Le Contrat Social - anno XII - n. 4 - dicembre 1968

296 RICHARDV. ALLEN : Peace or Peaceful Coexistence ? With a foreword by BERTRAMD. WoLFE. Chicago 1966, American Bar Association, 233 pp. L/EXPRESSION « coexistence pacifique » a été mise en circulation par Staline en 1925 d'abord sous la forme « cohabitation pacifique », réitérée ensuite par lui plusieurs fois en 1927, en 1936 et en 1952 (cf. nos références dans la présente revue, article sur le Stalinisme} n° de mai-juin 1965). Il est donc faux que le mot et la chose soient attribuables à Khrouchtchev, ce que font indûment la plupart des politiciens et des journalistes. En fait les communistes soviétiques ont raison d'en inscrire le mérite, si mérite il y a, à l'actif de Lénine qui, dans un autre vocabulaire, s'était borné à traduire une situation de fait : la politique, pour les communistes, n'est que la continuation de la guerre par d'autres moyens. Bien entendu, de Lénine en Staline et de Staline en Khrouchtchev, puis en Brejnev, il y a eu quelque évolution ou adaptation dues à l'expérience et aux circonstances. Mais le sens profond reste immuable, synonyme de « guerre froide », à savoir une hostilité irréductible des Etats prétendus communistes envers le monde qui refuse de se soumettre à leurs exigences. Hostilité exercée par tous les moyens, hormis la guerre ouverte là où elle risquerait de se heurter à une force supérieure. C'est ce qu'a parfaitement compris M. Richard Allen, auteur de ce livre préfacé par notre collaborateur Bertram Wolfe. Le titre, BibliotecaGino Bianco LE CONTRAT SOCIAL d'ailleurs, laisse entendre très bien ce qu'il veut dire : la coexistence pacifique n'est pas la paix, mais tout autre chose qu'il faut définir et d'abord comprendre. Il ne s'agit nullement de « vivre et laisser vivre », comme le croient des multitudes de naïfs et d'ignorants trompés par une propagande perfide, il ne s'agit pas de tolérance mutuelle, mais d'un travail subversif sournois de sape et de mine dans les pays qui le tolèrent et dont les dirigeants sont plus ou moins dupes ou complices. Bertram Wolfe dénonce avec raison les niaiseries et les illusions incluses dans de f allacieuses formules successives qui bercent la crédulité du public, les dernières en date étant « l'esprit de Genève », puis « l'esprit du camp David », puis « l'esprit de Glassboro », syno- .. nymes de « .coexistence pacifique », c'est-à-dire de « guerre froide ». Quant à M. Richard Allen, il a pris la peine de dépouiller une masse énorme de textes communistes pour éclairer ses compatriotes et leur prouver qu'en dépit des vociférations chinoises, « notre principal adversaire dans la guerre froide est l'Union soviétique ». Sa démonstration coïncide avec celle que notre Contrat social expose depuis sa fondation, étant entendu que l'une et l'autre s'adressent à des publics différents. Elle passe en revue les principaux aspects de la politique extérieure et de la propagande pseudo-culturelle de l'U.R.S.S., c'est-à-dire de la guerre froide déguisée en « détente » ou « coexistence pacifique ». Tous ceux qui s'intéressent de près à ces questions auront intérêt à consulter ce petit livre très sérieux et substantiel. ,

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