Le Contrat Social - anno XI - n. 5 - set.-ott. 1967

B. KERBLAY sont célébrés religieusement 21 ). Ces célébrations ainsi que les fêtes civiles sont toujours une occasion de dresser la table et de trinquer. La fête serait incomplète sans l'accordéoniste et la « promenade » (goulian'e) des filles et des garçons dont les rires et les chansons se prolongent tard dans la nuit. Hier « LES VILLES RICHES se multiplient, on édifie de splendides magasins et immeubles, on construit des voies ferrées, on introduit toutes sortes de machines et de perfectionnements dans l'industrie comme dans l'agriculture ; cependant des millions d'hommes restent plongés dans Je besoin et continuent de travailler toute leur vie pour assurer seulement l'entretien de leurs familles... « Le paysan sans cheval est celui qui n'a plus rien. C'est un prolétaire ... Le paysan sans cheval n'a que faire de la terre. Les contributions indirectes ne sont pas perçues sur la terre ou sur l'exploitation rurale. Elles sont acquittées par le peuple indirectement sous forme de prix élevés sur les marchandises. L'Etat impose le sucre, l'eau de vie, le pétrole, les allumettes et les autres articles de consommation ... « A l'heure actuelle il y a à la campagne beaucoup moins d'écoles qu'à la ville... Mais ce qu'il nous faut, c'est une instruction véritable et libre et non pas celle que désirent les fonctionnaires et les popes ... chacun doit avoir pleine liberté de professer la religion de son choix mais aussi de la propager ou d'en changer ... « Les paysans étaient les esclaves des propriétaires, de même le peuple russe demeure jusqu'ici l'esclave des fonctionnaires. Les paysans sous le servage n'avaient pas de liberté civile, de même le peuple russe n'a pas jusqu'ici de liberté politique ... « Le moujik n'est qu'un petit enfant : il lui est interdit de faire un pas sans l'assentiment des autorités ! N'est-ce point là une dépendance servile... Il faut donc que les passeports soient supprimés ... que · la terre soit cultivée par les ouvriers en commun, de concert, en désignant librement des ordonnateurs parmi leurs hommes de confiance, en employant toutes sortes de machines pour faciliter le travail de façon à ne travailler par équipes que huit heures et même six heures par jour ... Et que nul fonctionnaire ne s'avise de fourrer son nez dans les affaires collectives des paysans... « La commune n'est pas une union librement consentie, c'est une union administrative. » Ces lignes datent de 1903 ; elles ont été adressées par Lénine « Aux paysans pauvres ». Elles n'ont pas été choisies pour ironiser sur le divorce toujours accablant entre les idéaux proclamés et l'action, ou pour souligner l'ambiguïté des changements dont les paragraphes qui précèdent ont cherché à montrer au contraire toute l'importance. Le problème est de rechercher la raison d'être d'une certaine conti21. Dans la province de Kalinine (Soviet. Rtnograflya, n° 3, 1959, pp. 47-56). Biblioteca Gino Bianco 311 nuité dans l'évolution, là où elle se manifeste encore, malgré les révolutions. Nous nous limiterons à trois facteurs permanents - l'industrialisation, la nature de l'économie paysanne, l'organisation de la paysannerie - que les doctrines et la praxis de ces cinquante dernières années ont marqué de leur empreinte particulière. 1. L'INDUSTRIALISATION ET LE PAYSAN. - Le « take-off » de l'industrialisation précède, d'une génération, la révolution d'Octobre. En Russie comme ailleurs, la classe paysanne a fourni les capitaux qui sont allés en priorité à d'autres secteurs que la modernisation des campagnes. Déjà sous l'ancien régime, la fiscalité et les arrérages de la dette contraignaient le paysan à commercialiser ses surplus, rachetés à bas prix par le kouptsi pour être vendus à un prix concurrentiel sur les places étrangères. Cette « accumulation primitive » a été perfectionnée lorsque la collectivisation a permis d'éliminer complètement le marché agricole et d'imposer à la paysannene l'obligation de fournir à l'Etat un volume croissant de produits agricoles sans égard aux coûts réels et aux fluctuations de la récolte. Jusqu'en 1957, plus de la moitié des céréales étaient livrables sans contrepartie monétaire. De la sorte, la . ,, ,, . consommation paysanne a ete maintenue pendant plusieurs décennies à des niveaux extrêmement bas (voir le tableau ci-dessous). Elle remonte aujourd'hui, mais les traces psycholoeiques de cette nouvelle forme de servage ne PRODUCTION NON COMMERCIALISÉE DISPONIBLE POUR LES BESOINS DES CAMPAGNES ET L'AUTO-CONSOMMATION (millions de tonnes) CÉRÉALES VIANDE Frontières de 1939 ET LARD 1909-1913 . . . . . . . . . . . . . . . 48,8 18,4 1926 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66,3 22,7 1933-1937 . . . . . . . . . . . . . . . . 43,5 14,8 1938-1940 . . . . . . . . . . . . . . . . 43,9 18,6 Frontières de 1945 1909-1913 ............... 55,3 22,0 1949-1953 ................ 53 23,5 1954-1958 . . . . . . . . . . . . . . 64 28,5 sont pas complètement effacées beaucoup assimilent le travail du kolkhoze au service militaire « otbil minimum » (j'ai fait mon temps !). Le nouveau régime n,a pas seulement accéléré l'industrialisation ce qui a permis de ,

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