Interrogations - anno III - n. 8 - settembre 1976

YOURI F. ORLOV richesses qu'aux grandes réalisations scientifiques et morales des civilisations occidentales. Deuxièmement, je suis convaincu que pour un niveau donné de culture et de morale, il existe un niveau optimal de réformes sociales au-delà duquel le bonheur humain ne peut que se détériorer rapidement. C'est là une considération qui n'est comprise nulle part, même pas dans les pays occidentaux, qui sont particulièrement impardonnables à cet égard : en effet, ce n'est pas chez eux qu'on meurt de sous-alimentation. Le ruban infini des réformes sociales peut jeter l'Occident subitement dans le goufre du socialisme totalitaire. L'Occident n'est d'ailleurs pas pleinement conscient du danger que signifie l'extension de l'encerclement socialiste totalitaire. L'opinion qui continue à prévaloir est que le totalitarisme n'est qu'une enveloppe temporaire du socialisme, un corps qui lui est étranger par principe, dont il se défera au fur et à mesure de son propre développement. On ne comprend donc pas que dans la forme de socialisme pour ainsi dire « complète », le socialisme et le totalitarisme vont de pair comme la chaussure gauche avec la chaussure droite. La démocratie occidentale, si elle ne se raffermit pas par un sens moral élevé et une compréhension plus claire de ses objectifs, ne pourra pas résister effectivement à la poussée du socialisme totalitaire. Pour parler des causes extérieures, il s'agit essentiellement des mêmes causes que celles qui assurent à ce régime son exceptionnelle solidité. Par exemple, si les plus grands résultats scientifiques et technologiques de l'Occident parviennent facilement dans le camp socialiste, les courants d'informations scientifiques et techniques venant de ce dernier peuvent être coupés à tout moment, comme d'ailleurs toute autre information quelconque. Par contre, les réalisations humanitaires de l'Occident restent inconnues à l'Est, où on ne peut d'ailleurs presque pas s'en servir, alors que le flot de propagande, de désinformation et d'information strictement orientées, coule librement dans l'autre sens. Enfin, les capitaux des pays à économie de marché ne peuvent pas manœuvrer sur le territoire des- pays à économie planifiée, tandis que l'instruction en sens inverse est possible. Un système socialiste mondial, au fur et à mesure de son extension et de son renforcement, serait par principe capable d'agir sur les situations de crise du système capitaliste, tandis que les possibilités inverses sont considérablement restreintes : sous un régime totalitaire, même les crises très graves, résultant d'erreurs de calcul, de mesures économiques arbitraires ou de catastrophes naturelles, sont amorties du fait que leur poids est très rapidement réparti sur l'en76

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