Il piccolo Hans - V - n. 20 - ottobre-dicembre 1978
d'aller plus loin, lui reprocha d'etre son meurtrier, de l'a voir trompé; puis des larmes de rage et de fatigue roulèrent sur ses joues enflammées; ,il était courbé par la douleur re naissante de la marche, et son gosier lui ,semblait coagulé par la soif du désert. Le guide, immobile, écoutait ses plain tes d'un air ironique., tout en étudiant, avec l'appairente in différence des Orientaux, les imperoeptibles accidents de ce sable presque noiratre comme l'est l'or bruni. - Je me suis trompé, reprit-il froidement. Il y a trop longtemps que j'ai fait ce chemein pour que je puisse en reconnaitre les traces; nous y sommes bien, mais il faut encore marcher pendant deux heures. - Cet homme ,a raison, pensa Montriveau. Puis il 1 se remit en route, suivant avec peine l'Africain impi toyable, auquel il semblait lié par un fil, comme un con damné l'est invisiblement au bourreau. Mais les deux heures se passent, le Français a dépensé ses dernières gouttes d'é nergie, et l'horizon est pur, et il n'y voit ni palmiers, ni mon tagnes. Il ne trouve plus ni cris ni gémissements, i,l se couche alors sur le sable pour mourir; mais ses regards eusisent épouvanté l'homme le plus intrépide, il semblait annoncer qu'il ne voulait pas mourir seul. Son guide, comme un vrai démon, lui répondait par un coup d'ceil calme, empreint de puissance, et le laissait étendu, en ayant soin de se tenir à une distance qui lui permit d'échapper au désespoir de sa victime. Enfin monsieur de Montriveau trouva quelques for ces pour une dernìère imprécation. Le guide se rapprocha de lui, le ragarda fixement, lui imposa silence et ,lui dit: - N'as-tu pas voulu, malgré nous, aller là où je te mene? Tu me rieproches de te tromper; si je ne l'avais pas fait, tu ne serais pas venu jusqu'ici. Veux-tu la verité, la voici. Nous avons encore cinq heures de marche, et nous ne pou vonc plus retourner sur nos pas. Sonde ton coeur, si tu n'as pas assez de courage, voici mon poignard. Surpris par cette effroyable entente de la douleur et de la force. hu maine, monsieur de Montriveau ne voulut pas se trouver au-de.ssous d'un barbare; et puisant dans son orgueil d'Eu ropéen une nouvelle dose de courage, il se r,eleva pour suivre son guide. Les cinq heures étaient expirées, monsieur de Montriveau n'apercevait rien encore, il tourna veris le guide un ceil mourant; mais alors le Nubien le prit sur ses épau les, l'éleva de quelques pieds, et lui fit voir à une centaine de pas un lac entouré de verdure et d'une admirable fòret, 46
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