Interrogations - anno V - n. 16 - ottobre 1978

FREDDY GOMEZ lable qu'une assemblée (les groupuscules s'y connaissent d'ailleurs très bien, s'y appliquent et y parviennent si on ne leur oppose pas une organisation capable de contrecarrer manoeuvres et de présenter des alternatives anti-bureaucratiques). Le conseillisme, ensuite, tend à renforcer - objectivement - un certain corporatisme hérrité de 40 ans de dictature, en développant un « patriotisme de boîte » ou de branche, face aux conceptions globales concernant la classe entière. Le conseillisme, encore, reste souvent prisonnier de ses schémas et, fétichisant l'assemblée souveraine, en arrive à défendre des positions aberrantes, pouvant provoquer de véritables scissions dans la CNT. Cela s'est, par exemple, produit dans la CNT du Levant, spécialement chez les métallurfistes et les ouvriers de la construction navale, certaines sections de la CNT adoptant les décisions de l'assemblée souveraine de participer aux élections syndicales alors que l'ensemble de la CNT s'était prononcé pour le boycott de ces mêmes élections. Par réaction, un autre secteur de la CNT (les « syndicalistes purs ») en arrivent à défendre des positions extrêmement rigides: appui exclusif aux sections syndicales CNT, rejet pur et simple de l'assemblée. Là encore, comme pour les « assembléistes », il s'agit de positions extrêmes, empreintes l'une comme l'autre d'un fort sectarisme. Entre les deux semble de dessiner - sur ce point comme sur d'autres - une position intermédiaire tendant à rendre à l'assemblée son rôle fondamental (la décision souveraine) et à la section syndicale le sien - non moins fondamental - (la capacité d'animer et de faire des proposi tians générales, et non seulement sectorielles). Dans cette optique, l'assemblée et la section syndicale se présentent comme des réalités convergentes - et non antagoniques - permettant l'expression d'une alternative ouvrière et libertaire au réformisme. Sur ce débat intéressant directement la stratégie de la CNT (27), viennent se greffer d'autres questions extrêmement con- (27) Ce débat a souvent traversé la CNT aucours de sa déjà longue histoire ... Il ne faut pas oublier que, par sa structure, la CNT est une organisation essentiellement « assembléiste » où l'autonomie se pratique à différents niveaux (individu, syndicat, fédération locale et régionale). L'exemple d'octobre 1934 - où la CNT des Asturies, à l'encontre de l'opinion générale de la CNT, signa un pacte révolutionnaire avec l'UGT et participa au mouvement insurrectionnel, sauvant ainsi l'honneur du mouvement libertaire - est encore présent dans les mémoires. 92

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