Interrogations - anno V - n. 14 - aprile 1978

LOUIS MERCIER VEGA sont bien entendu conditionnées par le caractère capitaliste de la société, par ses méthodes d'accumulation et de prélèvement des plus values, et elles n'échappent pas aux orientations politiques. Mais il possède son poids propre, manifeste des préférences d'ordre stratégique. Les mesures de protection ou de maintenance des couches dirigeantes oligarchiques ou bourgeoises, comme les prises de position des Parlements ou de partis doivent en tenir compte, et s'y adapter. Mème si son importance n'est pas inserite dans les textes constitutionnels, elle est flagrante partout où se posent des problèmes de niveau national ou de caractère international. Elle est due à la présence d'un ensemble de corps hiérachisés, avec des bases nombreuses dont l'existence est indispensable pour que fonctionne n'importe quel type de pouvoir, et qui survit aux changements de régime. L'Etat est inconcevable sauf en fonction d'une société de dominants et de dominés, mais il n'est pas produit exclusif du capitalisme. Son existence et son importance montrent que le pouvoir n'est pas nécessairement lié à un type défini de propriété. Il arrive mème qu'il continue à vivre alors que les structures d'exploitation s'effondrent et que les mécanismes politiques sont paralysés. Il n'y a plus alors que l'Etat comme pouvoir, par armée, police et technocratie. Diversité et tensions L'Etat peut ètre considéré comme une somme de services et organismes favorisant et maintenant les avantages dont jouissent des catégories sociales dirigeantes ou une classe dominante. C'est alors la sanction des privilèges. L'Etat dans ces conditions est dépendant. A regarder fonctionner les diverses composantes des Etats latino-américains, ce caractère instrumental ne parait pas toujours évident. Une série de corporations, les unes passives, obéissantes et au personnel aisément interchangeable. Les autres avec droits de décision, relative autonomie et exigeant, pour leurs cadres, une formation longue et spécialisée. Le tout fait-il unité? Entre le monde universitaire, unifié par son budget, avec son appareil d'enseignement sclérosé par nature (ses nouvelles générations de diplòmés chassant l'emploi, c'est-à-dire souhaitant la promte relève des maìtres ou l'extension infinie de tous les départements), ses dizaines de milliers d'étudiants imaginant une société neuve qui leur donnerait fonctions et prébendes, et la société militaire, faite de fonctionnaires uniformes, 70

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