PROVO EN BELGIQUE tent occasionnellement la main pour un déménagement, des travaux de peinture, font des traductions, donnent des leçons. D'autres font la manche, avec guitare, ou dessins, ou poèmes ... Dès qu'un groupe s'organise au point de pouvoir sortir une revue, un autre problème se pose: l'arrivée des fugueurs, déserteurs, ou des parasites (pseudo-déserteurs, faux beatnicks, soi-disant anarchistes, petite pëgre). Il faut aider les uns et se défendre des autres. En général, la revue provo est ronéotée. Si le contenu varie suivant le groupe éditeur, il y a rassemblance dans la présentation. Elle contient les communiqués du groupe provo local, des nouvelles de la ville, des informations des autres groupes provos, des textes sur les événements internationaux, des articles développant les thèmes des happenings en cours, et aussi des textes littéraires, de la pop musique, du rock, les paroles de chansons engagées (Donovan, Dylan, Joan Baez, Boris Vian, Ferre Grignard), des bandes dessinées, des caricatures. De plus, les communiqués des petits groupes qui présentent des alternatives au fonctionnement de la société capitaliste: communautés, imprimeries, ateliers de sérographie, librairies, points de vente de « Free Press » (presse libre), disques pirates, coopératives d'achat, crèches anti-autoritaires. Et enfin des informations pratiques: comment fabriquer une bombe fumigène, que faire en cas d'arrestation. Parfois une étude écologique. Plus rarement une étude sur un « ancien » de !'Anarchie (Bakounine-Kropotkine). Peu d'analyses. Des faits, des informations. Beaucoup d'ironie. Un balancement continuel entre la gaité, le ludique et l'angoisse. L'angoisse de la menace atomique et de l'autoritarisme croissant des pouvoirs. Espoir de créer une société libertaire nouvelle, désespoir devant la puissance du système. Dès le début de leur action, les provos savent qu'ils ne l'emporteront pas dans le combat qui s'engage. Pour eux, il n'y a de choix qu'entre une révolte désespérée et la résignation face à la catastrophe finale (guerre atomique, dictature), à la manière du« meilleur des mondes» de Huxley. C'est pourquoi ils choisissent l'action, même si elle semble absurde, car il serait encore plus absurde de ne rien tenter. Le seul espoir du provo c'est l'anarchisme. l\fais cet anarchisme doit être rénové pour être transmis aux jeunes. Les revues provos ne respectent qu'un seul copyright, celui de !'Underground Press Syndicate, fondé aux USA en 1967. Le copyright est un des pires aspects de la propriété. Or, la 37
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