JOELLE KUNTZ publiquement qu'ils restaient liés par un très grand respect et une très grande amitié. De même, du gonçalvisme, les archives portugaises et internationales tendent à ne retenir que l'opportunité qu'il donna au parti communiste de s'infiltrer dans l'appareil d'Etat et l'institution militaire. On condamne donc un Gonçalves-communiste comme pour mieux oublier qu'il fut un GonQalves-général d'une armée qui se voulait populaire. Voyons ce côté-ci du personnage ... Gonçalves et le M.F.A. ne commencent à régner qu'après les événements du 28 septembre 1974, qui voient l'éloignement du général Spinola. Trois événements, dès cette époque, vont caractériser l'évolution de l'armée vers ses tentatives d'hégémonie : l'envoi des soldats dans les campagnes portugaises, pour « dynamiser 1> les populations ; la publication, chaque quinze jours, d'un bulletin du M.F.A., conçu initialement pour informer les militaires, mais distribué dès le second numéro dans tout le pays ; la mise en place du projet de démocratisation de l'armée, œuvre du général Carlos Fabiao, ancien ami de Spinola, connu pour avoir désavoué publiquement la politique du président de la République au moment où ce dernier rechignait à accepter l'indépendance de la Guinée. Les premières campagnes de dynamisation culturelle ont lieu dans un moment chaud, pour parer à un retour des forces de droite appuyant Spinola, ces fameuses « majorités silencieuses 1> que d'étranges partis vont chercher dans les campagnes, auprès des paysans, là où croit comprendre la gauche : « le 25 avril n'est pas encore arrivé 1>. Fondés sur de généreuses intentions, ces déplacements de soldats « jusque dans les villages les plus reculés 1> ont pour objet de faire comprendre aux populations dépolitisées et analphabètes ce que fut le mouvement du 25 avril, ce qu'est la démocratie nouv·enement. instaurée et l'intérêt qu'aurait chaque citoyen d'y participer. Les militaires conçoivent alors ces actions comme une forme d'appui aux partis politiques, « de gauche 1>, lesquels sont tout de même grondés pour ne pas savoir faire assez, bien ce travaJl d'expJication eux-mêmes. Il n'est pas rare qu'on rencontre alors:.de ces fiers soldats qui vous disent: «les.partis politiques, décidément, ne sont pas dignes de la démocratie que nol,ls leur avons donnée ... 1> On écrit, à cette époque, dans le bulletin du M.F.A. : « en situation normale, dans un pays où les pouvoirs constitués ont surgi démocratiquement, les forces armées n'ont qu'une mission externe : résoudre, comme instrument du pouvoir poli24
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