Le Contrat Social - anno XII - n. 1 - gen.-mar. 1968

LE CONTRAT SOCIAL les communistes « n'ont pas hésité à al Attre de rafales de mitraillettes ceux qu'ils considéraient comme leurs adversaires les plus déterminés, notamment des membres de partis politiques anticommunistes et des catholiques ». On reconnaît bien là les procédés de Staline, déjà mis en œuvre partout où l'occasion s'est offerte, notamment par les communistes français en 1945 à mesure que les Anglais et les Américains libéraient la France. · On découvrira d'autres charniers, on ·apprendra d'autres horreurs quand l'heure sera venue d'établir le bilan, mais l'opinion publique en Europe n'en saura pas grand-chose puisque les Sud-Vietnamiens et les Américains s'abstiennent de réfuter les mensonges communistes auxquels souscrivent tant de complices et tant de dupes. Seul un esprit mal tourné peut discerner dans la presse orientée contre l'Amérique de rares « dètails » dont la lueur sinistre éclaire le sens de cette guerre non déclarée. Il fallait beaucoup d'attention pour découvrir dans le Monde du 20 février 1968, sous le titre : « Exécution sommaire d'un prisonnier», ces paroles d'un Américain sur les lieux du combat : « ... Lorsque vous voyez des petites filles de cinq ans, les yeux clos, les bras liés derrière le dos, avec des balles dans la tête, vous cherchez à les venger. J'ai vu deux petites filles comme cela hier, mortes. Il y a une heure, j'ai tué un Vietcong blessé... » Ce ne sont pas les deux fillettes lâchement assassinées qui figurent dans le titre, c'est le héros· communiste. Dans les cas vraiment exceptionnels où la presse veut paraître« objective », elle use de la recette du fameux pâté : une alouette, un cheval; encore l'alouette estelle-en général introuvable. A ce régime d'information qui dure depuis tant d'années sans contrepartie, il n'est pas étonnant que Moscou, Pékin, Hanoi, La Havane, Belgrade, Alger, Le Caire et autres foyers de subversion universelle réussissent à mobiliser des foules inconscientes, encadrées de provocateurs, pour lapider les ambassades américaines. · . Comment s'expli~uent, sinon se justifient, l'indifférence et l'inertie des Etats-Unis devant la surrection constante et croissante de protestataires, dans les diverses parties du monde et jusque chez eux, contre leur politique vis-à-vis du Vietnam? Certes on n'ignore point l'état d'esprit qu'exprime le proverbe arabe : « Les chiens aboient, la caravane passe. » Mais en · l'espèce la passivité américaine semble d'autant moins explicable qu'en s'opposant au pouvoir de Ngo Dinh Diem et de son frère Ngo Dinh Nhu à Saigon en 1963, les hauts dignitaires américains faisaient valoir la nécessité de préserver intacte la réputation démocratique des Etats-Unis devant l'opinion publique universelle ( comme si Diem et Nhu risquaient de la compromettre, cette réputation, en mettant provisoirement quelques bouddhistes incenBiblioteca Gino Bianco 87 diaires hors d'état de nuire). Or, ayant trempé dans le complot militaire qui aboutit à l'assassinat des frères Ngo, suivi de troubles et de dissensions dont on ne voit pas la fin', la Maison Blanche et le State Department se désintéressent de la réputation américaine et de l'opinion publique désormais abandonnée à l'intoxication et aux manœuvres des ennemis mortels de la civilisation occidentale, oubliant le vieil adage : « Dieu lui-même a besoin de cloches. » En matière de guerre politique et psychologique, le masochisme américain ne prépare à coup sûr que des mécomptes et, finalement, qu'une faillite irréparable, quelle que soit l'issue militaire dont le président Johnson dit qu'elle doit permettre de s'asseoir« à la table des négociations ». Les Américains ont bonne conscience, ils se sentent forts de leur bon droit et de leur bonne foi, ils sont allés en Asie pour la même raison qu'ils étaient venus deux fois en Europe, et les accusations d'imp~rialisme, de colonialisme, ne sauraient les atteindre. Comme l'a déclaré le président Johnson dans son discours de Baltimore le 7 avril 1965, parlant des responsabilités de son pays au Vietnam:« Nous les avons assumées au même titre que nous les avions assumées pour défendre la liberté en Europe. » Cependant ces responsabilités sont incompatibles avec le masochisme qui subit passivement les attaques venimeuses, incessantes, d'ennemis sans scrupules sur les arrières du pays qui porte de si lourdes charges et endure de si grands sacrifices pour une juste cause. Faute d'une Amérique assez consciente des exigences et des implications de la guerre politico-psychologique organisée contre elle par une nuée d'ennemis dont l'Etat soviétique est le principal et le meneur, le Contrat social n'a pas l'illusion de faire contrepoids à l'énormité fantastique des moyens mis en œuvre à travers le monde pour briser le moral de la nation américaine et faire prévaloir le défaitisme à Washington. Notre ambition doit se borner modestement à éclairer quelque aspect révélateur des procédés qui servent à tromper le public ignorant et crédule, lecteur d'une presse malhonnête, auditeur de radios et spectateur de télévisions écœurantes. L'exemple choisi, à cause du nom naguère respectable de Bertrand Russell, vaut pour tout un ensemble. Donc il s'agira ici de la piètre machination dénommée · « tribunal Russell » avec son pseudo-procès tapageur des« crimes de guerre au Vietnam », 4. Sur le rôle des Américains dans le con1plot contre Diem et Nhu, cf. Mar~uerite Higgins, op. cil., qui confirme pleinement Suzanne Labin : Vietnam, révélations d'un témoin, Nouvelles Erlitions latines, Paris 1964.

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