Interrogations - anno V - n. 14 - aprile 1978

LOUIS MERCIER VEGA plan de la violence. Ils ne peuvent mettre à profìt que des situations où les Forces Armées sont en crise, affaiblies ou déconsidérées. Ils peuvent espérer « dépasser » une victoire obtenue par les méthodes électorales, en obtenant des militaires qu'ils « suivent » des mesures extremes mais portant le sceau de la légalité. Ils peuvent tenter de gagner à leurs vues une partie des cadres de l'armée, ou s'efforcer de convaincre les officiers généraux ou supérieurs de la justesse de leur cause, en misant sur des formules d'indépendance nationale. Toutes voies difficiles et aléatoires. Dans la pratique, le rapports entre états-majors politiques et fractions pensantes des Forces Armées ne sont jamais totalement rompus. Meme dans des situations où les commandements de troupe étaient fìdèles aux autorités officielles et que des groupes ou détachements terroristes, ou de guérilla, étaient ouvertement en lutte contre ces memes autorités. Au Vénézuela, pendant la décennie 60, en Argentine, pendant les années 70, bien des leaders de formations armées rebelles appartenaient à des familles comptant des officiers de haut rang. Il serait relativement aisé de dresser une liste de guérilleros fìls de gouvern~urs ou de colonels. De meme qu'il faut reconnaitre un~ grande part de vérité dans la formule qui a cours dans les salons militaires de Buenos-Aires: « Il n'est pas un parti qui, un jour ou l'autre, ne soit venu frapper aux portes des casermes ». Outres le fait qu'entre mouvements révolutionnaires animés par des intellectuels et milieux militaires à vocation de pouvoir les relations sont entretenues sur d'autres plans que l'idéologie, il y a lieu d'observer à quel point l'importance des idéologies est discutable. L'utilisation des modes importées, l'emploi de vocabulaires européens ou de techniques de recherche nordarnéricaines ne doivent pas faire perdre de vue ce qui est commun entre courants apparemment opposés. En 1938, les totalitaires d'extreme droite de Gonzales von Marees portent leurs voix sur les candidats du Front Populaire chilien. Des idéologues gauchistes du Brésil manifestent leurs espoirs dans le caractère réformateur du pouvoir militaire lors du coup d'Etat de 1964. Les Montoneros argentins, formés à l'école du catholicisme intégriste et recrutant à l'origine dans les groupes antisémites, se déclarent plus tard pro-castristes, et la dernière «colonne» de l'Armée Révolutionnaire du Peuple (ERP) d'orientation trotskyste travaillera avec eux à partir de 1976... Pour de nombreux activistes, se défìnissant nationalistes, anti-impérialistes, anti-capitalistes, socialistes révolutionnaires, 74

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