LOUIS MERCIER VEGA caine « institutionnalisée », jusqu'aux theories systématisant la méthode qui donna la victoire au mouvement 26 de Julio à Cuba, ou l'expérience Allende au Chili. Modèles passagers, dont le fonctionnement, l'évolution ou la chute tempèrent rapidèment les enthousiasmes. Malgré leur diversité et leur échelonnement dans le temps, ils sont reconnaissables à quelques traits communs: ils visent à réaliser la Révolution par l'Etat; ils étoffent l'Etat par l'entrée d'un grand nombre de fonctionnaires, dotés de pouvoirs délégués, ou de simples employés clients et dépendants; ils placent le pouvoir d'Etat au dessus des intérets privés et des anciennes couches dirigeantes jugées incapables de promouvoir le développement économique; ils créent une machine pyramidale où l'intervention des bases ouvrières et paysannes est nulle, strictement controlée ou caricaturée. Le Mexique offre le modèle le plus ancien, avec son énorme appareil de pouvoir autarcique, composé des diverses catégories de bénéficiaires du régime, depuis les politiques professionnels jusqu'aux représentants des syndicats, depuis les administrateurs des banques et entreprises d'Etat jusqu'aux clients profitant des retombées succulentes des innombrables interventions et controles dans le secteur privé ou les circuits commerciaux, nationaux ou internationaux. Un danger se fait pressant et peut dérégler une machine qui fonctionne depuis des décennies: le nombre croissant d'étudiants et de diplomés qui menace de dépasser la capacité d'absorption des services publics et parastataux. Là encore, les « disponibles » cherchent à s'imposer en se faisant, provisoirement, les interprètes des catégories sociales les plus déshéritées, ouvriers mal payés et paysans trop nombreaux sur des terres ingrates. Les ripostes portent le plus souvent la marque de l'armée, sur le terrain. Alors que la règle politique demeure sans grand changement, avec la succession de Présidents alternativement « conservateurs » ou « progressistes », tous désignés par un Parti doué du don d'ubiquité et tout puissant. Les cas de l'Uruguay eut pu etre exemplaire. Ce fut, jusqu'en 1960, un W elfare State, un Etat-gateau, avec des services sociaux, un régime de retraites, une législation d'avant-garde, des industries-clés nationalisées qui faisaient l'admiration des démocrates. Une vie parlementaire basée sur les clubs, efficaces agents de liaison entre clientèles et administrations publiques. L'intérieur était entre les mains des grands éleveurs, la capitale - qui comptait la moitié de la population totale - vivait du controle et des prélèvements sur les exportations de viandes, 78
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