CONFLUENCES ET PARTICULARITES LATINO-AMERICAINES pantes ne cessent pas. Entre planificateurs et policiers, entre services de mobilisation populaire et gestionnaires d'entreprises, les motifs de dissension ne manquent pas. L'arbitre sera le Parti, lui-meme centralisé et unique, ou les Forces Armées, parti unique par définition. La conquete de l'Etat, ou la création d'un Contro-Etat, conditionne les formes et le fonctionnement des organisations qui poursuivent ces buts. Elles seront l'Etat en miniature; leur idéologie et leur comportement préfigureront style et fonctionnement de la société pyramidale exemplaire. Les « modèles » sont rares, Cuba excepté. Mais les caractéristiques se retrouvent dans des régimes hybrides. En dépit des apparences voulues, le système de parti unique mexicain connait des luttes intenses entre ses clans civils, ses groupes de pression militaires, ses courants réflètant des intérets de secteurs - industriels, importateurs - ses directions d'organismes financiers, ses équipes technocrates. Les juntes militaires du type péruvien conservent leur cohésion corporative, mais n'en sont pas moins sensibles aux influences des secteurs civils, groupes d'intérets privés, Eglise, organismes d'encadrement, etc. Suivant le degré d'unification, d'expérience et de discipline, les failles sont visibles ou soigneusement cachées. Ce qui est essentiel, c'est la reconnaissance, par tous les groupes participants, d'une solidarité fondamentale, tant pour protéger l'unité qu'exige le maintien du ròle dirigeant, qu~ pour présenter une façade acceptable à une opinion endormie ou muselée. Pour la main mise sur l'Etat, la machine militaire - qui en est partie intégrante - est la mieux placée, car elle dispose du glaive et de l'ensemble des services logistiques et de communications. Les partis et mouvements civils sont moins favorisés, car avant de mettre en oeuvre une technique de prise du pouvoir, ils ont à créer l'organisation dont les branches et rouages préfigurent l'Etat qu'ils souhaitent, et qui pourrait se substituer aux organes directeurs des services publics essentiels. Les difficultés commencent chez les militaires après la prise du pouvoir, car leur forme d'organisation n'est pas conçue pour l'administration générale de la nation. Ils ont donc à chercher et à trouver des organes de pouvoir civil complémentaires, non concurrents, pour la gestion des grandes administrations et l'encadrement des couches sociales participant à la production. Pour les mouvements politiques condidats au pouvoir, l'obstacle premier est précisément leur insigne faiblesse sur le 73
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