Le Contrat Social - anno XI - n. 4 - lug.-ago. 1967

250 · tre de son ouvrage, s'adressait aux bibliophiles et aux libraires, et c'est pour eux que pendant un demi-siècle il a enrichi le Manuel du libraire et de l'amateur de livres.-De nos jours, c'est aussi pour les libraires et les amateurs qu'ont travaillé Talvart et Place en rassemblant dans· un ouvrage inachevé tant de fatras et tant d'erreurs. C'est aux bibliophiles exclusivement, semble-t-il, que s'adresse Marcel Clouzot dans son petit Guide du Bibliophile français ( 18001880), à la fois si concis et si précis. D'autres bibliographes songent avant tout aux érudits. Ce fut le cas de Tourneux lorsqu'il composa sa Bibliographie de l'histoire de Paris pendant la Révolution française. C'est le cas d'André Monglond dont l'admirable France révolutionnaire et impériale approche de son achèvement. ·Et aussi de ces bibliographes qui ont fait sur des livres français antérieurs à 1800 un ouvrage difficile· à nommer puisqu'il ne porte - coïncidence malheureuse - ni nom d'auteur ni titre qui lui' soit propre1 • La différence la plus sensible entre les usagers, c'est que les bibliothécaires, les bibliophiles, les libraires partent d'un livre dont ils cherchent à vérifier les caractéristiques et à connaître l'intérêt, tandis que l'érudit s'intéresse à un sujet et veut savoir quels ouvrages s'y. rapportent. Cela devrait conduire à classer les bibliographies en deux grandes catégories : celles qui suivent l'ordre alphabétique, celles qui sont rédigées selon un ordre méthodique. Cette distinction, cependant, ne correspond pas aux faits. D'abord parce qu'une bibliographie alphabétique peut être complétée par un classement méthodique : c'est le cas du Manuel de Brunet: Et d'ailleurs, s'agissant de cet ouvrage, sa partie alphabétique est si riche et d'une information si sûre que les érudits ont toujours trouvé profit à la consulter. D'autre part, une bibliographie méthodique, si elle est complétée par un index bien fait, est couramment utilisée par les collectionneurs et les bons libraires. C'est ce qui se passe avec la bibliographie de Tourneux dont le volume de tables est composé avec un soin qui force le respect : le lecteur sait dès la première recherche si le livre qu'il a. en main est ou n'est pas répertorié par Tourneux. On remarquera notamment que Tourneux inscrit à la table, outre les noms d'auteurs avec le détail de leurs œuvres et les renvois aux notices correspondantes, tous les titres d'ouvrages anonymes, ·qu'ils aient · 1. II s'agit de la bibliographie publiée en 1956 par l'Institut national d'études démographiques (I.N.E.D.) sous le titre Economie et Population. Les doctrines françaises avant 1800, titre d'un autre ouvrage publié antérieurement dans la même collection, sous le nom d'un auteur - J.-J. Spèngler - qui n'est pas celui de la bibliographie. Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL été identifiés ou non. Cela rend son ouvrage merveilleusement maniable, et l'on souhaite qu'une table analogue vienne un jour faciliter · l'usage de la bibliographie de Monglond. Notons encore que la bibliographie de l'I.N .E.D., bien qu'elle s'adresse aux érudits, est alphabétique, ce qui la rend immédiatement utilisable par les autres catégories d'usagers. Enfin, il faut prendre garde que l'érudit n'a pas seulement besoin d'un guide qui l'oriente dans ses recherches, mais que lui aussi, s_'il rencontre un livre qui touche de quelque côté à la matière qu'il étudie, peut aimer à ·savoir - ou' avoir besoin de savoir - s'il est ou non répertorié par l~s. bibliographes, coqiment ils le décrivent, ce qu'i~s en. disent. Concluons que ·tous les ouvrages de bibliographie doivent être faits de façon qu'on puisse retrouver les ouvrages répertoriés le plus rapi~ dement possible. Ils doivent donc soit être rédigés dans l'ordre alphabétique des auteurs et des anonymes (avec table des pseudonymes et table des anonymes qui, identifiés, sont placés sous un nom d'auteur - table qui manque, par exemple, à la bibliographie de l'I.N.E.D.), soit, s'ils sont rédigés selon un ordre différent, être accompagnés d'une table conçue sur le modèle de celle de Tourneux. Si en outre les ouvrages répertoriés sont numérotés, la ·table ne doit pas renvoyer aux pages (il arrive qu'il faille lire une page presque ligne par ligne pour découvrir un nom cité), mais aux numéros (comme fait Tourneux). Reste à savoir quels livres· sont à décrire, dans quel ordre on doit les décrire, et comment il ·convient de les décrire·. · Pour répondre à ces questions, il faut évidemment connaître les intentions de l'auteur, et personne n'est mieux placé que lui pour s'expliquer à cet égard. Dans le livre dont la publication nous- offre l'occasion de formuler les présentes réflexions, l'auteur ne donne pas ses raisons. Il se borne à ·écrire : « Notre bibliographie ( ...) n'est nullement exhaustive, et ses imperfections sont nombreuses. C'est un modeste instrument de travail, destiné à venir en aide, au début de leurs recherches 2 , à ceux qui désirent approfondir leur connaissance du saint- . . s1mon1sme. » On remarque d'abord que l'auteur ne pré- · tend pas ayoir fait œuvre exhaustive, et qu'il ne se dissimule pas que soh travàil est impar2. C'èst l'auteur qui souligne.

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==