Pègaso - anno IV - n. 12 - dicembre 1932

Lettere inedite di Benjamin Constant al Sismondi 655 je ne me tourmente pas pour moi du retard qu'eHes m'imposent. Ma femme qu'elles regardent est beaucoup plus fachée que moi de ne pouvoi.r pas quitter ce climat qu'elle déteste et qui lui fait mal. J'ai reçu bien deux lettres de notre a.mie, l'une du jour de son départ, l'autre après son arrivée. Sa dernière est du 29 juin. Elle me parle de deux choses ,seulement: des hommages qu'elle rencontre partout, et dont je me réjouis pour elle, et de tout ce qu'elle doit au jeune et géné– reux coeur qui s'est trouvé à ~Ile. Ces déclarations reviennent périodi– quement, ce qui me.fait -croire qu'elles ne coulent pas de source. Mais qua.ud dans quelque leittre elle a laissé voir di:)l'ennui, elle croit devoir réparer par une déclaration bien formelle. Elle m'écrivait dans l'avant dernière qui m'est arrivée en meme temps: - on dit que vous avez demandé si j'étais mariée; ave,z-vous pu croire à cette absurde folie? 1 ). - Enfin je suis hors d'inquiétude pour elle, au moins quant à ses pro– jets. Je crains qu'elle ne s'ennuie déjà: mais l'air est pur et bon, et on ne s'ennuie-t-on pas à présent. Jei .suppose que Fanny a aussi des lettres, sans quoi je lui aurais mandé mes nouvelles, que je vous prie au reste de lui communiquer. Faites-moi le plaisir de me mander où en est le change. Demandez-le à Fanny. Je désirerais beaucoup le savoir et je ne puis ici l'apprendre de personne. Votre ouvrage sur la Littérature du Midi est a.rrivé ici à la Biblio– thèque, mais il ne sera pas en circulation avant mon départ. Le seul abus de cet éta-blissement c'est la tirannie du relieur. Il lui faut 9 mois d'ordinaire pour relier un livre nouveau. La patience allemande s'accom– mode de cette marche qui ne fait que retarder d'environ une année la marche de la littérature à notre égard. Les professeurs sont exceptés de la, règle, parce qu'ils annoncent les livres dans leur gazette littéraire et les reçoiven:t à cet effet brochés, ou en feuille. Bref, je ne verrai pas votre ouvrage ici, ce qui me chagrine. Je lis à l'instant une nouvelle dont j'aime à douter encore. C'est la mort d'Albert en duel2). Les dats n'y sont malheureusement que trop, et le carac.tère aussi. Cependant il y a si souvent de l'éxagération qu'un duel ou une blessure un peu grave a pu occasionner cet affreux bruit. Ce serait une chose bien douloureuse pour ,sa, mère, quoique leurs na– tures se convinssent peu. Mais la mort, comme tout irrévocable, em– bellit ce qu'on perd. Je suis horriblement triste de voir brisé un etre que j'avais vu croitre depuis l'age de deux ans. Je suis arrivé au 6 aoùt, tout en écrivant cette lettre que j'ai été obligé d'interrompre, et qui est restée commencée. Ce 16 aoùt est le dernier jour de l' Armistice. Si on en croit toutes les nouvelles, dès de– main le sang coulera. Nous sommes un peu plus loin de la guerre que nous 1) Dalla relazione fra la Stael e Rocca era nato un figlio nell'aprile 1812, ma essi in realtà non si sposarono che nell'ottobre 1816, e le nozze furono tenute se– grete (cfr. P. KoHLER, Madame de Stael et la Sui_sse'. Lausanne-P~~s, 1916, ~- 609). 2) Alberto de Stael, figlio minore della scnttnce, che, dati 1 rapporti della madre con Bernadotte, era stato accolto nella cavalleria svedese, fu ucciso in duello in seguito a una quistione di giuoco. BibliotecaGino Bianco •

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