Le Contrat Social - anno XI - n. 2 - mar.-apr. 1967

126 publication française et anglaise, mais il parut en avril 1939 pour la première fois*) ; le « testament » de Lénine ; les critiques de Rosa Luxembourg contre Lénine (1904 et 1918), ainsi que de nombreux documents sur les dernières et si importantes discussions entre bolchéviks au lendemain de la mort de Lénine. Qu'il nous soit cependant permis de signaler quelques erreurs. Tout d'abord un « mastic » qui a dû se produire au moment de la mise en pages : le dernier paragraphe de la page 102 ne provient pas de Travail salarié et capital} mais du Capital (livre I, chap. 5); les deux paragraphes suivants (pp. 102-103) sont tirés de Travail salarié et capital, comme indiqué, mais il y a erreur sur la date : il faut lire 1849 au lieu de 1865. L'auteur a eu tort (p. 188) d'intituler « La crise de sous-consommation » l'extrait sur les crises (on sait que Marx s'élevait contre la thèse de Sismondi). A la page 255, ce n'est pas Arturo, mais Antonio Labriola qu'il faut lire. A la même page ·: Frédéric Adler n'a jamais été du nombre des « grands théoriciens » marxistes - il ne prétendait d'ailleurs pas à ce titre. Enfin, page 257, Edouard Bernstein ne peut passer pour le « maître » de Kautsky, dont il n'était que de quatre ans l'aîné. Le recueil est précédé d'une chronologie de 12 pages, qui va de 1750 à 1964 (principaux événements et dates de publication des écrits des auteurs cités), ce qui permettra au lecteur de s'orienter facilement. Souhaitons que cet excellent ouvrage connaisse bientôt une nouvelle édition. * * * LUCIENLAURAT. KosTAS PAPAIOANNO:U L}Idéologie froide. Essai sur le dépérissement du marxisme. Paris 1967, Jean-Jacques Pauvert édit., 187 pp. CE PETIT OUVRAGEcomplète utilement le gros volume sur Les Marxistes dont nous venons de rendre compte. Cette « brève évocation du dépérissement du marxisme dans ses - différentes phases successives », appuyée sur bon nombre de textes, va de la condamnation de toute orthodoxie, voire de l' « esprit de parti », par Marx-Engels, jusqu'à la « monopolisation de la vérité », à l'extinction de tout • Rappelons que cet article a été reproduit dans la présente revue (sept.-oct. 1965) sous le titre : Capitalisme d'Etat ou économie totalitaire? BibliotecaGino Bianco .., , LE CONTRAT SOCIAL esprit cr1t1que au nom même du marxisme, jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'une « idéologie froide » - nous serions tenté de dire : une i4éologie refroidie, en employant ce participe dans son acception argotique. Cette évolution commence avec Lénine, elle s'accélère ·après sa mort avec l'invention du « léninisme », elle se précipite sous Staline. Chez Lénine déjà on constate « un renversement inattendu d'une des propositions fondamentales du marxisme : ce n'est plus l'être qui détermine 1a conscience », mais l'inverse. Papaioannou parle à juste titre de la « conception fanatique, intolérante, littéralement obscurantiste » que Lénine a de la science. Et il pose une question : Mais qui aurait pensé que [sous les successeurs de Lénine] le marxisme allait servir d'alibi idéologique à une prétendue avant-garde dont l' « envie cléricale, de domination », aussi peu commune que son indigence intellectuelle, serait nourrie, stimulée et finalement portée à son paroxysme par, l'illusion de l'omniscience qu'elle irait puiser dans les simplifications marxistes ? Il est impossible de rendre pleinement compte d'un ouvrage aussi riche. Aussi devons-nous signaler seulement ce qui paraît particulièrement important et présenter quelques réflexions. Par exemple, l'auteur souligne un fait auquel l'Occident n'a guère prêté attention jusqu'ici : comment a-t-il été possible que les mêmes hommes qui, pendant des décennies, avaient porté Staline aux nues, consentissent du jour au lendemain à ne plus parler d~ ses « qualités lumineuses », voire à ne plus parler du tout de lui, à le traiter en « non-person » ? Staline vivant, ils eussent durement expié leur tiédeur dans la flagornerie ; sous Khrouchtchev, ils risquaient beaucoup moins à contipuer de parler de Staline, sans trop d' élogès bien entendu, mais en le mentionnant tout de même. Papaioannou emploie ici un terme on ne peut plus heureux : il parle d'une « mithridatisation à l'idéologie obsessionnelle ». En effet, les robots de l'agitprop avaient depuis longtemps perdu contact avec la doctrine (si tant est qu'ils l'aient jamais connue) ; ils étaient payés pour diffuser les slogans , de Staline baptisés « doctrine », comme d'autres pour faucher le blé ou arracher les betteraves, de sorte que rien ne les empêcha ensuite de diffuser les mots d'ordre des successeurs. Reste à savoir si ce processus· d'étatisation et de monopolisation d'une théorie, viciée déjà sous Lénine et dépouillée sous et par Staline

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