Le Contrat Social - anno XI - n. 5 - set.-ott. 1967

P. BONUZZI les « centristes » (Gramsci d'abord, et surtout Togliatti) pour avoir préconisé la fusion avec le P.S~I., subit une éclipse temporaire pour reprendre, à pa~tir ~e 1926, ~e colla~rati~~ active avec la direction du Parti, et ce Jusqu a la fin de 1928, année qui marquera la conclusion de son expérience. * * * LES DOCUMENTS PRÉSENTÉS à partir de 1926 éclairent avant tout une série de problèmes qui se rattachent presque tous directement à la lutte pour le pouvoir engagée par Staline dans le P.C. de !'U.R.S.S. : « bolchévisation » des partis communistes; lutte cont~e le trotskisme, lequel deviendra peu apres l' « opposition trotskiste-zinoviéviste »; « question chinoise » et, surtout, « question allemande ». Cette dernière avait pour origine une banale affaire d'escroquerie dans laquelle était impliqué un fonctionnaire du P.C. allemand que. couvrait Thaelmann, l'homme de St~e · en raison de quoi la fraction de ' . « droite », Brandler-Thalheimer et autres, avait fait exclure Thaelmann de la direction du Parti (c'est pourquoi ce conflit dépassait de très loin l'épisode, en soi-même banal). Staline qui, après avoir fait expulser Trotski et Zinoviev, s'apprêtait à engager la lutte contre la « droite » dite boukharinienne, exigea le retour de Thaelmann à son poste et un désaveu explicite de la décision du Comité central du P.C. allemand. Cela se passait au lendemain, du VP .congrès. ?e l'I.C., lequel avait engage les sections affihees à « une plus grande vie politique intérieure, fondée sur une plus large démocratie dans le Parti »... Staline, interprétant à sa façon les thèses de ce congrès, avait opéré un brusque coup de barre à gauche : lutte contre les koulaks contre la social-démocratie et, conséquence ~sse_ntielle,contr: les tendances. « . conc!- liatrices » dans le Comintern. Cela visait évidemment Boukharine, mais aussi Tasca qui avait combattu lui aussi ces décisions et qui, selon le mot de Kuusinen, n'avait pas « appris la langue russe ». Comprenant que sa position devenait intenable, Tasca _de~an~a avec insistance son remplacement, quoiqu il fut persuadé qu'il interpré!ai t correctement _le point de vue du secrétariat ~u P.C.I.,. ré~lièrement tenu informé par lui de la situation. Une lettre personnelle et « non officielle » de Togliatti, datée du 17 décembre 1928, l'assu- . rait d'ailleurs qu'ils étaient « d'accord dans Biblioteca Gino Bianco 293 les grandes lignes ». Quelques jours plus tard, au présidium de l'I.C., Staline se déchaîna contre Tasca, l'accusant d' « opportunisme poltron ». Une nouvelle lettre, « officielle » cette fois, de Togliatti, en date du 27 décembre, l'informait de sa disgrâce. On n'en sera guère surpris. Quelques mois plus tôt, le même Togliatti avait pu affirmer devant le VIe Congrès de l'I.C. : Si nous considérons ce qu'étaient les centres dirigeants de nos partis à l'époque du V° Congrès et si nous les comparons aux centres dirigeants actuels, nous constatons qu'à peu près aucun, au cours de cette période, n'a tenu. A l'exception, sans doute, d'un seul : celui du parti communiste italien. Il ne faut pas se dissimuler, commente Berti, que pour cela le centre en question « fut contraint de payer à plusieurs reprises un prix fort élevé, un prix qui toutef~is deva~t être payé si l'on voulait sauver_ce qui pouvait l'être ». On ne saurait mieux dire que seule la « duplicité », devenue pratique éourante, avait permis à l'équipe dirigeante de survivre et de garder solidement en main les rênes du Parti. Ceux qui s'en inquiétaient furent balayés. Tasca, pour sa part, fut sommé de se justifier et de désavouer ses affirmations imprudentes. Il rédigea un rapport de quelque 300 pages dactylographiées qui portait pour l'essentiel sur les questions controversées : affaire allemande et problèmes du socialisme en Russie. Mais il refusa catégoriquement de se déjuger, ce qui lui valut l'exclusion. * * * CONNUdans ses grandes lignes avant même de paraître, le contenu du volume a suscité dans le P .C.I. des polémiques assez vives pour émouvoir les dirigeants actuels du Parti, qui s'empressèrent de passer à la contre-attaque. C'est Giorgio Amendola, réputé le plus « libéral » d'entre eux, qui fut chargé de la « contestation indispensable » des documents Tasca et, par la même occasion, de répliquer à Berti. Ce qui fut fait dans deux longs articles (cinq pages de texte serré, format « tabloïd ») publiés par l'hebdomadaire du P .C.I. 7 • Sur le fond, les proses d'Amendola n'apportent aucune rectification sérieuse. Des affirmations quant à « l'autonomie effective du P.C.I. », aux « sacrifices consentis » et aux « résultats d'un juste choix » ne tiennent pas lieu d'arguments. Pas plus d'ailleurs que le 7, Rtncucita, n°• 9 et 10, 3 et 10 mJrs 1967, ,

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