Interrogations - anno IV - n. 12 - ottobre 1977

Nous avons adopté une attitude négative vis-à-vis du capitalisme, de la bureaucratie, du militarisme et de l'échec inévitable de la politique belliciste de nos gouvernements. Nous avons adopté une attitude positive vis-à-vis de la révolte, de la liberté, et de la créativité. Autrement dit, notre attitude est négative vis-à-vis du positif et elle est positive vis-à-vis du négatif. De la vient que nous aimons la haine et haîssons l'amour. Notre seule norme: que chacun lutte jusqu'à l'extrème contre le monde extérieur au nom de sa propre existence. Nous ne pouvons convaincre la masse, c'est à peine si nous le voulons. Il est incompréhensible que qui que ce soit puisse faire confiance à cette masse de cancrelats, à ce troupeau de Panurge apathique, dépendant, sans esprit. Nos camarades Domela Nieuwenhuis, de Ligt et tant d'autres l'ont essayé, leur postérité l'essaye toujours. Ils n'ont pas réussi, ils ne pouvaient réussir. Nous faisons de nécessité vertu en provoquant cette masse. Nos manières ne veulent pas servir de témoignage, de prophéties, elles ne sont pas toujours idéalistes, mais elle sont provocatrices. Nous sommes pénétrés de l'ineptie finale de nos actions, nous savons très bien que ni le président Johnson, ni M. Kosigin ne nous écouteront. Nous agissons quand-même. Nous n'avons pas honte d'être obligés de faire une impression de destructeurs. Si Dieu a créé cette société, nous faisons bien en nous liant avec le Diable. Pour cette raison, nous ne croyons pas à une méthode de lutte pacifiste. Aspirer le Bien par le Bien, faire comme si le mal n'existait pas toujours et partout, c'est penser d'une manière trop rectiligne et trop bornée à nos yeux. D'ailleurs la révolte pacifique en Europe (contre la Bombe atomique par exemple) a eu peu d'effet, par ce que le succès de cette méthode dépend trop d'une participation de masse et d'une opinion publique favorable. Si la révolte de Ghandi a pu porter des fruits, c'est parce qu'il était soutenu par la masse, une pareille révolte, une telle manière de lutte ne peut être utilisée qu'accidentellement par nous, car nous ne sommes pas soutenus par la masse et nous ne le serons jamais. * * * Sommes nous des révolutionnaires? Sommes nous les fondateurs d'une société nouvelle? Croyons nous à l'anarchie? Si seulement nous avions la possibilité d'être révolutionnaires! Mais le soleil se lèvera à l'ouest avant que la révolution n'éclate en Hollande! Si nous habitions l'Espagne ou la République Dominicaine, nous serions sans aucun doute des révolution44

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