KAN EGUCHI comiite ce fut le cas par exemple aux universités de Tokyo et de Nippon, il existait bien entendu des expressions d'enfants gâtés. Le reproche général portait sur le fait que les étudiants appartennaient à une génération qui n'avait pas connu la faim, qu'ils avaient été élevès dans une ambiance familiale agréable, avec une mère déchargée des gros travaux et un père ayant abandonné la rigoureuse morale d'antan. Les jeunes trouvaient des emplois bien payés et leur pouvoir d'achat était élevé, avec un crédit toujours ouvert. Si bien que ce total de facilités marquait le mouvement étudiant lui-même: mode davantage que buts précis, occupations de locaux sans objectifs clairs, affrontements avec les forces de police comme jeu, évacuation des lieux par intervention policière considérée comme-fin honorable ... Ainsi jugeaient les adultes. * * * A cette description en blanc et noir du mouvement des années 67-69, il faut cependant ajouter d'autres traits. Un élément remarquable est apparu au cours de la dernière phase du mouvement ascendant, c'est-à-dire vers la fin de 68 et au début de 69. C'est la participation, surtout aux universités de Tokyo et de Nippon, de nombreuses individualités, extérieures aux directions politiques, qui se sont efforcées de poursuivre sérieusement les objectifs fondamentaux des luttes, et cela sans aucune arrière-pensée de clan. On les a appelé « Radicaux nonsectaires ». Pendant quelque temps ils devinrent majoritaires et les sectes se diluèrent. Les radicaux nonsectaires ont monté une organisation du mouvement sans précédent. Leur Zenkyoto (comité de lutte commune de toute l'université) n'avait ni direction ,fixe, ni membres permanents, ni ligne de conduite décidée une fois pour toutes. C'était une forme d'action solidaire des individus décidés à lutter ensemble. Les décisions étaient prises après discussion ouverte entre tous. Chaque jour l'organisation était dissoute et reconstituée. C'est ce mouvement sans organisation permanente qui a radicalement mis en cause la société d'aujourd'hui, l'université actuelle, et qui a élargi le combat des universités de Tokyo et de Nippon à l'ensemble des universités. Il a disparu à peu près en même temps que l'essoufflement gagnait le mouvement. Seules les sectes « maigres » ont subsisté. Mais ce sont les radicaux non-sectaires qui ont annoncé le processus de la révolution à venir. Ils ont avancé l'essentiel de la réponse à la grande question: « comment construit-on 26
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