Il piccolo Hans - anno I - n.3 - luglio-settembre 1974

me aussi riche que l'expérience religieuse donnée dans ce maximum du savoir qu'est la révélation. C'est en somme dans le fait de me poser l'etre com­ me problématique, l'etre camme inconnu tout entier, et de me jeter dans cette non connaissance, que je trouve une expérience non seulement aussi riche, mais, il me semble, plus riche encore, plus profonde s'il se peut, parce que dans cette expérience je me sépare davantage de l'expérience commune. Je me sépare davantage de cette expérience de la vie profane, où somme toute nous adhé­ rons à des objets qui n'ont sur nous qu'un droit extre­ mement discutable, le droit qu'ils ont acquis du seul fait que nous avons faim, du seul fait que nous pou­ vons souffrir, du seul fait que la peur commande sou­ vent nos actions. Dans l'expérience du non savoir, dont je parie, s'il reste une expérience religieuse, elle est en­ tièrement détachée du souci de l'avenir, elle est entiè­ rement détachée d'une souffrance possible et menaçante qui la commanderait, elle n'es,t plus qu'un jeu. Bien entendu, je suis amené à insister sur le fait que cette expérience du rire est assez loin de l'expérien­ ce commune du rire. Je dois dire d'abord, parce que cela peut sembler assez singulier, que cette expétience peut etre aussi bien détachée de ces mouvements que les médecins décrivent camme je le faisais tout à l'heurlé!. Il est toujours possible de ne pas élargir son visage, et au fond cela ne change pas grand'chose. Tout ce que je puis dire à cet égard, c'est que bien entendu aussi l'élargis­ sement, l'épanouissement du visage, et meme le fou rire font partie de cette expérience, qu'on ne peut pas sup­ poser que cette expérience ne connaisse pas des mo­ ments de fou · rire réel, tels qu'ils sont définis par la physiologie. Mais ce qui me parait autrement important est de préciser que je me sépare de l'expérience com­ mune du rire sur un point tout de meme très important, dans la mesure où je ne comprends plus seulement dans 88