KAN EGUCHI En second lieu, la sensibilité était aiguisée du fait de l'intensification de la guerre du Vietnam. Par le traité, le Japon était engagé dans la guerre, de fait, car son territoire servait de base de ravitaillement pour les forces américaines. D'autre part, Okinawa, archipel situé à l'extrême sud du Japon, sous autorité des Etats-Unis depuis 1945, était utilisé comme base pours les bombardiers allant au Vietnam. D'où un fort sentiment d'hostilité contre la guerre et contre le traité. De plus, les luttes se développaient dans le mépris pour la gauche traditionnelle. Les centrales syndicales de gauche et les partis de gauche (Parti Socialiste et Parti Communiste) ne manifestaient aucune volonté de combat sérieux contre le traité et ne croyaient pas possible d'en empêcher la reconduction. Ils organisaient des manifestations paisibles pour sauver les apparences. Les centrales syndicales de gauche étaient manœuvrées par celles droite. Par crainte de voir la «politisation» des luttes provoquer la désunion, toutes le centrales ont cherché à maintenir leurs organisations intactes. Le P.S. en perte de vitesse au Parlement, ne songeait qu'à éviter la perte de voix. Le P.C., qui s'était renforcé a l'Assemblée Nationale, modérait son opposition au traité pour ne pas effrayer ses nouveaux électeurs. En résumé, la vieille gauche ne menait qu'une politique verbale et n'a pas participé aux luttes à partir de 1967. Enfin, un élément important découlait de l'insatisfaction des étudiants universitaires, face à l'autoritarisme et à la bureaucratie de l'administration et à l'ennui des cours. Les professeurs se conduisaient en despotes, s'ingéniaient essentiellement à conserver leurs droits féodaux, esquivaient toute responsabilité quand les étudiants étaient victimes de la répression (sanctions, interventions policières, attaques des éléments de droite). Il y a donc deux moteurs au mouvement: le politique d'abord, l'universitaire ensuite. Motifs différents dont le mélange a conduit à une découverte commune: une société autoritaire qui s'oppose à l'autodétermination des masses et contraire ou manipule leur volonté. Là où se menaient les combats, c'était la rue et l'université, avec meetings, manifestations, jets de pierres, cocktails Molotov, affrontements avec la police, actions de guérilla, blocage des routes ou du chemin de fer, incendies de voitures, attaques de postes de police. Dans les batîments universitaires: discussions dans les amphis, assemblées, occupations 22
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