184 lucide et de « raison garder» devant l'entreprise machinée pour asservir, au prix d'abominations inexpiables, un peuple épris d'indépendance, et les peuples voisins par voie de conséquence prévisible. Les bons sentiments n'assurent pas plus de bonne politique qu'ils n'inspirent de bonne littérature : ce furent de bons sentiments, pacifistes, démocratiques, abstentionnistes, qui favorisèrent les desseins exécrables et insensés d'un Hitler et d'un Staline. Crime arabe en Amérique LE SÉNATEURROBERTl{ENNEDY, candidat à la Présidence des Etats-Unis, frère de John Kennedy, le Président assassiné par un communiste à Dallas en 1963, a été victime lui aussi d'un terroriste le 5 juin dernier à Los Angeles et il est mort le jour suivant. Les circonstances du crime survenant deux mois après le meurtre du pasteur noir Martin Luther King ont provoqué aux Etats-Unis une émotion profonde et suscité des torrents de commentaires incompétents partout dans le monde. Tout ce qui touche au clan richissime et irlando-démocrate des Kennedy déchaîne les passions en sens divers, allant de l'hostilité déclarée à l'enthousiasme fervent, également sincères. Et Robert Kennedy était père de dix enfants, en attendant un onzième. Un seul des quatre frères survit, Edward, sénateur du Massachusetts, l'aîné ayant péri pendant la guerre, et l'on s'interroge sur le sort promis à ce jeune politicien qui peut prétendre un jour à la charge suprême et n'est pas homme à en esquiver les risques. Mais au-delà du destin tragique de cette famille ambitieuse qui ne quitte plus l'avantscène politique américaine, il y a l'événement historique national et même, puisque les communistes, leurs alliés et leurs auxiliaires le veulent, sa portée internationale que l'on a le devoir de ramener à sa vraie signification, à sa juste mesure. L'affaire, en effet, est très simple, nonobstant les efforts impudents et laborieux de ceux qui inventent des complications sournoises et prétendent imposer des interprétations tendancieuses. L'assassin, Sirhan, est un Arabe qui a visé en Robert Kennedy un partisan trop zélé, selon le point de vue panarabe, de l'aide à l'Etat d'Israël menacé d'annihilation par les Etats arabes et les Etats musulmans soutenus à fond et armés à outrance par l'Union soviétique, la Chine communiste et leurs· ·satellites. Il s'agit d'un pauvre type fanatisé par la propagande panarabe et qui a cru servir une louable cause en tirant sur un Kennedy faute BibliotecaGino Bianco LE CONTRAT SOCIAL de pouvoir atteindre un Dayan ou un Beghin. Là-dessus se déchaîne dans la presse et à la radio une horde de commentateurs ignorants ou perfides qui mettent en cause les EtatsUnis eux-mêmes, leur démocratie sui generis, la violence en général, le « racisme» en particulier, et patati et patata jusqu'au« fascisme» qui n'a ici que faire, sauf si l'on admet que le panarabisme implique une bonne part terroriste du fascisme, mais ce n'est pas du tout ce que les pourfendeurs du fascisme, bê~es ou méchants en l'occurrence, veulent d1re en découvrant dans le crime de Los Angeles la main d'un fascisme imaginaire. Le fait est que le président Kennedy avait été assassiné par un communiste, Oswald, peut-être plus ou moins anormal, et que Robert Kennedy a été assassiné par un Arabe, Sirhan, dont le credo politique n'a d'importance qu'en vertu du soutien sans réserve que lui apportent tous les Etats communistes. Les considérations générales sur l'Amérique, la démocratie américaine, la violence américaine, 1~ racisme et le reste n'ont ab§olument rien à y voir. Quatre présidents des Etas-Unis ont été assassinés, Lincoln en 1865, Garfield en 1881, McKinley en 1901, Kennedy en 1963, et deux présidents ont été visés, Théodore Roosevelt en 1912, Franklin Roosevelt en 1933, dans des circonstances entièrement différentes et par des terroristes ayant des mobiles différents : cela prouve seulement que dans un pays vaste comme un continent, de population hétérogène et libre de s'armer, il est impossible de protéger un homme politique éminent qui s'expose aux coups sans la moindre précaution. Il n'apparaît pas plus justifié de mettre en cause l'Amérique et les Américains à propos du crime d'un Arabe apparenté politiquement aux communistes que d'émettre des généralités sur la France à propos de l'assassinat de Sadi Carnot par un anarchiste italien, de Paul Doumer par un fou russe, de Louis Barthou et d'Alexandre de Serbie par des oustachis croates. Quand le Monde du 28 juin prétend que l'assassinat de Robert Kennedy « a porté un rude coup au prestige des Etats-Unis», il ne fait que reprendre à son compte (une fois de plus) un mensonge éhonté de la propagande communiste, et non par inadvertance, car ce même journal laissait entendre dans un éditorial de style mielleux et fielleux dont il a le knack, aux termes bien pesés et dosés pour permettre éventuellement d'ergoter, que c'est encore le lapin juif qui a commencé : pourquoi ce mini-peuple d'Israël a-t-il osé battre une énorme coalition d'ennemis qui s'apprêtait à l'anéantir et comment refuse-t-il ensuite de déférer aux exigences des vaincus qui, de nouveau armés jusqu'aux dents par Moscou, s'apprêtent ouvertement à « faire mieux la prochaine fois»?
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