JtAN BA1UWt (La réaction en Allemagne - 1842). C'est surtout dans son dernier ouvrage - Le nouveau Christtanisme - que SaintSimon manifeste la crainte de l'accaparement par une mlnorité de prlvlléglés des fruits du travall d'une majorlté de prolétalres. Déjà dans le Système Industriel il dénonce l'égoi'.sme qui entrarne la dlssolution de la société et, devant l'effondrement des croyances religieuses, il montre la nécessité d'une morale rationnelle fondée sur la philanthrople et l'amour du prochaln. La charité dolt ètre une règle obligatoire : dans l'intérèt des pauvres . . . mais aussi dans l'intérèt des rlches. Il ne saurait ètre question d'imposer par la vlolence et la répresslon à une majorlté misérable le respect de l'ordre socia!. En améllorant son sort, on prévient les révoltes inévltables et on attache les prolétaires par leurs intéréts à la tranqutllité publique. Comme le Hugo des années quarante, Salnt-Slmon est animé d'un double sentiment : pltlé pour les pauvres, appréhension d'une révolte des misérables. Riches ! Donnez ! Qui donne aux pauvres prète à Dieu . . . Ou, pour parler crQment : donnez un peu pour garder beaucoup. Saint-Simon reste d'allleurs muet sur les moyens d'améliorer le sort des plus pauvres et, si certains saint-simonlens ont vu par la suite dans le prolétariat l'élément moteur de la société industrielle, il est difficile de sulvre Marx quand il fait du mattre le porte-parole des classes laborieuses. Le nouvel ordre européen que fondera la société lndustrielle doit donc reposer sur une morale ayant pour base la charlté. Mais la froide raison ne suffit pas pour assurer une communauté de pensée, pour réaliser l'unité du monde. Il faut que la société industrielle s'appuie sur une nouvelle rellgion, sur une institution commune à tous les peuples. Cette rellgion aura un culte, un dogme, mais qui ne seront que des accessoires ayant pour objet principal de J,ùer sur la morale l'attentton des fidèles de toutes les classes. Une Europe supranatlonale e ETTE morale et cette rellgion universelles n'ont de sens que si disparaissent les frontières artificielles nées du régime m111taire. La France n'est qu'un membre de la société européenne, écrit Saint-Simon, et tous les industriels sont mus par les intérèts de la production. Savants, artistes, industriels doivent s'unir par dessus les frontières pour défendre le mème idéal de paix. La formule célèbre - et optimiste - : l'union des travallleurs fera la paix du monde, pourrait ètre signée 14
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