La Rivoluzione Liberale - anno II - n. 23 - 24 luglio 1923

LA RIVOLUZIONE LIBERALF MESURE DE LA FRANCE été qu'une exception; il veut bien faire, car il aime son ceuvre; tandis que le travailleur propriétaire s'engourdit souvent da,ns sa tradition technique, le prolétaire moderne ne cesse de progresser et de se mettre au niveau de techniques plus délicates ». (Science Sociale. Les divers types de coopératives, (Septembre r899). II. nnticipations proudhoniEDnes Mais, dans cette horreur du pullukme.n: et de l'industri1alisme qui est comme instinctive chez nos Frauçais, et que nous avons vu M. Drieu La Rochelle traduire avec une éloquence apre et amère - et qui est co=e la protestation de l'esprit lui-meme 1 contre une « illusio.n énorme » un « enfer rncroyable », un «univers de camelote», où la quantité matérialiste submergerait la fine et précieuse qualité - n'y a-t-il pas, en deruière analyse, comme une .inticipation? Dionysos, c'est e.ntendu, est nécessaire à Apollon; mais celui-oi n'est pas moius indispensable à Dionysos; et ce qu'il faut réaliser, c'est leur alliance fraternelle, et le mariage de la féconde quantité et de la qualité-mesure: une re,iaissance classique est à ce prix. La solution de cette espéce d'a.utiuomie qti'on peut découv1ir entre la population et la civilisation, entre la quantité et la qualité, autrement <lit, a été trouvée je crois, par notre Proudbon, dans son chapitre des Contradictions intitulé la Population. Proudhon constate ou, du moins, a cru constater - par une intuition de génie - qu'entre la faculté prolifique et la faculté imdustiielle, entre l'amour et le travail, il y a oppositiou, e.n sorte que plus l'homme serait travailleur, et moins il serait prolifique : « la chasteté, écrit-il, est la compagne du travail; la mollesse est l'attribut de l'inertie. Les hommes de méditatiou, les penseurs énergiques, tous ces graucls travailleurs, sont de capacité mécliocre au service de l'amour. Pascal, Newton, Leibniz, Kant et taut cl'autres, , oublièrent, dans leur contemplations profou. des, qu'ils étaient hommes. Le sexe les devine : !es génies de cette trem pe I u'Vinspiren t peu d'attrait. Laisse-là les femmes, disait à Jeau-Jacques cette gentille Vénitienue, et ét,,die les malhémMiques. Comme l'athlète se préparait aux jeux du cirque par l'exercice et l'abstinence, l'homme de travail fuit le plaisir, absti.nuit venere et baccho ». • Dans le travail, comme dans l'amour, le cceur s' att;ache par la possession; les sens au contraire se rebutent. Cet antagonisme du physique et du mora! de l'homme dans l'exercice de ses facultés industrielle et prolifique, est le balancier de la machine sociale.· L'homme, dans son développement, va sans cesse de la fatalité à la liberté, de .de l'instinct à la raison, de la matière à l'esprit. C'est en vertu de ce progrès qu'il s'affranch,i,t peu à peu de l'esclavage des sens, -co=e de l'oppression des travaux pénibles et répugnants ». « A mesure que le travail augmente, l'art surgissant toujours du métier, le travail perd ce qu'il avait de répugnant et de pénible : de meme l' amour, à mesure qu'il se fortifie, perd ses formes impud.iques et obscènes. ·Tandis que le sauvage jouit en bete, se dé1ecte dans l'ignorance et le sommeil, le civrulisé cherche de plus en plus l'action, la richesse, la beauté : il est à la fois industrieu.x, artiste et chaste. Paresse et luxure sont vices conjoints, sinon vi:ces tout à fait identiques. Mais l'art, né du travail, repose ·nécessairement sur une utilité, et correspond à un besoin; considéré en lui-meme, l'art n'est que la manière, plus ou moi.ns exquise, de satisfaire le besoim. Ce qui fait la mora1ité de l'art, ce qui conserve au travail son .attrait, qui en éveille l'émulation, en excite la fougue, e.n assure ia gioire, c'est donc la valeur. De meme, ce qui fait la moralité de 1'amour, et qui en conserve la volupté, ce sont les e,nfants. La paternité est le soutien de l'amour, sa sanction, sa fi.n, Elle obtenue, l'am.our a rempli sa carrière, il s'éva- ·nouit, ou, pour mieux dire, se métamorphose... La chasteté est l'i.déal de l'amoiir » (p. 380-381) (r). (1) Le christianisrne, <lit Proudhon, a été sur ·Ce point prophétique: en rnettant l'idéal virginal au dessus de l 'idéal patriarca!, il a deviné que notre :finn'est pas dans l'ordre de la chair, mais dans celui de l'esprit et que la cbasteté est en quelque sorte l'idéal meme du rnariage, le but vers !eque! il tend secrétement. Les socialistes, qui, en la matiere, ont plutOt en général suivi Fourier que Proudhon, se sont gaussés naguère que Sorel ait pu écrire cette p-hrase, qui, sans doute, Ieur a paru 111.onit.mentale? « que l'homme ne deviendrait plus juste que dans la mesure où il deviend.rait plus chaste ». « Le socialisme, écrit Prottdhon, qui, au lieu d'élever l'homme vers le ciel, l'incline toujours vers la boue, n'a vu dalls la victoire rempo1tée sur la chair qu'une cause nouvelle de misère: camme il s'était flatté· de vaincre la répugnance du travail par la distraction et la voltige, il a essayé de comh'1ttre la monotonie du mariage, non par le culte <lesaffections, mais par l'i_n~rigue e_t ~e chan~ement ~· Proudhon a en vue 1c1le founénsme et la tbéone de la papillonne. Il écrit ailleurs ceci • Le fouriérisme est la négation du ménage~ élément organique de la propriété; de la fam1lle, àme de la propriété; du madagt, 1mage 1e . la propr~ét~ transfìgurée. Et pourquoi le founén.s~e abol~t-11 toutes ces choses? Parce que le founér;sme n aclmet que le cé\t,;'.négatif de la propneté; rarce qu'à la place de la possession nornial.e et saJnte, manifestée par le mariage et la fam1lle, le fouMais, objectera-t-on à Proudhon, cette influence du travail sur l'amour ne peut s'ente,ndre que du travail-artiste, que du travail qu.ùs'élève à la forme de l'art et fait de l'ouvrier un artisan-artiste; et comment comparer à ce travail-art le travail industrie! moderne, qui condamne clans nos usines à un labeur automatique nos prdlétaires transformés e.n esclaves? Les belles définitions du travail données par Proudhon, sont-elles encore ici de mise? «L'homme est travailleur, écrit-il, c'est-à-clire créateur et poète : il émet des idées et des signes; tout en refaisant la nature, il produ:it de son fond, il vit. de sa substance, c'est ce que signifie la phrase populaire, vivre de son lravail ... Le travail est une émission de l'esprit. Travailler, c'est dépenser sa vie, travaiiller, en un mot, c'est·se dévouer, c'est mourir. L'homme meurt de travail et de dévouement, soit qu'il épu.ise son a.me, comme le soldat cle Marathon, dans un effort d'enthou.siasme, soit qu'il consume sa vie par un travail de ci.nquante à soixante années, comme l'ouvrier de nos fabriques, !e paysan <lans no; campagnes. Il meurt parce qu'il travaille; ou mieux, il est morte!, parce qu'il est né travailleur ». Mais le labeur· machinal moderne, encore une fois, peut-il se comparer à re tra vai! où il y a créatiou et poésie, et susceptible par conséquent d'e.nthousiasme? Il s'agit, en l'espèce, de bien discerner quel est le role de la machine da.ns le travail moderne: ce role est-il, comme on le croit trop communément, de rendre le travail purement méca.rnque, monotone et abrutissant? « Les machines, écrit Prouclhon, ne font qu'abréger et suppléer pour nous certaines opérations manuelles: elles ne dim.inuent pas le tra vai!, elles le déplacent ; ce que nous demanclions auparavant à nos muscles est reporté S\lr le c.erveau. Rie.n n' est changé au travail, si ce n'est le mode d'action, qui du physique passe à l' intellectuel » (p. 37r). Mais je veux rappeler un passage d'une étude de Sorel, qui; met bien en lum.ière le vrai caraètère de !'industrie moderne. «Trop longtemps, écrit Sorel, on a cru que 'la machine moderne permet d'employer le travail le plus bas et que tout l'intéret du patron consiste à allonger !es journées ou à intensifier le trl'vail. Aujourd'hui,. nous savons qu'il faut à' la machine un ouvrier supérieur, capable de travail très quat;,fié, qui puisse suivre des mouvements très rapides et très délicats, qui ait à dépenser plus d'attention que de force ... Ce travailleur peut etre encore appelé un bras, puisqu'il ne possède que sa force de travail; mais c'est un bras mii par une volonté singulièrement tenace, éveillée et ~évoyante. Il ne possède pas un atome de la mati.ère de l'atelier où il peine, mais il a sur le prod uit un droit plus certain que son patron, car le syndicat défend son salaire ; les profi ts et !es pertes ne le regardent pas et il refuse de plier son sort aux maniements des prix par une échelle mobile. Il n' est pas propriétaire des instruments de production, mais il a acquis des qualités .intellectuelles et morales que ne possédaient pas les anciens ouvriers possesseurs d'i.nstruments; il n'est comparnble qu'à l'artisan-artiste, qioi jamais n'avait nens me poursuit de tous ses voeux, de tous ses efforts, la prostitution intégrale. C'cst tout le secret de la solution fouriériste clu problèrne de la population. Il est prouvé, <lit Fourier, que les filles publiques ne deviennent pas mères une fois sur des millions : au contraire la vie de ménage, les soins domestiques, la chasteté conjugale, favorisent éminemm.ent la 'progéniture. Donc l'équilibre de la population est trouvé si, au lieu de nous assembler par couples et de favoriser la fécondité par l'exclusion, no-us' deveno-n.s tou.s prostitués. Amour libre, amour stérile, c1est tout un... A quoi bon dès lors le rnéuage, la monogamie, la famille? Faire du travail une intrigue, de l'amour une gymnastique, quel reve ! et c'est celui du phalanstère !... Le socialisme, ainsi que l'écouomie politique, a trouvé à la fois, sur le problèrne de la population, la mort et l'ignom1nie. Le travail et la pudeur sont clts mots qui brO.lent !es lèvres des hypocrites de l'utopie et qui ne servent qu'à déguiser aux yeux des simples l'abjection des doctrines »· (p. 355). Mais le christianisme, qui, sur la question du mariage, est une sorte de compromis entre l'icléal biblique dont il est l'hé!itier et l'idéal virginal qui lui est propre, n'a pas eu.de la dignité de la femme une nobon peut-etre suffi.sammeut élevée : l'épo,ise chrétienne est une épouse trop résignée et qui accepte trop facilement d'ètre parfois transforrnée en simple machine réproductrice. Or la femme a le droit de se refuser à n'etre considérée que camme un instrument de reproduction; et si le féminisme, qui, en lui-meme, n'est le plus souvent qu'insanité, pouvait contribuer à donner à la femme un sens plus élevé de sa clignité, il n'aurait pas été complètement vain. ]'estime que personne n'a donné du mariage et de la famille une doctrine plus forte et plus belle que Proudhon; le respect de la femme par lui est porté à une hautem· qui ne sera pas dépassée; et la 10.e étude de la Ji<stice est, à mou sens, une des choses le-s plus rnagnifiques qui soient sorties de la plume d'un moraliste; car, en s'inspirant à la fois de 1'idéal romain et de la mysf1que chrétienne, ' Proudhon a. su donner au maria.ge une significatiou hors ligne et vraiment .subli1ne. Ainsi, !es plaintes que le machinisme a d'abord suscitées, et qui, au début de l'ère capitaliste, se sont traduites, de la part des ouvriers, par des. bris de machi.nes et des révoltes contre la machine elle-meme, ne sont pas, au fond, justifiées : la m.achine, au contra.ire, libère {r) l'ouvrier, tait passer le travail du rang d'u,11effort purement musculaire à celui d'un effort cérébral, exige plus d'attention, que de farce, intellectualise le travail: l'ouvrier exigé par la grande industrie moderne est un ouvrier supérieur, qu,ù n'est comparable, nous <lit Sorel, qu'i l'artisan-artiste. D'où vient clone l'erreur, si commune encore et que M. Drieu La Rochelle semble partager pleinement, lui qui ne voit dons l'inclustrialisme moderne qu'un • enfer incroyable », u,ne « iilusion énorme » et « un univers de camelote •? C'est qu'il fau<lrait cListinguer dans le mouvement capital.iste lui-meme deux tendances, la première, purement commerciale et usuraire, ploutocratique, qui tend à abrutir l'ouvrier par un régime de bas salaires et de longues journées - régime contre !eque!, par le mouvement syndical, !es ouvriers out réagi et continuent à réagir - et qui ne se propose qu'une production par grandes masses d'une qu.alité inférieure et pouvant etre dite en effet de la camelote; - la seconde, plus vraiment industnrelle, qui reconnait qu'un régime de courtes journées et de hauts salaires est aussi favorable à la production elle meme qu'à l'ouvrier et do,11tle but est une pt'oduction roignée, de qualité supérieure et tendant à fa.ire de !'industrie un art perfectionné, exigeant vraiment des ouvriers qualifiés, ces ouvriers que Sorel compare aux artisansartistes. Ce capitalisme industrie!, triomphant du cap'Ìtalisme usuraire, est en quelque sorte la ~éface du socialisme, le pont par où le passage pourra se faire du capitalisme au socialisme; et le socialisme n'est, au fond, en un certain sens, que l'exaltation de ce capitalisme : .c'est l'atelier moderne, produit du capitalisme industriel, qui, se débarra5$nt de la tutelle capitaliste deve.une superflue, émerge dans tout l' orgueil cl' une force libérée, et où !es travailleurs out l'ambition de hausser !'industrie jusqu'à la hauteur d'un Art. Si le monde moderne apparait encore sous un aspect aussi hideux, si l'industrialisme moderne ne se présente encore que sous des ap:parences oiinistres, c' est que la ploutocratie gouverne encore le monde en maitresse pt'esque absolue - et que, par la_ grande guerre - cette grande guerre qui fut essentiellemente ploutocratique et fit ressembler la guerre elle-meme à une sorte d'industrù'e infernale où le soldat, comme l'ouvrier de la fabrique, chair à travail, fut consiidéré comme de la sri:mple chair à canon - (M. Drieu La Rochelle a bien le sentiment de cette dénaturation monstrueuse de la grande guerre : la guerre moderne, écrit -il, (qui .n'a de commun que le nom avec la fonction que !es hommes out exercée pendant des, cycles de siècles) était déjà au temps de Napoléon, et meme avant, enfìn depuis l'emploi de la poudre (r), pt'emière (1) Elle le t.ibère, en ce sens qu'elle hausse le traYail d'un effort tout musculaire à un effort cérébral, mais non en ce sens qu'elle impliquerait une diminntion du labeur pouvant aller jusqu'à des journées extr@me1hentcourtes, comme certains utopistes l'ont imaginé. Proudhon, au contraire, affirme l1aggra-vation du, trava,i/.; à ses yeux, c'est une des lois les plus certaines, et il s'élève avec force coutre l'1ttopie de la ri• chesse obtenue par un travail de plus en plus réduit à sa plus simple expression. Il voit merne dans cette loi une garantie pour la civilisation, qui ne pourra ja.mais, gràce à elle, devenir une immense priapée et comme une prostitution in,. tegrale. Nous sommes condamnés, selon lui, à ·travailler sans cesse davantage; notre _travail • croìtra sans cesse en intensité cérébrale; et c'est pour nous le gage d'une ascension possible toujours plus haute vcrs les régions de la vie « industrieuse ,artiste e chaste ». (1) M, Drieu La Rochelle partage une opiniou exprimée avec force déjà par Proudhon dans la Guerre et /.aPaix (T. ÌI, 6, 9) : , C'est depuis Pinvention de la pou.dre que les idées se sont perverties sur la nature et le droit de la guerre, notamment en ce. qui concerne le réglement des ru·mes. On a prétendu que l'emploi du canon avait démocratisé le métier de soldat et porté à la noblesse w1 coup sensible, en neutralisant la .cavalerie et en amoiud1;ssaut l'avantage de la bravoure personnelle. Fa·merais niieu.x, je L'a11oue,q1<eLe Tiers-état e,U appris à opposer cavalerie à cavalerie1 au. risque de -voir la féodalité durer cent ans de plt1s. D'autres, soidisant amis de l'hurnanité, se félicitent de Yoir les armes et macbines de guerre suivre les progrès de I'industrie et clevenir de plus en plus meurtrières. La guerre fin.ira, diton, par l'e_~cèsm@me de sa puissa.uce destructive. Ils ne voient pas que cette manière de mettre fin à la guerre aboutit juste à la désorganisation politique et sociale. Quand !es armes seront telles que le nombre et la discipline, aussi bien que le courage, ne seront plus de rien à la guerre, adieu le règne des majorités, aclieu le suffrage uuiversel, adieu !'empire, aclieu la République, aclieu toute for9ii grave atteinte portée par !es pratiques industrielles aux institutio.ns fondamentales de l'humanité, une simple machine à détruire !es corps !es plus robustes) - c'est que la Ploutocratie, dis-je, p_ar la grande guerre, a consolidé encore sa dominabion et fait rétrograder le capitalisme à cles formes usuraires qui semblaient dépassées. Et ces paroles de Proudhon nous résonoent prophétiquement à l' oreille : • De deux choses l'une, écrit-il : ou l'humanité doit devenir par le travail une société de saints, ou bien, par le monopole et la m.isère, la civilisation n' est qu' une immense priapée. Au train dont vont !es choses et à moins d'une réforme qui change intégralement les conditions du travail et du salaire, tonte angmentation de labeur, partant tout accroissement de richesse, nous sera bientòt devenue impossible. Longtemps, avant que la terre nous manque, notre production s'arrHera: le paupérisme et le crime croitront toujours •. Mais M. Drieu La Rochelle, dont le désespoir latent semble avoir un moment espéré en la Russ,ie rouge, a été déçu par Lénine • Lénine, se demande-t-il, au fond de son Kremlin, reve-t-il autre chose que Stio• nes ou Schwab? •· Les bolcheviks lui semblent etre, eux aussi, contam.inés par ce mème génie industrialiste moderne, qui lui para1t démoniaque; il ne voit pas da,ns Lénine un vrai révolté, mais une manière de bourgeois, qui veut precipiter l' occidentalisation de la Russie, commencée par Pierrele-Grand, et dont le .soi-disant communisme n'a, lui anssi, qu'un dieu: la Production. Déjà M. Bertrand Russell avait bien discerné ce caractère industrialiste des communistes russes. • Les bolcheviks, écrit-il (Pratique et Lhéorie di. Bolchevisme, p. 89-90), sont des industrialistes en tontes choses; ils se passionnent r,0ur tout dans !'industrie moderne, sauf pour les bénéfices exagérés des capitalistes. Et la dure discipli.ne à laquelle ils soumetten.t les ouvriers est bien faite pour leur inculquer, si la chose est possible, les habitudes d'application et de probité qui leur ont manqué jusqu'ici et faute desquelles seulement la Russie n'a pu devenir. un des principaux p,p,ys industriels du mon,de •· J' ai souligné à dessein dans cette citation de Russe! : sauf pour les bénéfices exagérés des capitalistes; est c'est pour bien marquer cette di,fférence capitale, que, si les communistes russes sont de fervents industrialistes, ils out répudié l'esprit ploutocratique qui anime l'industrialisme capitaliste. Qu:',i:lssoient des adm.irateurs enthousiastes de !'industrie .moderne, il fallait bien s'y attendre de la part de disciples de Marx, dont on conruut la phrase célèbre sur les créations gigantesques de cette industrie, et que je veux rappeler une fois de plus : • La bourgeoisie, <lit Marx (Manifeste Communiste, p. 24. Trad. Andler) a, comme perso.une ne l'avait faiit avant elle, montré de quoi est capable l'activité humaine. Elle a réalisé de tout autres me!"Veillesque !es pyrallllÌdes d'Egypte, !es aqueducs romains et les cathédra,les gothiques; elle a accompli'.de tout autres campagnes qu'invasions et crcxisades ». Mais les lecteurs du Manifeste Communiste savent aussi avec qu~e force Marx, s',il a loué en termes enthousiastes l' ceuvre technique (et révolutionoaire à ce poi.nt de vue) de la bourgeoisie, a également flétri le caractère affreux de l'industrialisme moderne, noyant dans les ean.,"'tglacées d'un égoisme calculateur tous !es sentiments désintéressés et enfantant une civilisation essentiellement prosa'ique - cette civilisation qui fait tant horreur précisément au profond spiritualisme de M. Drieu La Rochelle, qu:il,ne l'oublions pas, est, avant tout, un poète. Il apparti'ent au prolétariat révolutionnaire, héritier et co.ntradicteur de !a Bourgeoisie tout ensemble, dè conserver son esprit de hardiesse créatrice dans l'ordre technique et d'organiser !'Industrie dans des conditions tout autres au point de vue mora! et esthétique. La bourgeoisie .ne conna1t que le profit; c'est uniquement mue par la recherche dU!plus grand p,:ofit qu'elle a'bousculé !es anciennes conditions de la vie patriarcale et feodale et créé cette civilisation si riche en forces productives et si affreuse me de gouvernement. Le po·u:vo-irest aux plus scélérats ». On counalt le rieve que Renan avnit fait pour dompter soi-disant Caliban: il avait imagmé entre les mains d'une oligarchie scientifique une telle puissa.nce de clestructiou que 1."L plèbe devait etre forcément écrasée et rédù..ite à l'impuissance. La ploutocratie moderne, forte de cet outillage inclustriel et militaìre monstrueux dout la grande. guerre a fait voir d'une façou si infernale la puissance destructive, ne pourrait-elle pas eu effet asseoir ainsi definitivement sa hideuse domination? La guerre des rnes a été déja renclue impossible; et, par ailleurs, la ploutocratie, disposant du gonvernement, de la presse, des mille moyens de corntption que donne 1'argent clans. nos sociétés modernes, quelles ressources restera-t-il aux révolutionnaires? Le soi - disant Caliban - serait clo1npté, mais ce ne serait pas, hélas, au profit de Prospero, mais à celui de la plus hideuse cles craties: de l'ignoble Ploutocratie.

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