- 100 - tendances. Ce que la Revue Wagnérienne et la Revue Indépendante, à l'époque où celle-ci avait un caractère assez nettement défini, appelaient philosophie et littérature wagnériennes, ce n'était autre chose que l'idéalisme fichtéen. Dès 1886, }If_ Teodor de \Vyzewa aYait fait obserrnr que les deux écrirnins qui eurent peut-être la plus profonde influence sur la littérature qui tend h s'affirmer aujourd·hui, nous voulons dire Villiers de l'IsleAdam et M. Stéphane Mallarmé, ont toujours été presque de purs fichtéens. « i\I. Mallarmé, écrivait M. de Wyzewa, admet la réalité du monde, mais il l'aùmet comme une réalité de fiction. Pourlui, la nature, avec ses ehaloyantes f0erie;:;et le::; sociétés humaines effarées, n'est qu'nn rêYe de l'àme, réel certes, mais tous les rê,·es ne sont-il:; point réels, et notre âme est-elle. autre chose qu'un atelier d'incessantes ficlions, souverainement joyeuses lorsque nous avons conscienr,e que c'est nous qui les créons? » D'antre part, nous pouvons lire dans la Claire Lenoir de Villiers de l'Isle-A.dam : « Die•1 n'est que la proj~ction de mon esprit., comme toutes choses; je ne puis sortir de mon esprit», et dans Axel : << Tu possèdes l'être réel de toutes choses en ta pure volonté ... Tu n'es que r,e que tu penses ... Tu crois apprendre, tu te retrouves: l'univers n'est qu'un prétexte à ce développemt~nt dP. toute conscience.» Pour qui sait que toute l'œuvre de \ ill,c,·;; ,'c l'Isle-Adam, comme celle de M. Stéphane Mallarmé, sont en chaque instant pénétrées de ce sentiment que nous venons de leur voir, il sera facile de découvrir des traces continuelles de l'importance qu'eut leur autorité sur la plupart des symbolistes. Dans leur ardeur que rien n'arrêtait, les romantiques allemands voulurent aller plus loin que Fichte. Frécl,él'ic Schlegel, s'écriait: << Fichte n'est pas assez idéaliste absolu, parce qu'il n'est pas assez critique ni assez universel, Novalis et moi nous le svmmes plus que lui. » Croyant aller plus loin, ils en vinrent à Schelling, qui non seulement se joignit à eux, mais plaçr.smême d,.ns son premier système l'art au-dessus de toute science, en proclamant que « l'intuition esthétique est la révélation la plus profonde de l'identité qui existe dans l'absolu entre la const:ience etl ïnconscience. ,> Dans sa Philosophie de la Nature, BibliotecaGinoBianco
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