Contes et nouvelles CONFESSION D'UN JUIF SOVIÉTIQ!lE par G. Krotkov La judéophobie communiste que Staline et ses acolytes ont introduite et pratiquée dans la vie soviétique quelque temps après la mort de Lénine allait tourner au judéicide quand les sinistres desseins de Staline furent déjoués par le sort en mars 1953. Aucun doute ne subsiste sur ce chapitre, quelque soin que prennent les partis communistes et leurs alliés afin de dissimuler la vérité. Pour être devenue moins meurtrière, la judéophobie communiste n'en subsiste pas moins, · officielle, sous les disciples et successeurs de Staline. Elle sévit d'autant plus à l'aise qu'elle peut compter en Occident non seulement sur la complicité morale des communistes, mais sur celle de leurs compagnons de route, pseudo-progressistes, pseudo-libéraux, << intellectuels de gauche >>, associations genre <c Amis de !'U.R.S.S. >> et <c France-U.R.S.S. >> dont Moscou tire les ficelles. Le thème est trop Vous POUVEZ me croire ou ne pas me croire. C'est votre affaire. Mais laissezmoi vous dire : j'ai cinquante ans, sur ces cinquante années, j'ai été cinquante ans un juif soviétique et je suis fatigué. Oh ! je suis fatigué d'être un juif soviétique. Vous savez combien on m'en a fait voir ? Non, vous ne le savez pas. Mais moi je le sais. Et vous pensez que tout cela est fini ? Vous pensez malgré tout que cela est bien fini. Je vais vous dire : si du temps de Staline on vous fourrait en prison, par exemple parce qu'il arrivait à certains d'entre nous de se rendre parfois à l'ambassade d'Israël, maintenant que Staline n'est plus, j'ai très peur, mais alors très peur, que l'on ne me boucle, par exemple parce que je ne vais pas à l'ambassade d'Israël. Quoi ? Vous ne saisissez pas ? Fort bien. Je vais vous expliquer et vous allez comprendre. Biblioteca Gino Bianco vaste et offre trop d'aspects pour ·;e laisser traiter en quelques lignes. On y reviendra ici plus à loisir, quand un commentateur compétent pourra s'y mettre. De notoriété publique, l'Union soviétique arme à outrance les Etats arabes pour exterminer, l'heure venue, la population d'Israël et prolonger, dans la mesure de ses moyens, l'œuvre génocide d'Hitler. Mais que se passe-t-il à l'intérieur de ses frontières? Des livres, des brochures, des articles ont paru à ce sujet, qui ont peu d'écho et sur lesquels retombe vite le silence. Or voici que la littérature et l'humour s'en mêlent, un humour mitigé de sous-entendus discrets qui en disent long pour peu qu'on veuille bien se mettre à la place des << humiliés et offensés >>. Certes, maintes allusions et beaucoup de nuances se perdent à la traduction. Ce qui reste mérite néanmoins toute l'attention du lecteur. Je suis un homme modeste et ne parlerai pas de moi; cependant mes livres ont été traduits en plusieurs langues étrangères et, semble-t-il, jusqu'en japonais. Je n'écris pas sur la poli tique, j'écris sur les enfants. On me connaît. Les juifs moscovites sont même fiers de moi et certains estiment que c'est moi, moi qui vous parle, et non pas ce Judas d'Ehrenbourg, qui devrais être à la tête du « patriarcat » juif de Moscou. Naturellement, on sait qui je suis à l'ambassade d'Israël. Ce ne sont pas des idiots, eux aussi ils lisent des journaux, des livres. Ils s'intéressent à la vie des juifs soviétiques, si l'on peut appeler cela une vie. C'est pour eux une nécessité. C'est leur pain. Et voilà que sous Staline ils m'ont invité à leurs raouts diplomatiques. Mais oui, on m'envoya par la poste des cartes d'invitation impri-
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