Le Contrat Social - anno XI - n. 3 - mag.-giu. 1967

LE CONTRAT SOCIAL « 2. Le plan soviétique consiste à créer partout des foyers de guerre, guerre civile, guerre étrangère, pour contraindre les Etats-Unis à intervenir en dix endroits différents et à disperser leurs forces. A ce plan s'associe le gouvernement français. « 3. Ledit gouvernement a proposé (pour masquer son embarras et son impuissance) une réunion des quatre Grands (dont l'un, la GrandeBretagne, n'est plus que puissance moyenne et un autre, la France, un petit Etat). Cette réunion eftt été évidemment flatteuse pour l'amourpropre (et la radio, à. ce propos, a mené grand tapage). Elle n'était que faux-semblant : Brejnev n'a pas armé Nasser pour l'inviter à la paix. Les Soviets n'ont donc pas répondu : ils acceptent que la France les aide, s'agite à leur profit, mette le désordre partout où elle peut. Ils ne prennent pas la peine de lui marquer leur considération distinguée (...). Le théâtre le plus réussi ne s'accompagne pas nécessairement de puissance réelle. « 4. Il paraît donc incontestable que les Soviets, avec la complicité plus ou moins affirmée et utile de la France, ont engagé dans le MoyenOrient une action de grande envergure. Depuis 1956, ils ont beaucoup étendu leur mainmise et consolidé leurs positions. La Voix du Nord résume ainsi la situation : Les Soviétiques sont installés au Caire et à Damas où ils ont su se rendre indispensables et mettre leurs gens en place. Après huit ans d'exil passés à l'Est, le dirigeant du P.C. syrien, Khaled Bagdache, est de retour au bercail. Membre du Comité central du parti communiste, Samith Attieyh est également le ministre des· Communications de Syrie. Le premier ministre de la R.A.U., Sedky Soliman, est décoré de l'ordre de Lénine et ~résident des Amitiés égypto-soviétiques. Les Russes contrôlent de larges secteurs de la mer Rouge où viennent mouiller leurs sous-marins. Ils sont également présents à Bagdad d'où ils pratiquent une politique de sourire à l'égard de Beyrouth. L'Union soviétique apparaît comme la protectrice de régimes qualifiés de « révolutionnaires » qui, sans elle, auraient des difficultés à se maintenir en place. Tous les pays arabes recevant une aide de l'Occident mais pratiquant une politique « de gauche » ont répondu à l'appel de Nasser; les monarchies arabes hostiles au leadership égyptien et même la République du Liban, tournée vers l'Occident, n'ont cependant pas osé se désolidariser de ce qui est considéré par le monde musulman comme une cause sacrée susceptible de déclencher une « djihad », une guerre sainte. « 5. Comme la France, jusqu'à ces dernières semaines, fournissait à Israël ses armes et ses avions, elle se trouve dans l'inconfortable position de soulever la méfiance de tout le monde. A force de machiavélisme, on risque de perdre la face partout. « Ce qui ne permet pas de considérer les choses avec confiance, c'est que Nasser s'est engagé à fond et qu'Israël ne peut pas reculer. C'est pour l'État juif une question de vie ou Biblioteca Gino Bianco 193 de mort. Céder aux Arabes, c'est admettre pour demain une nouvelle capitulation et disparaître. Mais on voit quelle duperie est l'aide de l'Occident aux États arabes du tiers monde : elle leur sert à préparer la guerre. Si les États blancs n'avaient pas gorgé d'argent et de fournitures ces gouvernements, ils seraient bien obligés de se tenir en repos, car !'U.R.S.S., à elle seule, ne peut armer et nourrir les trublions du monde entier. « Puisque nous faisons un retour sur le passé, nous serions aussi curieux de savoir si, au département d'État de Washington, un certain nombre de fonctionnaires se rappellent encore qu'en 1956 les États-Unis, au lieu de neutraliser les Soviets (qui se conduisaient si humainement à Budapest!), se sont entendus avec eux pour arrêter l'expédition franco-anglo-israélienne, faire tourner notre victoire en retraite et sauver Nasser qui était perdu? Sont-ils fiers d'eux? Jugent-ils que feu Dulles fut un grand homme?» Post-scriptum La périodicité d'une revue bimestrielle ne permet pas de se tenir à l'alignement de l'actualité. Au dernier moment, il nous reste juste le temps et la place de mentionner, à titre de complément à deux de nos articles : Svetlana Allilouieva, dans un article publié aux Etats-Unis mais dont le te.xte entier n'est pas parvenu en France avant notre tirage, semble admettre la version du suicide de sa mère. Cela n'a rien d'étonnant puisque son information vient de sources tendancieuses et cela n'atténuerait en rien la culpabilité de Staline. Mais il faut attendre que Svetlana lise le livre d'Elisabeth Lermolo; Quatre-vingt-deux écrivains soviétiques, stimulés par l'exemple de Soljénitsyne, ont souscrit à la lettre courageuse dont le texte paraît d'autre part. Ainsi l'admirable écrivain russe persécuté par le régime post-stalinien n'est plus seul, son attitude exemplaire a déjà réveillé des consciences et n'a pas fini de susciter des échos qui vont se répercuter dans les profondeurs de l'Union soviétique. Notre revue reviendra sur ces thèmes de grande importance, ainsi que sur l'agression soviéto-arabe qui prétendait annihiler le minuscule Etat hébreu et en exterminer la population. Sans aucune aide extérieure, livrée à elle-même et menacée de toutes parts, l'armée d'Israël a riposté sur trois fronts contre des ennemis fanatisés cinquante ( ?) fois supérieurs en nombre et les a militairement vaincus en une semaine, malgré l'opposition scandaleuse du prétendu « Conseil de sécurité » des Nations soi-disant unies docile au chantage communiste. Mais la guerre politico-diplomatique se poursuit, plus envenimée que jamais, et donnera longtemps matière à de nouveaux commentaires. - Une fois de plus, la liste des livres reçus doit être reportée à notre numéro suivant, faute de place.

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