bien tentò d'élcvcr sur la colline de Bayreuth un art rcligieux, qui rclic tous les hom– mes. ?l[ais sa grande a.me était trop pcu simple et trop marquée dc toutes Ics tares dc la musique et dc la pcnsèe dé– cadentes dc son temps: sur la colline sacrée. ce ne sont pas !es pècheurs de Galileé qui sont venus, ce sont !es pha– risiens. Christophe sentait bien ce q'il fallait fairej mais il lui manquait un poète, il devait se suffire à lui-mCme, se restreindre à la seulc musique. Et la musique, quoi qu'on disc, n'cst ras une langue univer– selle: il faut Pare cles mots pour fa.ire pénétrer la flèchc cles sons dans le coeur de tous. Christophe correspondait avec Olivier, à présent installé dans une ville de pro– vince. Il ellt voulu de lui de beaux textes poétiques, associés aux pensées et aux actes de tous les jours, commc ccux qui font la substance des vieux Lt'edcr allemands. De courts fragments dcs Livrcs Saints, des pcèmes hinclous, des vieux philosophes grecs, dc petits tableaux. de la nature, des émotions amourcuses ou familiales, la poèsie des matins et des soirs et des nuits, pour des coeurs simples et saii1s. Quatrc ou six vers pour un Licd, c'est assez: les cxprcssions !es plus simples, point de d6veloppement savant. Qu'ai je à . faire de vos virtuosités cl'esthète? Aimez ma vie, aidcz-moi à I' .i imcr et à la vi vre .. ....Aux siècles qui avaient le culte le plus ardent dc l'art, le jeune prince des purs artistes de la Rcnaissanca italienne glorifiait la maternité dans scs Maclones Transté,·érines. Qui nous fora aujourd'hui, en musique, une Jlfado11e à la Cllaise? Qui nous fera une musiquc pour toutes !es heures de la vie? Ecrivez-moì les l-icures de France, mes Grandes et Petitcs lle1tresl Et chcrchons cnscmble l'ex– prcssion la plus clairc. Evitons 1 comme la peste, ce langag~ artistique d'une caste, qui est celui de tant d'écrivains, de musiciens, oui memc de peintrcs et dc sculptcurs d'aujourd'hui. li faut avoir le courage de parler en homme, non en « artiste ,,_ Il faut puiser dans le fonds commun dc tous, et se servir, sans rou– gir, dcs formulcs usuellcs que Ics siècles ont marquécs de leur empreinte et rem– plics de leur a.me. Yois cc qu'ont fait 110s pèrcs. C'cst du retour au langdgC musical de tous qu 1 est sorti l'art des grands classiques allemands de la fin du X V IU siècle. I.es phrascs mélodiqucs de Gluck, cles crèatcurs dc la symphonic, dcs premiers maitrcs clu Licd, sont tri– viales parfois et bourgcoises, compar6es aux. phrascs savantcs ou raffinécs dc Jcan-Sèbasticn Bach et dc Rameau. C'est cc foncl dc tcrroir qui a fait la sa,·eur et la popularité immense des grands classiqucs. Les écrivains d'aujourcl'hui s'évertucnt à décrirc dcs rarctés humaines, ou des cas très fréqucnts dans dcs groupes anor– maux., en marge dc la grande sociCté dcs hommes agissants et sains. Puisqu'ils se sont mis d'cux-mCmes à la porte de la vie, laissc-les, et va où sont 1es hom– mes. Aux. hommes de tous les jours, montrc la vie de tous les jours: elle est plus profonde et plus vaste que la mer. I-e moindre d'cntrc nous porte en lui l'infini. L'infini est dans tout homme qui a la simplicité d'étre un homme, dans l'amant, dans l'ami, dans la femme qui paie dc scs douleurs la. radieuse gioire du jour dc l'enfantement, dans celle ou dans celui qui se sacrific obscurement et dont nul ne saura jamais rien; iJ est le flot de viP., qui coule de l'un à l'au– tre, de l'un à l'autre, de l'autre à l'un .... Ecris la simple vie d'un de ces hommcs simples. écris la tranquille épopée des jours et des nuits qui se succèdent, tous semblablcs et divers, tous fils d'une mCme mère, depuis le premier jour du monde. Ecris-la simplemcnt, ainsi qu'elle se dé– roule. Ne t'inquiCte point du verbe, des recherches subtilcs où s'énerve la force des artistes d'aujourd'hui. Ce ne sont pas des paroles que tu dois dire, ce sont des choses. Tu parles à tous: use clu language de tous. Il n'est de mots ni nobJes, ni vulgaires i il n'est de style ni chfitié, ni impur; il n'est que ceux qui disent ou ne disent pas exactemcnt ce 'ltt'ils ont à dire. Sois tout entier dans tout ce quo tu fais: pense ce que tu pense, et sens ce que tu sens. Que le rythme dc ton cceur emporte tes écrits I Le style, c'est l'àme. Olivier approuvait Christophe; mais il répondait, avec quelque ironie: - Une tcl!e reuvre pourrait Ctre belle; mais elle n 1 arriverait jamais à ceux qui pourraient la lire. La critique l'étouffer– rnit en route. - Voilà bien mon petit bourgeois français ! - repliquait Christophc. - Il s'inquiète de ce que la critique pensera ou ne pensera pas de son livre 1... Les critiques, mon garçon, ne sont là quc pour enregistrcr la victoirc ou la dé– faite. Sois seulement vainqueur .... Je me suis bien passé d'eux I Apprencls à t'en passer aussi .... Romain Rolland. 12 Décembre 1909. Pensieri di F ederigo Schlegel. Soltanto chi è tutt'uno col mondo può esser tutt'uno con se stesso. * L::t. virtt"t è ragione divent:lla energia. * L'uomo e uno sguardo creativo della natura che guarda indietro sopra st: stessa.

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