Interrogations - anno V - n. 14 - aprile 1978

LOUIS MERCIER VEGA Ce qui retient l'attention, c'est que le bric-à-brac des programmes successifs - depuis l'industrialisation totale balayant le passé sucrier jusqu'aux campagnes pour les 10 millions de tonnes de ce meme sucre-, de plans de réforme, d'expériences successives et contradictoires, de 1959 à 1977, revet une claire unité si on les le rattache à la construction et au renforcement d'un pouvoir de fait. L'autre observation majeure, c'est le caractère militaro-politique de la machine da pouvoir, l'interpénétration intime des organes de direction de type militaire et de type politique (et policier). Enfin, une caractéristique de l'expérience cubaine réside dans l'élimination quasi-totale des anci~nnes « élites » des classes moynnes, à l'exception d'une frange intellectuelle, et son remplacement par un bureaucratie recrutéc dans les « bases ». Tant pour le Brésil que pour !'Argentine et le Pérou, le problème centrai pour les pouvoirs militaires est de trouver un allié civil, un appareil d'administration complémentaire. Dans des conjonctures sans parenté, et pour des systèmes dont les pièces sont souvent dissemblables, l'objet de la recherche est cependant commun: doubler ou prolonger le glaive par un encadrement des masses. Le pouvoir militaire se veut sans portage pour les décisions essentielles et pour sa propre souvegarde, mais il ne peut régner seul. Les militaires brésiliens, qui doivent tenir compte d'une bourgeoisie dynamique dans le triangle Sao Paulo-Minas GeraesRio, ont tenté de monter une machine politique réduite à deux partis, avec Parlement de réflexion et d'enregistrement, sans grand succès; mais ils contròlent strictement les syndicats par l'intermédiaire d'une bureaucratie aux ordres. Disposés à négocier pour tous les problèmes économiques, ils refusent catégoriquement l'intervention d'un patronat se présentant comme groupe de pression sur le plan national et revendiquant le portage du pouvoir. Les officiers argentins, qui seraient davantage disposés à composer avec une bourgeoisie, n_e trouvent à vrai dire que des clientèles patronales, avides de crédits, de protections et de commandes d'Etat. Ils tatonnent pour déterminer un type de CGT qui leur assurerait la discipline de la main d'oeuvre, mais hésitent entre la reconnaissance du vieil appareil bureaucratique « péroniste », et l'entente avec les directions fédérales, voire locales. L'ensemble des « dirigeants ouvriers » étant disposés à signer tout programme qui leur garantirait le maintien de leurs privilèges. Quant à la Junte péruvienne, aprés un galop de quelques 80

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