La Rivoluzione Liberale - anno II - n. 22 - 17 luglio 1923

MESURE DE I. EconomiEalthusiBnnE et culturE almndrinE Daniel Halevy, dans sa collection dcs Cahiers Verls, dont l'ambition est de faire une su.ite aux fameux Cahiers de la Quinza1•ne de Peguy, a publié récemment de M. Drieu La Rochelle une sorte de confession, très émouvante dans sa forte sobriété d'un combattant de la grande guerre, qui ~ pose, avec une augoisse vraiment pathétique cette question: quelle est, daus l'état actuei du monde, la « mesure de la France •? Et en voici !es titres de chapitre, qui à e1,1x seuls, en disent déjà lo.ng: Le relou/ du soldaL; le crime cl la loi; le crime nous aliène les l,01m11eset [es dieux; l'espril troublé; la France au milieu du monde; les palries el l'avenlm·e 111oderne;le ciloyen du monde es/ inq«ieL. .. Le cri,ne et la loi; le cri111e nous aliène ]es hommes et les dieux : quel est clone ce crime français dont 111. Drieu La Rochelle semble obsédé? • lf>rs des pennissious, écrit-il (U11e saison de I-oot-ball, p. 130) lesi Français s'en allaient, marqués du signe de l'égarem.e.ut, comp!oter dans leur ht l'assa&,-iuat des eufants dont la multiplication pourta.nt pcuvait seule justifier les sacrifices personnels qu'ils prodigu.aient pour maintenir le nom de letu· ra<:e. L'héroi°sme du Français, pendant cette guerre, n'était-il que le choix du plus beau suicide »? Voilà le m.ot Jiìché; ce c1-im.eest un suicide : les Français ne font plus d'enfants, les tables de la natalité française m.arquent une sinistre et constante décroi1Ssance la victoire n'a pas an-eté ce decrescendo dé'. mographique, au bout duqnel, s,i rien ne l'ar. rete, c'est vrai111e.11t le suicide, dans tonte la force du term~. Et cependant, il y a des França1s (1) qU11revent d'hégémon·e françai<e en Europe, et qui songent très sérieusement à rétablir la France dans sa prépotence européenne, telle qu'elle a pu exister atDcXVII et XVIII siècles, quand la France était le pa?s le plus peuplé de l'Europe et avait, au pomt de vue démographique, l'importance que l' Allemagne a aujourd'hui. Et voilà la contradiction vraiment tragique de la situatiou fra.nçaise actuelle da.ns le monde : darn; un corps qui semb1e épuisé, l'ame française continue :ì faire des reves de grandeur et refosc d'ab<liquer, de :renoncer, d'accepter la déchéance nationale que semble impliquer par une co.nséquence fatale, l'épuisement de ce corps ... Le XIX siècle a vu deux peuples coustruire leur uuité et s'avancer sui la scène de l'histoire avec i1Il prodigieux élan vita! : l' Allemagne et l'Italie, avec la Russie inépuisable réservoir humain, voilà !es troi~ grands peuples prolétariens, au sens etymologigue du mot, de l'Europe actuelle. En face de ces trois peuples dont l'essor démographique est formidable, et sans parler de l' Angleterre, qui, réfugiée dans sou ile n'appartient pas en somme pleinement a~ système eurcpéen, mais est presque exlraeuropéenne, entrainée dans le cycle anglosaxon dont l'a."'.e est _passé en Amérique, la France ,avare de naissa.nces, préfèrant soidisaut la fine qualité à la grosse quantité, pays de moyenne prnpriété, de moyenne bourgeoisie, de fonctionnaires, pays de célibataires, de ménages sans enfant ou de fils uniques, pays de bourgeois-gentilhommes et de prolétaires·-bourgeois, la France se cabre _<l;i-nsun_orgueil de noble déchue, fait de -va.mt'; bourgeoise et de fierté ari.stocratique, e~ pretend faire graviter la politique mondiale autour du problème de sa securité. M. Drieu La Rochelle·ue veut pas néanmoius désespérer. Et il écrit : « Mais en dépit de mon parti-pris passionné, douloureux de pessimisme, ailleurs des Français reconqueraient dn t~rain, renforçaie.nt notre prise sur ce domaine de l'espace, où une nation (1) La va.nité 11a.tionalcfrançaise est un phénmnè11e assez récent dans l'histoire de France ainsi que 1 'a moutré 1'1. de Gobineau dans ui{ article i11éditpublié dans le premier numéro de la nouvelle revue E1wopeJ article qui est, entre p~ren~hèses, un petit chef d'ceuvre d'analyse h1sto11queet sociale .C'est avec le Roi-Soleil qu~ la France a commencé de se croire naivernent et 111s11pportabkmentla Nation•Solejl, celle auprès de qu1 pfihsseut tous les autres astres nationa.ux; au XVIII siècle, nos ra-isonneurs et nos_pl,ilosophes font la loi en Europe et la vanité natio?al~ en est encore 3:ccrue; puis ce furent les v1ctoires de la Révolut10net de !'Empire qui donnent au peup,Ie frança1s cette conviction outrecuidante et superbe qu'iì est in1Jincible; 1870 a été une blessure des plus cuisantes pour cette sotte vanité, et la Victoire de 19_18 n'a pas paru, à beaucoup de nos chau.1Jins intégraux, assez cuisa.nte et assez humiliante pour le sale boche qui s'était permis de nous battre en 1870: il aurait fallu al!er à Berlin, et !'on n'a pas d'aillcurs renoncé à y aller ! De sorte que, légitim.istes ott démocrates ott bonaparti&tes, tous le~ _Français communient dans cette espèce de relig•on fra11• çaise qui 11'est plus du patriotisme, 1nais je ne sais quelle fat,,ité nationale parfa.itement odieuse, riclicule et stupid~. V 1nob1a LA RIVOLUZIONE LIBERALE LA FRANCE assure le large fondem.ent sans )eque! sa vie ~rituelle s'étio!e. et meurt. C'est ce qui emerve1lle !es U1J]hers de spectateurs animé d'une chaleureuse bienveillance pour leur race, qu.i. depnis la guerre onl vu se lever ",ne nò·uv~lle _Fran~e sur !es lerrains de sport. Elle est .91 sarne, s1 souple, si tenace, si cohé. re.nte que ce serait blesser la raison de ne pas croire que tous ces jeunes corps vainqueurs sont une sfire promesse de vie et qne le destin assurera leur multiplication ». Celte 1101welleFrnnce sp01·live sera-t-elle prolifique? Voilà la question, et, en transcrivant ce pieux désir que le deslin en assure la multiplication, l'autenr lui-meme ne semble pas encore très sfir de son fait. .. au risque de blesser la raison elle-meme. Hélas, je ne crois pasque ce goul nouveau des sports, né peut-etre surtout de ce besoiu vaniteux qu'ont !es Français de ne se laisser distancer par per son ne (la France écrit M. Drieu La Rochelle, ne clemeure 'jamais longtemps sans le désir cl'égaler la grandeur que vient d'atteindre un peuple voisin) et si heureux que ce goC:t soit en lui-meme comm.e une réaction sai.ne à uu intellectualisme idéaliste plutéìt morbide, puisse, à lui seul, changer le cours clu deslin français : c'est l'économie française qu'il faudrait bou. leverser, révolutionner, car elle est essentiellement malthusienne. La France de l 'Ancie.n Régime était prolifique : la France bourgeoise est malthusienne : voilà le fait. Faut-il en accuser uuiquem.ent le Code Civil égalitaire et la liberté de lester, comme la réclame l'école de Le Play, redonnerait-elle aux Français leur ancienne prolificité? Il est permis d'e.n douter (1); uos prolétaires, qui n'o.nt pas de propriété à partager, sont devenus aussi -ma!Lh-usiens que nos bourgeois ou nos paysans. Tous nos Fra.nçais se sont fait une conception de la vie qui exclut, comme une sottise, une grave imprudence morale, un crini.e presque, en tous cas comme une sorte de l.apinisme bestiai, le fait d'avoir beaucoup cl'enfants. C'est là, maintenant, une conviction bien ancrée dans la tete de ]'immense majorité des bonnes gens de France et que, seules, ne semblent pas e.ncore partager quelques familles catholiques, qui, héroi°quement, se consirlérent encore co=e devant, par religjon, etre fécondes. E.ncore la Bret~gne, qu'.. 011 cite toujours comme une prov:1;0cerestee prolifique parce que calholiqiie a-t-elle une tare, l'alcoolisme, qui explique peut-etre autant cette prolifìcité que !es croyanc~ religieuses persistantes ... La civilisation antique, dit Renau quelque part, a pér~ par paucité ; il y a tout lieti de crailndre que la civilisation française, cette civi]isation si orgueilleuse d'elle-meme, ne périsse pour la meme raiso.11. La France est essentiellement une arislòcratie bourgeoise, et, comme toutes les anstocraties, elle périra par insuffisance d'aprports nouveaux et tarissement intérieur ... M. Drieu La Rochelle se pose d'ailleurs la question de savoir S[ cette m.esiire de la France ne serait pas profonde sagesse : "A ceux q11;11 font le procès de la France écrit-il 0.11ne peut laisser croire qu'ils fo~t seule~ me.nt le procès de la faiblesse. Dans sa négligence à suivre ses rivaux, il y a eu autre chose qu,e de la paresse, il y a eu de la méfia.uce, un recul instintif. Ce long attentat que nous perpétrons contre l'instinct de l'espèce, ce choix que nous avons fait d'une demi-stér~lité dans l'ordre de la chair cela ne se prete pas à uu jugement sommai1:e. La raison s'offre à nous justifier, elle qui tour à tour redresse la nature ou mena.ce la vie. Peut-on SallSIréserves reprocher à la France qu,iln'a pas fourni il y a si longtemps le formiclable effort de la Révolution et de la Constructiou Impériale, de n'avoir pa.s fa,it auta.nt d'enfants que l'Allemagne, qui a eu tant ùe peine à se remetti·e de la guerre de Trente ans. Je dois admettre que !es peuples sont couscients, pu:Ì!squeje !es tiens pour respo.nsables. Je pourrais donc dire ejue nous nous sommes arretés par sagesse dans la voie d'une folle concurr,ence: on ne peut pas multiplier l'Enropéen co=e l'Orie,ntal. Nous ne so=es pas des coolies. On ne peut pas produ.io·e indéfiniment des ouvrier& et des soldats » (p. 76-77). (1) Je lis_da?~ /es LetLre~ (N• du r.er Mars) ces réfiexwns Jud1c1eusesde Re":é Johannet, p. 458: « Un des pays les plus prohfiques de l'Europe Ja Pologne, est régi par la meme loi successoral~ que la France néo-malthusienne. On se fait souvent, cbez. les profanes1 des idées très siugulières sur notre ancien dro_it.On parle aiusi souvent du droit d'aìnesse. Or il ne jouail que poU,r u,ne tr~s petite minorité de la nation. Il fallait pour qu'il intervtnt que non seuleme-nt l'hédtier, mais la terre fussent nobles1 c-onùitions qui ne s 'accouM p.lai.ent pas touj9urs ,ta.ut s'en faut. Qtt.ant mc, droit de tester, il n1 existait qtt.e da.ns le ·1nidi de la France, là où prévalait le droit ron1a.i11 1. Donc la panacée du rétablisseme11tdtt droit cl'a!nessc so_us la form: de la liberté cle tester s'a vère parfa1tement Ya111eet illusoire. l., Je crois qu'ici, M. Drieu La Rochelle a mis, comme on dit, dans le mille. lei, en effet, se heurtent deux conceptions métaphy. s1ques fondamentales, la première selon laquelle la qualité sort de la quantité, et la seconde selon )aquelle à la quantité il faut préfércr nettc:ment et systématiquement la qualité : non mutla, sed mullwm.. Mesure de la France : le génie français est essentiellement mesuré, po.ndéré, moyen, bourgeois fait de sage économie, de prévoyance, de pr~ dence; le pullukment choque notre raison, ce,mme une rnarque évidente d'imprévoyance, d'étourderie, que dis-je, de beslialilé. Cela nous dégoiite; nous en avon.s d'avance la uausée : nous ne sommes pas des Orientaux, M. Drien La Rochelle <lit le mot: des coo1ies. Et dans la haine que le Fraoçais a pnse du Boche, il y a le mépris pour l'etre bestiai, qui pullule stupidement, comme le _Chi.nois; lui, Français, vrai Occidental, gu1ntessence méme d'Occidental et en qui la sagesse de Minerve s'est tonte retirée, il n'a pas les mocnrs de ces demi-Orientaux, que sont restés ces Boches et ces M oscoviLes... • On ne peut pas produire indéfininie.nt des ouvriers et des soldals •. L' Allem.agne, peuple de soldats et d'onvriers, peuple mi]i. taire et prolétaire; la France, peuple de paysans moyens propriétaires et de moyenne bourgeoi9Ìe ... Quand, en Aofit 1914, la France a senti sur son corps ce pullulement germanique, cette founrmil:i.ère sortie de son ten-ier pour lui courir dessus en rnasses innombrables et compactes, et qui semblaient infinies, elle éprouva comme un haut-lecorps, une sorte d'horreur physique la saisit, et elle se raidit c4ns u.ne résistance tetue, où elle escompta avec une sorte de désespoir dégouté et rnalgré tout optimiste que sa raison mesnrée et qualitativement supérieure aurait :6.nalement le dessus sur ce nombre bruta! et stupide qui s'abattait sur elle. La civ.iJisation industrielle, cette civilisation qui exige de grandes ma..<aSesd'ouvriers, de "fourmis travailleuses • de « coolies », cette civilisation où la qua.ntité triomphe grossièrement de la qualité, n'est pas le fait de nos Français, dont l'économie est restée, en pré. domiuance, rurale, et qui son.t trop art.istes pour aimer ces grosses ceuvres de la grande i.ndustrie moderne, dont le caractère· massif et colossal leur parait essentiellement antiesthétique. Je lis dans le cahier de M. Drieu La Rochelle l' expression v,iolente et amère de ce dégoGt : • Les capitaines d'industrie qni <lirigent !es démocraties plus on moins médiatement, par !es avocats d'affaires, ]es experts et !es journalistes; ]es dictateurs commu.nistes flanqués de techniciens bourgeois, sont !es memes tetes; sous des bonnets blancs ou rouges ... Tous se promènent satisfaits clan cet. enfer incroyable, cette illusion énorm.e, cel univers de camelole, qu'est le monde moderne, où bientéìt plus une lueur spirituelle ne pénétrera ... Nous nous valons tous, nous somm~s tous les memes, tous actionnaires de la Société moderne industrielle au capita! de mJ,lliards en papier et de milliers d'heures de travail fastidieux et vain. Que ce soit à Kharkov, ou à Pantin, à Shangai ou à Philadelphie, c'est la meme chose, n'est ce pas? partout on travaille en grand dans le carton-piìte et le fer blanc. Lénine àans son Kremlin songe-l-il à mie mare a!Jaire que cel/,e qui occupe Stim,es ou Schwab? Le meilleur rendement • (p. 90-91). Le monde entier est emporté dans un vertige industrie! et capitaliste; la civilisation devient de plus ,en plus utilitaire : nous, vieille civilisatiou bourgeoise rurale, nous hésitons à nous lancer à notre tour dall.S ce tourbillon que nos moeurs et nos gof1ts trouvent laid et immodéré, et, d'inst~nct, ou plutot par volo.nté uettement arretée, nous proportionnons nos facultés prolifiques à notre faculté industrielle retardataire et nous restons co=e à l'écart de ce que !'on appelle, peut-etre très prétentieusement, le grand progrès moderne. Nous avons choisi : nous préférnns décidément la qualité à la quantité; que d'autres proliférent et s'industrialisent à outrance; nous, nous restons uu peu. pie de rurau.,, dont l' économie sage et prévoyante, n'aimaut guère !es aventures et les grandes spéculations, préfère dépe.nser moins, que procluire davantage, et pratique systémiatiquement le reslreint ·1·1wral. de Malthus. Nous avons résoln d'une façon très simplè le prnblème de la popalation posé tragiquement par le fameux révérend anglais: au ba.nquet de la vii.efrançaise, il n'y aura pas de bouches en quantités superflues et ruineuses; nos fils uniques ne seront pas des prblétaires, mais de sages bourgeo·is, com.me leurs pères. On aura beau nous dire, (et la guerre aura beau avoir mis daus un relief tragique notre insuffisa.nçe numéi-ique), que cette solution gue nous donnons au problème de la population est infiniment clangereuse, et r,isque de compromettre à fond notre avenir natioual et racial; l'Etat aura beau essayer de galvaniser nn peu notre léthargie prolifique; et des, mo1·aliste3, on des nationali;5tes, ceux. 91 là au nom des bonnes mceurs, ceux-ci an nom de l'i.ntérét uationa.l, auront beau dénoncer véhémentement le péril ; nous restons sourds _à leurs_ appels,. qui n'arrivent qu'à nous fatte sounre et gru n'ébranlent en rien la conviction où nous sommes désormais bien ancrés, que nous avons don.né à un problème complexe et tragique la solution la plus simple, la plus pratique et la plus commode la solution_ par l'abstention, par la mesur; tout ;u motns, et uue mesure si juste, qu'elle depasse surement le but • mais co=e dit Molière, dans la jusle m~sure ~ .ne ]es voit jamais: les, ce _sont_leshommes en géJié- :al_; et les Français, sl pondérés, ont cédé ev1demment sur ce point à ce qu.'on pourrait appeler le verlige de i' économie, la virtuosité dans l'éco.nomie ... On iosistera peut-étre, on dira : prenez garde, Français; vous préfèrez la qualité à la quantité, et vous n'avez saus doute pas tort; mais étes-vous sGrs de conserver méme la qualilé? Ne faut-il pas avoir aussi la quantité pour garder cette qualilé? La qualité s'o~tient par la sélection; mais, pour qu'il y a1t sélection, il faut qu'il y ait quantité; quand, dans un concours, !es candidats se raréfient et n'atteignent mème plus le nombre des places à pourvoir, le niveau du concours, forcément, s'abaisse, et !es places, fut.alement pourvues, le sont de titulaires médiocres. Vous-memes, ne l' oubliez pas, c:est qmmd vous eiites aussi la quantité, c est-à-dire aux XVII.e et XVIII.e siècles, où vous teniez la tete, numériquement, en Europe, que vous eutes la qualité; l'Europe, au XVIII.e siècle, fut française; la culture européenne fut une annexe de la culture fra.nçaise, et ]es armes françaises purent aller jusqu'à Moscou, précisément parce que vous étiez le nombre, et que, de cette abondance, jaillissait, tout n.aturel!ement une qualité supérieure. Le génie, n'est-~e-pas une puissance de vitalité exceptionnelle u.ne sorte d'élan -z,-ital d'une intensité extr~rdiuaire; et, comment, à produire la vie au comine-goutte, avec cette trop sage parcimome, en entravant ai11Sisystématiquement l'élan vita! et créateur, cela n'amènerait-il pas une raréfaclion du génie lui-méme? Si l' on faisait une statistique sérieuse à ce point de vue, peut-etre trouverait--Oll que preque tous les gra.nds génies sont issus de familles nom.breuses. Con.fiance dans la vie, optim.,sme robuste, bardi~ créatrice - voilà !es qualités qui font le génie - et non cette avarice un peu sordide, ce reslreint, qui ne peuvent aboutir qu'à 4 mediocrité bourgeoise et, finalement, à la nullité. L'art d'un Debussy, sans doute est exquis et rafliné, mais co=ent le c~mparer à un Beethoven ou à un Wagner, dont la nchesse, la puissance, la luxuriance de sèves, sonf celles, non du talent mais du génie dans tonte la force du terme? Un Flau. bert est un artiste consommé, mais comment pourrait-il soutenir la confrontation avec un • Dostoiewski? Chez !es mcilleurs ·de vos artistes, il y a comme une secrète impuissance et il s'en dégage comme un ennui subtil et morte], où l'iìme se déssèche; ce sont des ·mlellecluels q-u.intessenciés, mais ce ne sont pas de grandes ames religieuses; leur ,irt est de ~énacle, ce u'est pas le grand art; et vos art1stes, loin _dupeuple et de l'lt,vie, s'en. fermen t, pess1m1stes et désolés, dans une sohtnde terni,blement stérilisante • aussi cent trente ans aprèSl votre grande 'Révol;,,lion.. o.n vous voit par un recul inouiJ et une sorte de gageure de réactiou utopique et désespé- . rée, prendre la tète en Europe de la ContreRévolution !• Mesure de la France: cette mesure apparait décidément comm.e une mesw::e tonte alexandrine. Or, Nietzsche nous !'a ensei- · gn_é: Apollo.n lui-meme, sans Dionysos, v:01tsa force s_etarir, et tombe dans l'égyptic1sme; sa ra,i,sonet sa mesure ne sont plus que stérilité, jusqu'au jour où un p1111Ssant fin."'.dionysien vient redonner la vie à cette sagesse momifiée. La France, en refusant de donner à ses facultés prolifiques et industrielles tout Jeur essor, se condamne à une ''.i";ralentie, bientéìt trop rairéfiée, ·où la qua. hte elle-meme va se perda.nt, et, finalement c' est le suicide. (conlintw). E. BERTH. PIERO EiOBETTI- Editori::! T□ RIN □ - Via XX Setlembre, 6□ . ìVIentre Nazio,!alfascisnio di Lu.io-i Salvatore Ili giunge al III nugliaio annunciamo~ai lettori che IL fascismo di M. Vinciguerra, Gerarchie sindacali di U. Formentini, Badoglio a Caporetto di N. PaI?afava, Dal bolscevismo al fascismo di P. Gobetti_, Il prablema italiano di A. Di Staso sono esatmtl e. non potremo soddisfare le molte riclneste pnma del settembre. Qualche copia rimane presso i librai. • ·A chi ci manda cartolina -vaglia di Lire 16 spediremo: L. Salrntorelli: Nazionalfascismo . . G. Stolti : La Basilicata senza scuole P.. _Gobetti: La filosofia politica. di k1/tono lilj,eri ... L. 7,50 L. 6,oo L. 6,w

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