Le Contrat Social - anno XII - n. 2-3 - apr.-set. 1968

L 'Expérience communiste LA «RÉVOLUTION CULTURELLE» A CHANGHAÏ par Evelyn Anderson Au MOIS DE JANVIER 1967, Changhaï devient la première ville chinoise où les maoïstes prétendent avoir remporté une victoire décisive dans la « révolution culturelle » qui dure alors depuis plus d'un an. La version officielle présente cette fameuse « révolution de janvier » comme le point culminant d'un combat qui permit aux révolutionnaires maoïstes de mettre fin à la domination des « bourgeois détenteurs du pouvoir » au sein du Comité municipal du Parti. Mais on dispose aujourd'hui de nombreux éléments d'information qui ne concordent guère avec cette version officielle, faite, en mettant les choses au mieux, de demi-vérités destinées à dissimuler certains aspects essentiels de la réalité. La plupart de ces informations complémentaires et tardives sont elles aussi de source chinoise officielle, en ce sens qu'elles sont tirées de comptes rendus rétrospectifs et partiels présentés à l'appui d'attaques particulières ou de tel thème particulier de propagande. Certes, bien des pièces du puzzle font encore défaut, mais on en sait suffisamment pour se faire une idée d'ensemble assez précise. De plus, la juxtaposition des comptes rendus fragmentaires relatifs aux événements de Changhaï immédiatement avant, pendant et après ]a révolution de janvier permet de mieux saisir un phénomène d'ordre plus général, celui de I' « économisme » qui, au début de 1967, menaça de saper partout la « révolution culturelle»*. Pendant tout l'été et l'automne de 1966, Changhaï a emboîté Je pas à Pékin en organi- • Pour faciliter la lecture, nous supprimons ci-après let guillemets employés pour l<'s term<'I populurls~s par les organe11 de lu propugoncl<' de la C:hln<' commtmlsl<•. - N. cl. l. H. BibliotecaGino Bianco sant des rassemblements gigantesques en faveur de la révolution culturelle. Les colonnes des deux principaux journaux de la ville, le Wen Hui Pao et le Chié-fang Dji-pao (organe municipal du Parti), étaient consacrées à d'interminables diatribes contre de prétendus intellectuels « de droite ». Il se peut toutefois - comme les maoïstes le laissèrent entendre par la sui te 1 - que les dirigeants de Changhaï n'éprouvaient guère d'enthousiasme pour la nouvelle orientation donnée à la révolution culturelle par la circulaire du Comité central du 16 mai 1966 2, préconisant, en termes à peine voilés, une vaste épuration au sommet. Les troubles finissent par éclater au début de septembre, après l'arrivée à Changhaï de fournées successives de gardes rouges en provenance de Pékin et autres lieux. Des heurts violents se produisent entre ces escadrons pékinois et les nombreuses unités de gardes rouges déjà constituées à Changhaï même. D'autres conflits opposent parallèlement gardes rouges étudiants et ouvriers industriels, ainsi que gardes rouges de Pékin et responsables locaux du Parti. Fin août, c'est-à-dire presque immédiatement après son arrivée, la première vague de gardes rouges venue de Pékin traite Tsao Ti-chiou, maire de Changhaï, ainsi que d'autres chefs con1munistes de la municipalité, d' « antimaoïstes noirs » ; au moins une fois ces groupes envahissent le siège du Parti =~. D'après des témoins étrangers, les assaillants brisent fenêtres et mobilier, frappent les fonctionnaires présents à coups de trique et de ceinturon, et font de nombreux blessés. 1. Af(l'llC<' Chhw nOUYl'llt•(l'i-npr~s CN), 20 junYkr 19( 7. :!. Jbicl., 16 mui 19tiï. :l. 196ï. \\'r,i llui J>oo, Chnn..chnï. (t•i-111w~s W Il P). l févrler

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