Interrogations - anno IV - n. 11 - luglio 1977

• • interrogations Hors-jeu international et Jeu internationaliste 3 Compromesso storico, lotta armata e nuovo dissenso 14 The Ulster Conflict - part 2 34 DOCUMENTO: Euzkadi frente al Estado español 77 DOCUMENT: Le Groupe Social pour le Respect des accords d'Helsinki en URSS 120 11 LUGLIO / JUILLET JULIO / JULV 1977 SANTIAGO PARANE AMEDEO BERTOLO DAVE MANSELL

e,

Hors-jeinutemationetal jeuinternationaliste SANTIAGO PARANE (*) Le mouvement anarchiste se montre particulierement discret dans ses analyses des relations et des conflits internationaux. Ses publications périodiques ou ses livres ne traitent que rarement, ou tres circonstanciellement, des problemes de politique étrangere. 11 existe certes un certain nombre de príncipes généraux - contre tous les impérialismes, contre les nationalismes, contre la guerre, contre les armements -, rituellement répétés, qui planent quelque peu au dessus des événements, des tensions ou des guerres lointaines. Cette répétition économise l'observation des faits et leur interprétation, plutót qu'elle n'y invite. Ce silence et ces généralités présentent un danger sérieux, celui de voir le quotidien, fait de désinformation et de propagande, modeler progressivement les réactions des militants et conduire a ce qui leur comportement pratique, face a des situations de fait, diffiere de leur convinctions affi.chées, ou les contredise. Le piege du choix, identique en fin de compte a celui qui fonctionne si souvent pour les questions sociales, réside dans l'exploitation des sentiments pacifistes et internationalistes a des :fins guerrieres ou impérialistes. 11n'est pas question d'appeler les libertaires a s'engager dans une lutte entre régimes d'exploitation ou entre Etats visant 'a l'hégémonie régionale ou mondiale. 11 est plus intelligemment, et plus utilement fait appel aux sentiments anti-autoritaires, aux convinctions antitotalitaires, aux nécessités de la défense de conquetes ouvrieres, des libertés acquises. De meme qu'au nom des valeurs dont se sert la « gauche », il est demandé non de participer aux regles (*) Militant chilien. CoUabore a la presse Ubertaire internationale depuis une trentaine d'années. 3

SANTIAGO l¼RANE parlementaires, mais d'empecher - par le vote - le triomphe d'un candidat de •« droite ». Ou de faire bloc avec ceux qui défedent le « progres » contre ceux qui s'accrochent aux pri- · privileges du passé. Le procédé donne des résultats. Il faut reconnaitre qu'il n'est souvent pas besoin de le mettre au point du dehors; il surgit spontanément, au sein meme des milieux anarchistes. Ainsi le Manifeste des 16, en 1914. * * * La prise de position des Kropotkine, Grave, Malato, Mella ou Moineau n'est pas exceptionnelle, ni conditionnée par une situation unique. On la retrouvera, sous un autre langage, en d'autres con,ionctures, en 1936 en Espagne, en 1939, comme on pourrait la détecter aujourd'hui meme. Tout au long de la guerre civile espagnole en effet, l'idée d'un « camp démocratique » favorable a la République a été défendue, propagée, par les adversaires de la revolution sociale - republicains bourgeois et staliniens -, mais elle a pénétré jusque dans nos rangs. Et elle s'y est maintenue. Sans discussion. Dans l'équivoque. Ainsi, des le début de la deuxieme guerre mondiale, un homme de la taille du Rudolf Rocker a pu parler du Commonwealth britannique comme d'une « communauté de peuples libres » ... Mais remarquons qu'entre les affirmation pacifistes, cri jeté sans aucune considération pour les données ou les perspectives de la réalité visible - le tract lancé par Louis Lecoin « Pour une paix immédiate » en fournit un modele - et les plaidoiries justificatrices de ceux qui se rallient a un camp, il existe surtout un immense no man's land d'ignorance et de sclérose mentale. Malgré les nombreuses expériences, la somme de connaissances acquises et entrées dans notre mémoire collective est maigre. II y eut, pendant la guerre 14-18 des manifestations de la pensée et de l'action anarchistes qui témoignerent de la lucidité et du courage des compagnons. II y eut Zimmerwald et cent exemples de la présence libertaire. De 39 a 45 il n'y eut pas grand chose qui ressemblat a cette ténacité audacieuse et prometteuse. A quelques exceptions pres. L'une collective: l'équipe de War Comentary a Londres. Les autres, individuelles ou a partir de petits noyaux, celui de l'Adunata dei Refrattari étant le plus solide. Le reste bascula dans l'illusion sanglante, le silence ou l'accomodement. 4

JEU INTERNATIONALISTE * * * En pleine guerre, sous les bombes, l'effort de connaissance des éditeurs de War Comentary (succédant a Spain and the World) ne cesse pas. Avant toute chose, il s'agit de ne pas se laisser entraíner par les torrents de mensonges, accompagnement naturel des haines et des combats. Un effort qui pourtant ne s'imagine pas triomphant. Tout est difficile, lent, incertain, précaire. Marie-Louise Berneri, qui, avec Vernon Richards et l'équipe de Freedom Press, anime le journal, le dit explicitement: ·« Nous ne pouvons batir avant que la classe ouvriere ne se débarrasse de ses illusions, de son acceptation des patrons et de sa foi dans les chefs. Notre politique consiste a l'éduquer, a stimuler ses instincts de classe, et a enseigner des méthodes de lutte. C'est une tache dure et longue, mais a ceux qui préferent des solution plus simples, comrne la guerre, nous soulignerons que la grande guerre mondiale' qui devait mettre une terme a la guerre et sauver la démocratie, n'a produit que le fascisme et une nouvelle guerre; que la guerre présente provoquera sans nul doute d'autres guerres, tout en laissant intacts les problemes fondamentaux des travailleurs. Notre fac;on de refuser de poursuivre la tache futile de rapiécer un monde pourri, et de nous efforcer d'en constnlire un neuf, n'est pas seulement constructive, elle est la seule solution » (1). 11 ne s'agit pas d'incantations a la paix, mais de suivre l'actualité et d'en extraire chaque jour la lec;on, de dénoncer les bourrages de cranes, de rappeler par des exemples immédiats et évidents que la Grande Bretagne est un empire qui regne sur des peuples esclaves, que les Etats-Unis vont mettre a pro.lit leur entrée en guerre pour étendre leur aire de puissance, que la Russie Soviétique est un totalitarisme qui écrase prolétariat, paysannerie et peuples; que les mots perdent tout sens quand un Tchang Kai Chek, tyran hier devient gran démocrate le lendemain ..., que les idéologies couvrent des intérets indéfendables. « Ne nions pas que ... l'opinion américaine, et peut-etre Roosevelt lui-meme, n'exprime pas une véritable sympathie pour les démocraties. L'opinion des masses - ou plutót ce que la presse leur fait croire -, n'a rien de commun avec les intérets combinés des capitalistes et des impérialistes qui déterminent la conduite du pays. Mais on doit reconnaitre (1) « Neirher East nor West » - Freedom Press - Londres 1952. 5

SANTIAGO AARANE que ces intérets ont tout a gagner dans une guerre européenne » (2). Cette volonté de continuer a voir clair, de penser avec sa propre tete, va se manifester pour dire, exposer, propager les vérités crues. Par des publications, mais aussi par des tracts distribués aux soldats, ce qui donnera lieu a proces. Par une correspondance qui devra se faufiler dans la masse épaisse des censures et des controles, avec les isolés, les rescapés, les tenaces de quatre coins du monde et qui sont l'Internationale. Sans doute la tradition anglaise fournissait encore, restes sans cesse grignotés du libéralisme d'expression, un terrain plus favorable a cette affirmation et a cette recherche anarchistes qu'en des pays entierement militarisés ou soumis a un régime de police toute puissante. Mais ces possibilités sont exploitées a fond, et non pas escamotées en attendant des jours sans proble:mes. Comme ailleurs l'illégalité et la clandestinité s'adaptent et répondent a la loi et a la répression. L'argument ne tient pas quand il est avancé que ces libertés doivent etre défendues en se mettant a la disposition d'un pouvoir qui s'ingénie a les réduire. Ce qui est a noter, c'est que dans les pays dictatoriaux, nombre d'éléments de résistance ont agi en liaison avec des services d'Etat « ennemi », en vue de participer a l'effort de guerre de l'autre camp, et non pour des objectifs propres. C'est la que s'établit la différence fondamentale, pour les anarchistes, entre l'action favorisant le triomphe d'une coalition contre l'autre, et celle qui correspond a des buts de libération sociale. Différence qui était sensible en Italie, en France, aussi bien que dans les pays dits « neutres » - comme en Amérique latine -, la ou les greves étaient soutenues, déclanchées ou condamnées, non par rapport aux intérets de la classe ouvriere, mais suivant le critere du ,«bon» ou du « mauvais » bénéficiaire sur le plan international. 11 existe, en dépit des situations· locales parfois tres complexes, un fil conducteur: c'est la guerre sociale que nous menons, et non la guerre entre nations ou entre blocs. Les « forces de libération » ne s'y tromperont pas en ltalie - 1944 -, quand les autorités militaires nord-américaines autoriseront la parution de toutes les pubblications de toutes les tendances « antifascistes », sauf les journaux anarchistes. De {2) War Comentary. Décembre 1939. 6

JEU INTERNATIONALISTE meme que dans le port de Buenos Aires, les staliniens s'opposeront aux mouvements revendicatifs, des lors que la production des entreprises intéressées est destinée au ravitaillement des alliés - ennemis la veille - de l'URSS. * * * Reconnaissons que nous ne possédons pas de doctrine éprouvée. Nos « anoetres » ne nous aident guere. Dans la logique marxiste, et pour ce qui concerne la politique internationale, il existe la meme croyance das le caractere « progressif » de l'expansion capitaliste dans le monde - étape inévitable pour que soient réunies les conditions nécessaires a la victoire du prolétariat - que pour le développement .économique des nations. Miklós Molnár résume fort bien cette théorie: « Si le progres réalisé par la bourgeoisie conquérante grace au développement de ses forces productives est l'étalon universel pour mesurer les peuples, leur place au soleil et la légitimité de leurs revendications nationales, il est tout aussi impossible de se placer aux cótés des peuples « asiatiques » qu'aux coté des « sous-développés » du vieux continent. Autrement dit, si Marx et Engels avaient voulu adopter un concept anticolonialiste ... ils auraient dú l'élaborer au sujet des peuples opprimés d'Europe également et vice-versa. Faute de se placer sur le terrain de l'autodétermination sans discrimination, ils s'enfennent dans le carean de leur vision matérialiste et, diraitaujourd'hui, « productiviste » du monde. Dans une position idéologique done? Pas du tout, puisqu'il s'agit d'une idéologie fondée sur une analyse de la réalité et qui se voulait scientifique. Ce n'est pas un voeu, un programme, un idéal que Marx et Engels prétendaient exprimer par leurs theses, mais bien la tendance générale du développement historique » (3). Il y aurait quelque cruauté a rappeler a nos bons similimarxistes d'aujourd'hui, qui se portent au secours des colonisés ou néo-colonisés (sauf quand il s'agit de colonies soviétiques), les positions de leurs maitres a penser (il leur reste des maitres, mais pas de pensée). Molnár le rappelle: « •• .le contenu moral du colonialisme, son infamie et sa stupidité n'infirment pas aux yeux de Marx sa nécessité en tant que pro- (3) "'Marx, Engels et la politique internationale » - Gallimard - París •1975. 7

SANTIAGO PARANE cessus historique global. Quelque détestables que soient les motifs et les méthodes de colonisation britanniques, ils accomplissent une tache historique somme toute progressiste » (4). Cóté Bakounine, le raisonnement est inverse: « La conquete faite par les nations civilisées sur les peuples barbares, voila leur príncipe. C'est l'application de la loi de Darwin a la politique internationale. Par suite de cette loi naturelle, les nations civilisées, étant ordinairement les plus fortes, doivent ou bien exterminer les populations barbares, ou bien les soumettre pour les exploiter, c'est-a-dire les civiliser. C'est ainsi qu'il est permis aux Américains du Nord d'exterminer peu a peu les Indiens; aux Anglais d'exploiter les Indes orientales; aux Franc;ais de conquérir l'Algérie; et enfin aux Allemands de civiliser, nolens volens, les Slaves de la maniere que l'on sait » .(5). Mais si !'examen des relations entre Russie, Allemagne, Pologne, donne I' occasion a Bakounine de condure de maniere tout a fait opposée aux opinions de Marx, le premier considérant l'Allemagne comme l'Etat le plus porté a l'expansion et le second estimant que la Russie tsarisre est destinée a s'étendre par la nature meme de son régime retardataire et absalutiste, il n'en reste pas moins que pour le Russe, c'est le probleme de l'Etat qui est essentiel. « L'Etat moderne ne fait que réaliser le vieux concept de domination ... qui aspire nécessairement, en raison de sa propre nature, a conquérir, asservir, étouffer tout ce qui, autour de lui, existe, vit, gravite, respire; cet Etat... a fait son temps » (6). Ici, déja, le principe étouffe les analyses détaillées. II n'est pas sur qu'il sera suffisant pour dominer les entrainements de la passion. * * * On ne peut mieux résumer une certaine mentalité qui regnait daos les rangs de l'émigration CNTiste en France, qu'en citant la réponse faite en novembre 1944 a l'Union Nationale Espagnole - fabrication du PC espagnol -, qui lors d'un congres tenu a Toulouse, avait décidé d'éviter de nouvelles effusions de sang en Espagne: « Magnifique déclaration avec laquelle nous sommes totalement d'accord. Mais pourquoi dit-on aux Anglais une chose et une autre totalement différente aux Franc;ais et aux Espagnols réfugiés en France? Pourquoi (4) lrbidem - ,p. ,199. (5) « Aux compagnons ... » - Archives Bakounine II. (6) « Etatisme et Anarchie » - Archives Bakounine III. 8

JEU INTERNATIONALISTE les porte-parole de la U.N.E. appellent la.ches les eixlés espagnols qui se refusent d'entrer dans les rangs de leurs guérillas qui prétendent reconquérir l'Espagne l'arrne au poing? C'est nous qui portons le drapeau de l'unité de tous les Espagnols amants de la liberté et de la République. C'est nous qui, dans un Front Populaire, avons défendu la République, une République que l'U.N.E. considere marte. C'est nous qui disons aux Anglais, aux Américains, aux Russes et a tous les peuples démocratiques du monde - et tres particulierement aux Espagnols exilés en France - que l'on doit tenter de libérer l'Esoagne en évitant une nouvelle tuerie cruelle entre Espagnols » (7). Que d'illusions, que de vaines et gloriolantes espérances, quel manque de connaissance des motivations qui déterminaient la politique des Etats « démocratiques ». Le livre de José Borras dont nous avons extrait cette citation ahonde en enfantillages de ce type et en guimauve littéraire, aux lieux et place d'une difficile mais indispensable analyse des con,ionctures politiques internationales. La garde est baissée devant la froide détermination des Etats, égo'istes par nature. Apres les désillusions, inévitables, viendront les aventures lancées a coups de jeunes, a coups de morts et d'arrestations, un prix aussi mal calculé que l'était la croyance en des gouvernements bourgeois démocratiques animés des meilleurs intentions ... Car le mouvement libertaire espagnol, du moins dans ce qu'il déclare offi.éiellement, n'a rien appris de ce que vaut « l'antifascisme » national ou international: « Une des constantes qui ont nettement marqué le comportement politique des partis et organisations exilés a été de croire - et de faire croire - que si les antifascistes espagnols perdirent la guerre civile et s'ils ne sont pas encare parvenus a abattre la dictature franquiste, la faute en est aux puissances étrangeres » ('8). S'agit-il d'une interprétation particuliere, marquée par les circonstances propre au conflit ibérique? 11 ne le semble pas, car nous retrouvons ce raisonnement, non plus a chaud, mais comme expression naturelle d'un courant de pensée, chez nombre de militants, et a propos d'autres guerres. Ainsi, sous la plume d'un excellent militant asturien, Ramón Alvarez, quand il parle d'Eleuterio Quintanilla, organisateur et propagandiste (7) José Borras - « Politicas de los exiliados españoles - 1944-1950 » - Ruedo Iberico - Paris 1976. (8) Ibidem - p. 23. 9

SANTIAGO PARANE anarchiste du premier tiers du XX:esiecle: 1 « Tant que la guerre ne se manifesta pas par le choc brutal des armées sur les camps de bataille, transformées en tombes gigantesques de jeunes gens qui avaient revé d'une " belle époque " prolongée, Quintanilla se déchaina contre la guerre. II n'ignorait pas que les tueries collectives ont toujours assuré le salut du capitalisme, co'incidant chronologiquement avec les cycles de crises économiques, résultats des inévitables contradictions d'un sysreme social basé sur l'exploitation et le profit. ~< Une fois martes les illusions reposant sur un internationalisme trop jeune pour etre enraciné dans la conscience civique - bien qu'il doive consituer la premiere aspiration d'un idéaliste sincere -, Quintanilla décida rapidement de défendre le camp occidental, car il représentait une plus grande somme de libertés, ou était possible l'ensemencement révolutionnaire; alors que la victoire du kaiserisme eut signifié un recul sensible, dont les conséquences eussent retombé de préférence sur les couches les plus pauvres de chaque nation » (9). * * * Dans la plupart des cas, le choix d'un camp est déterminé par le sentiment d'impuissance chez le militant. Demeurer en dehors de l'affrontement public majeur luí semble l'exclure de toute action, de toute existence. Or, il ne s'agit pas d'etre neutre, mais de refuser les regles d'un jeu qui n'est pas le sien. C'est le choix d'un camp qui fait disparaitre sa personnalité propre. Son engagement signidie son suicide en tant que militant anarchiste. Que les circonstances l'obligent a se trouver inséré, en uniforme ou en civil, dans les appareils de !'une des parties belligérantes, ne l'engage pas. Ce serait sa justification de ce qu'il n'a pas le pouvoir d'éviter qui le mettrait hors du combat social. C'est a partir de cette - de sa - situation de fait, non choisie, qu'il peut commercer - ou continuer - d'agir. Pour agir, il doit travailler a suivre et a comprendre les événements, tache peu aisée mais possible. De meme qu'il doit connaitre le milieu ou il se trouve placé, pour en saisir la diversité et les contradictions. Tous éléments de connaissance qui lui serviront, dans l'immédiat ou dans le temps. Les aspect sociaux d'un conflit, d'une tension, d'une guerre ne sont jamais absents long- (9) ,« Eleuterio Quintanilla - Vida y Obra del Maestro» - Editores Mexicanos Reunidos - Mexico 1973. 10

JEU INTERNATIONALISTE temps. Non plus que les réactions individuelles. La est son terrain. Quant a la sempiternelle considération que tout acte, tout sentiment exprimé, toute attitude fait le jeu de l'un ou l'autre antagoniste, elle est sans nul doute exacte. Le tout est de savoir s'il faut disparaitre, se taire, devenir objet, pour la seule raison que notre existence peut favoriser la triomphe de l'un sur l'autre. Alors qu'un seule vérité est éclatante: nul ne fera notre jeu, si nous ne le menons pas nous-memes. * * * Ne pas vouloir participer aux opérations de politique internationale, dans l'un des camps en lutte, ne signifie pas qu'il faille se désintéresser de la réalité de ces opérations, de ces formes de guerre permanente prenant les aspects les plus variés: commerciales, politiques, militaires; de ces stratégies. Oublier que les Etats Unis, par vocation et volonté de puissance, sont partout présents dans le monde, veulent assurer la défense et la garantie de leur métropole qui dépend d'un ravitaillement de nature intercontinentale; oublier les tendances a l'hégémonie mondiale de l'Union Soviétique; oublier la capacité expansionniste de la Chine; oublier que les poussées d'indépendance qui secouent l'Afrique, l'Asie et l'Amérique latine sont a la fois volontés populaires, surgissements de nouvelles classes dirigeantes et pions des rivalités entre grandes puissances, c'est se condamner a donner dans taus les panneaux. C'est au contraire par le tri continu des éléments décisifs entre manoeuvres de type nationaliste ou impérialiste et courants de libération authentiques que la critique libertaire peut et doit s'exercer si elle veut etre instrument de connaissance et de combat. Or, a chaque fois que le militant prend position, avec l'espoir d'occuper une place dans la « marche d.e l'histoire », ou qu'il refuse de manifester son soutien a une poussée sociale, par souci de ne pas favoriser une autorité gouvernementale, il erre ou perde toute existence. 11faut se rappeler a ce propos l'attitude d'intellectuels libertaires italiens estimant « progressive » la liquidation de la féodalité thibétaine par l'Armée rouge chinoise (a, quoi il était possible - aussi absurdement - de mettre en parallele le róle moderniste de la conquete mussolinienne de l'Abyssinie ). Ou encare les réticences de milieux anarchistes frarn;ais lors de l'insurrection hongroise de 1956, dans laquelle ils voyaient la main de la propagande nord11

SANTIAGO PARANE américaine. Plus tard, la critique des méthodes dictatoriales castristes fut assimilée a la défense de l'impérialisme yankee. Et plus récemment, nous avons pu lire dans un journal anarcho-syndicaliste norvégien une défense inconditionnelle du M.P.L.A. d'Angola. Ce sont exemples non de clairvoyance, mais de soumission aux artífices des propagandes, d'absence d'information directe ou de travail d'analyse. Exemples de l'inutilité des príncipes, si ceux-ci ne sont pas constamment nourris et vérifiés par l'effort de connaissance. Par contre, la ou nous trouvons des alliés naturels, la ou surgissent des forces sur le plan social qui brisent le faux dilemme des blocs bons ou mauvais, nous ne sommes ni assez vigilants ni assez solidaires. Du moins en tant que mouvement, car fort heureusement, individus, noyaux et initiatives agiles n'ont jamais manqué. Il va sans dire que nos alliés naturels ne sont pas, dans les pays de l'Est, les services nord-américains, ni, en Amérique, les hornmes du K.G.B. Mais réduire la compréhension des situations nationales et la complexité des rapports internationaux a ces cirques - comme il est aisé et courant de le faire - serait lamentable pour des militants, rétifs par príncipe aux sortileges rnanipulés des mass media. Si nos alliés naturels se trouvent parmi ceux d'en bas qui, sous des formes inifiniment variées luttent ou se défendent dans les entreprises ou dans les quartiers populaires des villes ou des burgs, bulgares, cubains ou sud-africains, russes ou chinois, argentins ou nord-américains, ou a Hong Kong ou au Japon, nos ennemis non moins naturels sont les sysremes et les régimes qui les dominent, les exploitent ou les répriment. De meme que nos préoccupations portent sur l'évaluation des résultats des mille formes de résistance aux conflits - non pas thréoriques, mais réels - c'est-a-dire sur la fac,:on de savoir, par exemple, si les dizaines de milliers de déserteurs ou de réfractaires nord-américains ont accéléré la liquidation de la guerre au Viet Nam. Ce qui ne nous place nullement a la traine ni aux ordres du gouvernement d'Hanoi. A regarder de pres, nous ne sommes pas absents du combat, si nous menons le nótre, tout en connaissant et en dévoilant celui des autres. Nous dirions meme que notre combat dépend étroitement de la connaissance de celui des autres. Les chaussetrapes se préparent évidemment bien a !'avance. Pour ne pas y tomber, nos généralités préventives ne sont pas suffisantes. Il nous faut des maintenant apprendre a détailler: antago12

JEU INTERNATIONALISTE nisme-collaboration entre Etats-Unis et URSS, eurocommunisme, libérations du type angolais, éthiopien ou cambodgien, démocratie a la japonaise, etc ... Des détails qui nous renforcerons dans notre hors-jeu international et notre possible action internationaliste. Paris, juin '77 RIASSUNTO Uno dei difetti del movimento anarchico e rappresentato dalla mancanza di analisi deUe situazioni internazionali, mancam:a che si crede possa essere colmata dalla ripetizione dei prinoipi generali internazionalsti. Anche se in situazioni partioolari, succede che una parte dei militanti anarchici faccia rif erimento a questa o quella delle fazioni in lotta, abbandonando in tal modo la propria originalita. Questo e successo nel 1914, e nel 1936 in Spag.na, e anche piu recentemente. L'autore insiste sulla necessita di una conoscenza dettagliata delle manovre e dei conflitti di politica <internazionale,come condizione di un intervento lucido, estraneo agli antagonismi tra stati e blocchi, ma altivamente inserito in tutti i conflitti sociali. RESUMEN Unos de los puntos débiles del anarquismo consiste en su falta de análisis de las situaciones internacionales, análisis que cree poder reemplazar por la repetición de unos principios ínter.nacionalistas de carácter general. En consecuencia, en conyunturas determinadas una parte de sus militantes se junta a uno u otro campo en lucha y abandona así su propia originalidad. Esto oocurrió en 1914, en 1936 en España y más recientemente aún. El autor insiste en la necesidad de un conocimiento pormenorizado de las maniobras y confl,ictos de política internacional, condición pnevia para una intervención lúcida: fuera de juego por Jo que concierne a los antagonismos entre Estados y baques, mas participación activa en los combates sociales que tienen lugar en cada campo. SUMMARV One of the weaknesses af the anarchist movement lies in its lack of analysis of international situations. Anaysis for which it thinks it can substitute by the rehearsal of general in,ternationalist principies. To such an extent that at particular conjunctures, a section of its militants joins one or other of the contending camps, and by this act it relinquishes its very differentness. So it was in 1914, or in ·1936 in Spain, and more recently still. The author tnsists on the neoessity of a detailed knowledge of the manoeuvres and oonflicts of inllernational polit.ics as the precondition for coherent intervention: as far as the antagonisms between States and blocs are concerned, active participation in social struggles in either camp is « offside ». 13

LETTERA DALL'ITALIA Compromesso torico, lottaannatae nuovodissenso AMEDEO BERTOLO (*) 11processo a Curcio ( « leader storico » delle Brigate Rosse) e ad altri quattro brigatisti, iniziatosi in questi giomi a Milano, ha dato una visione paradigmatica di alcuni elementi della situazone politica italiana o meglio una visione proporzionata alla drammaticita che vogliono attribuirle - con paradossale coincidenza - sia i paladini dell'ordine pubblico sia i fautori dello scontro armato. Da un lato, gli imputati hanno attaccato giudici, avvocati e «sistema» con una virulenza verbale certo coerente con la loro scelta strategica e tattica ma palesemente sproporzionata alla reale intensita del conflitto sociale in Italia e piu ancora sproporzionata al livello di coscienza delle classi sfruttate. Dall'altro, un'impressionante apparato poliziesco di mezzi blindati, mitra spianati, cani-poliziotto ha dato una esibizione teatrale di forza militare da parte dello stato. Piu ancora significativa, forse, e stata la mobilitazione organizzata nei giomi scorsi dai partiti (dal P.C.I., in primo luogo) e dai sindacati (dalla C.G.I.L, soprattutto, la centrale sindacale controllata dal P.C.I.) che avrebbe dovuto concretizzarsi in un massiccio '« presidio operaio » al Tribunale. A simboleggiare la solidarieta dei l~voratori con gli amministratori della giustizia di stato, contro i mostri eversori. Non e trascurabile, per un giudizio sull'involuzione política dell'« ultra-sinistra », notare (*) 36 anni, assistente universitario. Ha collaborato ad « A - rivista anarchica ». Autore di una pr,ima « Lettera dall'lt-aUa » (lnterrogations, n. 3, giugno '75). Co--autore con L. Lanza, di « IRI nazionalizzazione all'italiana » (lnterrogations, n. 1, dicembre '74). 14

COMP.ROMESSOSTORICO che gli esponentj di Democrazia Proletaria ( 1), presenti nei Consigli di fabbrica di alcune grandi industrie erano favorevoli al « presidio ». 11 « presidio » e rientrato all'ultimo momento per l'opposizione della C.I.S.L. (la centrale sindacale a maggioranza democristiana) che lo riteneva inopportuno, temendo potesse apparire gualcosa di simile alla costituzione di « milizie popolari », un segno di sfiducia nella capacita di poliziotti e carabinieri a mantenere l'ordine pubblico. I sindacati hanno comunque organizzato ·« squadre operaie di vigilanza » nelle sedi piu vicine al palazzo di giustizia. Inoltre una delegazione del Comitato Unitario Antifascista per l'Ordine Repubblicano (cui aderiscono tutti i partiti del cosidetto « arco costituzionale » - dai liberali ai comunisti - e le tre confederazioni sindacali) ha chiesto ed ottenuto di assistere al processo come una sorta di « parte civile » política contro i brigatisti. Grande spettacolo politico-giudiziario-poliziesco, dunque, con spiccata partecipazione della sinistra e dell'estrema (?) sinistra, e completa collaborazione della stampa, organizzato per esorcizzare i diavoli della sovversione. Tutti insieme, in nome dell'ordine pubblico, l'altro ieri contro il « pericolo fascista», oggi contro i '« terroristi », le Brigate Rosse e gli « autonomi ». In effetti, dalla precedente « lettera dall'Italia » (Interrogations n. 3, giugn~ 1975) ad oggi e soprattutto nel corso dell'ultimo armo, dei due elementi che allora caratterizzavano il quadro político italiano, il compromesso storico ed il pericolo fascista, iI secondo e pressoche scomparsa dalla tematica degli osservatori e dei commentatori ed il binomio si e ricostituito con !'elemento ,« lotta armata ». II '« pericolo fascista», che e servito in vari~ misura e con strumentalizzazioni diverse ma alla fin fine complementari, si e sgonfiato, confermando quanto dicevamo in quella lettera. Dei due aspetti, quello « golpista » e rientrato e nei diversi processi in corso contro i fascisti implicati in « trame nere », stragi, ecc. risulta sempre piu chiaro, anche agli osservatori meno maliziosi, che i servizi segreti seguivano da presso tutte le «trame», aiutandole ma nel contempo tenendole sotto controllo e smantellandole al momento « opportuno » (secondo gli interessi del regime); mentre il processo di crescita dell'M.S.I. (il partito di estrema destra) s'e invertito in un processo di calo elettorale costante e genera- (1) Un carte1lo elettorale ed un coordinamento post-elettorale fra i quattro principali partitini marxisti-leninisti. 15

AM5DEO BfRTOLO lizzato. In cambio, gli episodi di « guerriglia rossa » si sono moltiplicati ed aggravati in una escalation costante, mentre parallelamente si e verificata una escalation della violenza offensivo-difensiva di piazza, con uso delle armi da fuoco sia da parte della polizia e dei carabinieri sia da parte dei manifes tan ti, e si sono visti mezzi blindati in servizio d'ordine pubblico ... A chi giudicasse la situazione italiana solo dalle cronache giornalistiche, soprattutto di alcuni periodi piu « caldi », potrebbe apparire un'Italia in piena guerra: civile. n che e quanto meno esagerato. Cerchero di ridimensionare quest'immagine e di spiegare gli elementi essenziali della situazione italiana. Non e facile compito, soprattutto in poche pagine. Rinvio, del resto, alla mia precedente « lettera » per una piu dettagliata esposizione ed interpretazione del quadro socio-economico-politico italiano. Qui mi limitero a tratteggiarne l'evoluzione piu recente. * * * Non passa giorno senza che si veriifichi in Italia qualche episodio di violenza política, in una gamma che va dagli scontri di piazza agli atti di lotta armata vera e propria, passando per una sfumatura intermedia continua che va dall'uso delle « molotov » nelle manifestazioni al sequestro di persona, dagli attentati a base di benzina e di esplosivo all'uccisione o al ferimento di personaggi di vario rilievo. Vi e, in questo, una radicalizzazione da « botta e risposta » (se la polizia bastona spranghiamo anche noi, se la polizia usa bombe lacrimogene noi usiamo le molotov, se la polizia spara spariamo anche noi); vi e una radicalizzazione da scelta política ( alla violenza oggettiva dello sfruttamento e del dominio di classe bisogna rispondere con « violenza proletaria » adeguata ed esemplare, ad esempio assaltando i « covi del lavoro nero » (2); v'e una radicalizzazione da progetto strategico. Quest'ultima e quella che fa riferimento ideale e/o organizzativo alle strutture clandestine di lotta armata, che si pongono come nuclei di aggregazione di « un partito comunista combattente ». Le due principali organizzazioni di questo tipo sono le Brigate Rosse (B.R.) ed i Nuclei Armati Proletari {N.A.P.), le prime (2) Vengono cosidette, nel linguaggio mHitante, quelle aziende che si basano su!,l'iITI¡piegodi lavoro sottoretribuito ed irregolare, senza assicurazioni sociaLi e senza contratto regolare. 16

COMP.ROMESSOSTORICO di piu vecchia e solida struttura e con impianto prevalente al Nord, i secondi con impianto prevalente nel Centro-Sud. Entrambi di ideologia dichiarata marxista-leninista, con piu frequenti riferimenti lessicali alla classe operaia le B.R., con marcato interesse per il sotto-proletariato ed i « delinquenti politicizzati » i N.A.P., esprimono il diverso ambiente socio-culturale di formazione politica e di reclutamento. Le differenze tra le due formazioni sano andate tuttavia facendosi meno nette e negli ultimi tempi si e parlato anche di una loro unificazione strategica. A giudicare dai membri noti (arrestati. o latitanti) risulta esservi in entrambe le formazioni, soprattutto nelle B.R., una forte componente di intellettuali e studenti o ex-studenti, predominante ai livelli ideologico-dirigenziali,, Altre formazioni, stando alle « firme » di diverse azioni, si sono recentemente aggiunte a B.R. e N.A.P. nella scelta della lotta armata, ma e difficile stabilire se e quanto si dillerenzino dalle prime e se ai nomi corrispondano vere e proprie strutture organizzative. Quali le operazioni « politico-militari » (per usare il loro linguaggio) di questi movimenti clandestini? Fino a due anni fa, tranne un paio di episodi clamorosi, le loro azioni si sono limítate a qualche attentato dimostrativo ed a rapine di auto:finanziamento, mentre, a giudicare dagli sviluppi successivi, si dedicavano soprattutto ad un lavoro meno vistoso ma non meno importante di tipo logistico-organizzativo: allestimento di basi, rifornimento di armi, strutturazione della rete clandestina e semiclandestina di appoggio, ecc. Poi, recentemente, quell'escalation di sequestri - sia di natura política sia di autofinanziamento - e di attentati a rnagistrati, poliziotti, giornalisti, avvocati, funzionari, che risulta dalla cronaca e che appare palesemente rispondere al passaggio ad una fase diversa della strategia armata. All'impianto ed al rafforzamento organizzativo segue l'attacco di tipo « terroristico », in preparazione della guerra civile vera e propria. Sinora ne grandi capitalisti, ne uomini di governo, ne noti politicanti di regime ne alti ufficiali sono stati oggetto di attentati e cio, che e in contraddizione con la dichiarata volanta di « portare l'attacco al cuore dello Stato », e presumibilmente da attribuirsi piu ·che alle misure di difesa di questi personaggi ad una logica che calibra e preverle (o crede di prevedere) azioni e reazioni, in una progressione programmata e finalizzata della lotta armata. Quale la forza delle organizzazioni clandestine? Amici e 17 2

AMEDEO BfRTOLO nemici, organi repressivi dello stato e simpatizzanti della lotta armata tendono per opposti motivi a sopravvalutarla. Quello che e certo e che attualmente un paio di centinaia di supposti membri di organizzazioni clandestine (« bande armate ») di estrema sinistra sono in galera - compresa la maggior parte dei « capi storici » - e ciononostante le azioni armate segnano una progressione. Si puo verosímilmente supporre che queste organizzazioni contino su qualche altro centinaio di militanti e simpatizzanti « attivi » oltre che su un'area di alcune migliaia di simpatizzanti « passivi »( senza contatti con le organizzazioni), un'area di piu facile quantificazione perche si manifesta pubblicamente o quasi. Non e poco, se si considera che un paio di anni fa la scelta della lotta armata era limitata a poche decine di persone. Non e poco se si pensa che la lotta armata in nessun paese occidentale (ad eccezione dell'America Latina e del Nord-Irlanda) ha avuto tale estensione ..Non e molto se si considera che lo sbocco che si prefigge la strategia della lotta armata e la guerra civile in tempi piuttosto brevi. Non e molto se si pensa che tutte le organizzazioni (partiti e sindacati) della sinistra sono irreversibilmente riformiste ed inequivocabilmente e solidamente egemoni nella classe operaia e che la stessa sinistra post-sessantottesca rifiuta quasi unanimemente la scelta della lotta armata e gli uni e gli altri collaborano con la repressione statale per fare terra bruciata intorno ai « guerriglieri » e nel rifiutarne addirittura la parentela ideologica. Pochi o tanti che siano o si valutino i brigatisti rossi, resta il fatto che anche qualora fossero tre-cinque-dieci volte piu numerosi, la loro strategia sarebbe comunque fallimentare, perche si basa su una errata valutazione degli effetti della lotta armata oggi in Italia. Cercando di « leggere », al di la dei proclami, la loro strategia, possiamo verosímilmente supporre che, con il terrorismo, essi perseguano schematicamente questi scopi: 1) fare fallire la strategia riformista del P.C.I. (significativa la scelta delle vittime degli attentati nel ceto medio di professionisti e funzionari); 2) tramite la delusione per questo fallimento e tramite l'inasprimento repressivo, fare « ritornare » una parte dei comunisti su posizioni di opposizione antisistema; 3) indurre una progressiva radicalizzazione della lotta poltica ed economica e «provocare», in crescendo, il regime sino ad uno sbocco da guerra civile nella quale assumere il ruolo di nucleo direttivo « político-militare ». Semplice ... ma sbagliato. Sbagliato, voglio dire, non solo in 18

COMPROMESSOSTORICO una prospettiva socia/e libertaria, qual e la nostra, ma anche in una prospettiva politica autoritaria qual e la loro. In primo luogo non sembra che finara il P.C.I. (e la sua strategia riformista) sia stato danneggiato dall'intensificarsi della violenza política: anzi ne e stato sinora rafforzato, grazie alla sua immagine - ed alla sua sostanza - di partito d'ordine. In secando luogo la repressione dei Paesi « democratici » tardocapitalisti e una repressione differenziata, come ha dimostrato esemplarmente la Germanía, cioe una repressione che sa usare il pugno di ferro contra le minoranze ribelli senza coinvolgere direttamente il proletariato, ottenendone casi la neutralita o addirittura l'adesione emotiva, attraverso l'uso dei massmedia e la collaborazione dei partiti e dei sindacati riformisti. Casi la « provocazione armata » rischia di ritorcersi (e nelle altre esperienze s'e ritorto) proprio contra il dissenso radicale, armato o no che sia, contra l'opposizione rivoluzionaria al sistema, sía come restrizione degli spazi di liberta legale, sia in termini di agibilita política tra le masse sfruttate. 11 sistema cioe si ricompone in equilibrio secando la logica dell'evoluzione tendenzialmente autoritaria e totalitaria dello stato tardo-capitalistico. Cos1 un certo effetto positivo destabilizzante - sia politico sia psicologico - della lotta armata viene annullato da simmetriche ed opposte reazioni stabilizzanti istituzionali e psicologiche. * * * S'e detto piu sopra che l'estrema sinistra (quella che, fino ad un anno fa, quando « conquisto » sei scranni in parlamento, si chiamava sinistra extra-parlamentare) condanna la lotta armata quasi unanimemente e con rabbia quasi parí a quella del P.C.I. Fa eccezione, pressoche esclusivamente, quella che viene detta « area dell'autonomia » o piu sinteticamente « autonomia », una parte dei cuí aderenti fa pubblica esibizione di simpatia per la lotta armata. Questa «autonomía» e una realta molto eterogenea. Passata nel giro di due anni da alcune centinaia ad alcune migliaia di militanti e simpatizzanti, e salita alla ribalta della cronaca come la piu recente e la piu radicale espressione dell'estrema sinistra. La quale estrema sinistra accusa l'autonomia di provocazione e ne aggredisce anche fisicamente i militanti. Non e una vera organizzazione, ma piuttosto un movimento composito (ci si ritrova dal libertario allo stalinista) e organizzativamente poco istituzionalizzato e gerarchizzato, per lo meno for19

A!MEDEOBERTOLO malmente. Alla sua origine c'e stato (ed al suo interno agisce in funzione quasi direttiva) un nucleo piú omogeneo,, un « quasi-partito » che, per l'appunto lavora nella prospettiva marx:- leninista di fondazione del « vero partito proletario » ... il cinquantesimo o giu di 11 da cent'anni a questa parte. Questo nucleo centrale ( « Autonomía Operaia ») (3 ), si e costituito sulla linea di alcuni ex-militanti di Potere Operaio, un'organizzazione extra-parlamentare scioltasi qualche anno fa. Nel « gioco dei bussolotti » del microcosmo marx-leninista, l'autonomia e venuta ad occupare la posizione piu estrema, per molti versi, ed ha cos1 raccolto una parte dei militanti di altre organizzazioni, delusi dall'evoluzione istituzionale e perbenista dei loro partitini ed ha attratto una parte del nuovo dissenso giovanile che e esploso nel corso dell'ultimo anno. Al solito, nonostante l'aggettivazione « operaia », l'autonomia e, come gli altri movimenti postsessantotteschi, composta solo minoritariamente da operai, anche se conta su nuclei di lavoratori che in talune realta aziendali ed in taluni momenti di lotta hanno avuto un ruolo di agitatori di un certo rilievo. Non e tuttavia per questa loro presenza sul luogo di lavoro che gli autonomi si sono fatti la fama di enfants terribles dell'estrema sinistra, ma per il loro comportamento in piazza. Come le organizzazioni tipo B.R. cercano di « radicalizzare lo scontro » con le azioni di lotta armata, cos1 gli autonomi si prefiggono o sembrano prefiggersi lo stesso scopo con la « violenza proletaria di massa », che concretamente ha significato violenza di piazza attuata perlo piu con azioni di commandos collaterali alle manifestazioni. Dall'uso delle molotov una parte degli autonomi e passata, negli ultimi mesi, all'uso delle pistole, spesso in mano a ragazzi di 17/18 anni, non senza discussioni e contrasti interni. Soprattutto il settore realmente operaio dell'autonomia sembra opporsi a questa versione política del western all'italiana, dove lo sceriffo non e certo da meno: decine di poliziotti in divisa ed in borghese hanno sparato nel corso delle ultime manifestazioni. Ci sono state prese di posizione pubbliche, {3) Come es,pressione lessicale, detto tra parentesi, « Autonomía Operaia » ha avuto un suocesso ed una diffusione ben superiore all'omonima organizzazione ed e entrata nella s'1oganistica scrit:ta ed urlata dell'estrema siillistra nel suo com¡plesso, ¡probabilmente per la sua sostanziale genericita che copre diverse inter.pretazioni del ,gia vago significarto originario. 20

COM~ROMESSO STORICO anche in seno all'autonomia, di sganciamento politico di « quelli della P. 38 » (che e la sigla di una pistola che pare entusiasmarli in modo particolare). Il che ha un po' stupito tutti, dacche il segno distintivo collettivo degli autonomi nelle manifestazioni e la pistola simulata con tre dita della mano destra. E' anche vero pero che, come dicevamo, l'area dell'autonomia e estremamente composita e dietro la liturgia comune dei segni bellicosi e degli slogan truculenti e dei « servizi d'ordine » agguerriti c'e un po' di tutto, dal sindacalista rivoluzionario, al simpatizzante delle Brigate Rosse, compresi quelli che sono l'uno e l'altro insieme e quelli che non sono ne l'una cosa ne l' altra. * * * L'« estremismo » degli autonomi ha espresso parzialmente (o comunque vi si ,e legato partecipandovi dall'interno) un fe. nomeno di « nuovo dissenso » assai piu ampio, espressione a sua volta di un ancor piu ampio fenomeno sociale. A partire dallo scorso autunno il riflusso strisciante del dissenso extra ed anti-istituzionale (un riflusso che era causa ed effetto insieme del progressivo svuotamento della carica sovversiva del movimento post-sessantottesco e dell'evoluzione neo-riformista dci partitini nati da quello, nonche della « crisi della militanza » nell'estrema sinistra) ha segnato una battuta d'arresto e progressivamente si e sviluppata una tendenza opposta. Schematicamente il nuovo dissenso si ·e espresso in tre ambiti: quello dei giovani emarginati di alcune realta metropolitane (Milano e Roma soprattutto), quello degli studenti universitari e quello dei lavoratori. II primo ambito di rivolta si e espresso tra l'ottobre ed il dicembre scorsi, nella nascita di « circoli giovanili » che riunivano studenti medie sottoproletari della periferia e dell'hinterland urbano in azioni tra il ludico e l'aggressivo: occupazioni di case s.fitte per farne centri di ritrovo alternativo per i giovani, espropri « di massa » (cioe di gruppo) di capi d'abbigliamento e di alimenti e bevande, « autoriduzioni » collettive del prezzo di spettacoli cinematografi.ci e di concerti musicali... In una specie di versione sovversiva del consumismo postindustriale, i giovani proletari rivendicavano il diritto al « lusso » ed alla «cultura». Con una manifestazione organizzata per contestare la «prima» del Teatro Alla Scala di Milano (che e una tradizionale esibizione di lusso padronale), una manifestazione vietata dalla questura e finita in scontri violenti con la polizia ed in numerosi arresti e condanne, i cir21

AMEDEO BERTOLO coli giovanili toccano il massimo della notorieta ma anche il massimo dello sviluppo. Per vari motivi, non ultimo il settarismo delle organizzazioni dell'estrema sinistra riprodottosi all'interno dei circoli come volanta egemonica, il movimento rientra. All'inizio di quest'anno esplode la ribellione nelle Universita. La scintilla occasionale e la protesta contra un progetto di riforma governativo dell'Universita. 11fuoco si accende dapprima a Roma ed in alcuni atenei meridionali ma si propaga ben presto a quasi tutta la penisola. E' sempre a Roma tuttavia che il movimento si esprime con forme piu originali e con intensita e durata piu accentuate. Anche a Bologna, nel marzo, la lotta degli studenti assume per qualche giorno aspetti drammatici: la polizia spara ed uccide, alcuni studenti assaltano un negozio d'armi e sparano anch'essi... l'ordine viene riportato coi mezzi blindati fatti intervenire con il consenso del sindaco comunista. A Milano, che pure ha sempre espresso sin dal '68 la piu alta combattivita studentesca, la nuova ondata di ribellione trova rispondenza piuttosto contenuta e per lo piu come reazione di protesta per la brutalita repressiva e gli omicidi polizieschi. Il fatto e che il nuovo dissenso universitario a Roma non solo nasce da condizioni di piu profondo e diffuso disagio studentesco, per una piu vistosa inadeguatezza delle strutture e per una piu esigua prospettiva di sbocchi professionali, ma soprattutto si sviluppa nella quasi assenza di canali istituzionali o neo-istituzionali ( della sinistra e della estrema sinistra). Cosi la rivolta si esprime in modo « selvaggio » e per molti versi spontaneamente libertario (4); incontrollata, tocca elevati livelli di radicalizzazione. Esemplare il trattamento riservato al comunista Luciano Lama, segretario nazionale della C.G.I.L., costretto ad abbandonare precipitosamente la citta universitaria con i « poliziotti rossi » del suo servizio d'ordine, dopo che questi ultimi avevano cercato di zittire con la forza la contestazione degli studenti. Significativo e il fatto che anche all'Universita di Bologna fossero pressoche inesistenti le strutture organizzative della nuova sinistra m.-1. e ci fosse una tradizione di « pax universitaria » attribuita come merito all'amministrazione comunista e che, irnfine, tra i protagonisti del nuovo dissenso vi sia stata una fortissima com- (4) Ot-tengono un certo successo ed una certa a:iotorieta in una prima fase della rivolta gLi « indiani metropoliitani » una specie di provos dalla prassi e dal 'linguaggio dissacranti ed Ironicamente provocatori. 22

COMRROMESSOSTORICO ponente di studenti meridionali di « emigrazione » universtaria, molti dei quali studenti-lavoratori. Meno appariscente ma non meno importante dei primi due e il terzo aspetto del nuovo dissenso, quello proletario. Da un anno a questa parte si vanno accentuando i sintomi di una crescente difficolta per le burocrazie sindacali ad ingabbiare la combattivita dei lavoratori. Si e sviluppata una notevole tensione interna al sindacato tra la dirigenza confederale ed una parte di militanti e quadri intermedi, che contestano la linea troppo conciliante dei vertici. Ma soprattutto, mentre nel complesso la conflittualita operaia, seppure tra i malumori della base, tende a ridursi nella linea di relativa tregua sociale stabilita dai comunisti, nel contempo aumentano paradossalmente gli episodi di lotte autonome condotte al di fuori del controllo della burocrazia sindacale o addirittura contra di essa con casi limite di duri attacchi reciproci. Queste lotte si verificano anche in singoli repartí di industrie a forte e radicata presenza sindacale, ma si sviluppano soprattutto in categorie particolarmente disagiate ed a presenza sindacale ridotta o particolarmente « collaborazionista ». Un esempio: i lavoratori ausiliari ospedalieri di Milano conducono da quasi un anno una dura lotta autogestita, senza e contra i sindacalisti che hanno dimostrato chiaramente di volere congelare una vertenza che ha come contraparte degli amministratori social-comunisti. * * * Tuttavia, se e importante, nella nostra prospettiva, e sintomatico che il nuovo dissenso si manifesti con episodi di lotta extra-sindacale anche tra i lavoratori, bisogna riconoscere, per dimensionare correttamente il fenomeno nel quadro sociale complessivo, che tali episodi rimangono l'eccezione. La regola e il ripiegamento delle lotte proletarie su posizioni difensive in sintonía sostanziale con la política sindacale. Anche in questo caso le scelte delle organizzazioni e le scelte della classe operaia si influenzano e si rafforzano recíprocamente e sono entrambe determínate dalla persistente crisi economica; una crisi che si trascina da anni, palesando in cio la sua natura piu strutturale che congiunturale, una crisi la cui soluzione appare ancora lontana e dolorosa. La crisi si manifesta nel binomio « perverso » stagnazioneinflazione, che significa per gli sfruttati contemporaneamente disoccupazione e riduzione del potere d'acquisto dei salari. Questa riduzione e stata sinora molto contenuta per la maggior 23

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