Le Contrat Social - anno XI - n. 1 - gen.-feb. 1967

LE CONTRAT SOCIAL sances envers les Etats communistes, lesquels font ce qu'il faut pour cela, tandis que les Etats-Unis s'en désintéressent. Le New York Times ne cesse de verser son encre au moulin du Vietcong communiste; ses éditoriaux paraphrasent tous les thèmes de la propagande élaborée à Moscou et à Pékin; son envoyé SJ?écialà Hanoï, Hàrrison Salisbury, pourtant bien discrédité par ses articles prostaliniens de naguère, se surpasse par l'hypocrisie de ses correspondances écœurantes. Le Figaro ne rougit pas de les reproduire et son représentant à Washington les présente en osant écrire : « M. Salisbury est un journaliste très honorablement connu. Son objectivité n'est contestée par personne aux Etats-Unis» (28 décembre 1966). Or ce Salisbury, au contraire, est très péjorativement connu en tant que serviteur invétéré du stalinisme. Quant au Monde, sa dévotion au totalitarisme soviétique et aux succédanés chinois, albanais, arabe et nègre de ce régime n'est plus à signaler, étant de notoriété publique. A tant de références déjà données ici, nous n'ajouterons cette fois qu'un exemple entre mille des procédés fallacieux de ce -journal. Dans son numéro du 11 octobre dernier, on lit un titre d'après lequel« le philosophe américain Corliss Lamont» accuse MM. Johnson, Rusk et McNamara de vouloir « abuser le peuple américain et le monde». De plus, le philosophe en question convie M. Cabot Lodge à mieux « apprécier la sagesse du président de Gaulle». Le Monde se garde bien de spécifier, pour ses lecteurs qui n'en savent rien, que son philosophe, millionnaire perverti, fils de Thomas Lamont, le richissime banquier associé de J. P. Morgan and Co, est depuis plus de· trente ans un apologiste éhonté des crimes de Staline. Exonéré du soupçon de vénalité en raison de sa fortune personnelle, ce « philosophe» de malheur relève par conséquent de la médecine appliquée à la débilité mentale : le Monde s'est trompé de rubrique. On n'en finirait pas de noter les multiples avatars de l'imposture communiste en matière de guerre froide, parallèle au terrorisme déchaîné en Indochine et aux combats sanglants qui font là-bas de si nombreuses victimes. Il faudrait aussi mettre en cause la RadioTélévision française, plus convaincante encore que la presse pour tromper le public crédule et désarmé devant tant d'artifices. Mais cela exigerait du commentateur une endurance dont il n'est pas capable : plutôt fuir ce débordement d'insinuations malpropres, de dénigrement sournois, de malveillance systématique Biblioteca Gino Bianco 65 envers un pays dont on se dit toujours solidaire en vertu d'une « alliance». Un rédacteur du Figaro, novice ou mal avisé, a pu écrire le 1er septembre 1966 au sujet d'un colloque télévisé sur le Vietnam : « Puisque seule la présence (sic) américaine était mise en cause, on aurait souhaité que des personnalités américaines puissent davantage justifier la politique de Washington. Or tous les journalistes présents la condamnèrent plus ou moins.» Mais il n'a pas, que l'on sache, réitéré une objection de ce genre, peu discernable dans le corps du journal. Un des plus beaux succès dont puissent se flatter les communistes, maintenant qu'ils ont presque partout le champ libre, est le concours qu'ils obtiennent des Eglises, dans leur entreprise camouflée en pacifisme. Il ne se passe guère de jour sans manifestation ecclésiastique dans le sens d'une pression sur Washington pour donner gain de cause à leur impérialisme. En témoigne particulièrement la levée de crosses et de goupillons à propos d'une banale déclaration du cardinal Spellman exhortant les soldats américains à lutter jusqu'à la victoire. Sans s'immiscer dans une querelle de famille, on ne résistera pas ici à la tentation de citer un entrefilet dissimulé pudiquement au bas d'une colonne du Monde (13 janvier), sans le moindre titre qui eût attiré le regard, et que seul un mauvais esprit pouvait détecter dans la grisaille d'une typographie par trop discrète : Un groupe de catholiques du diocèse de Rouen regrette, dans un tract tiré à quinze mille exemplaires qui a été distribué aux portes des églises, que le cardinal Martin, archevêque de ce diocèse, ait déclaré dans une interview, en réponse aux affirmations du cardinal Spellman sur la guerre au Vietnam : « On ne défend pas une civilisatio1i dite chrétienne à coups de canon et de bombes » (voir le Monde des 1 ~r -2 janvier). « Monseigneur, lit-on notamment, vous n'avez pas dit la même chose en 1944 des alliés qui nous ont lib§-rés de l'occupation allemande. Monseigneur, faut-il décanoniser Saint Louis et Jeanne d'Arc qui, tous deux, sortirent l'épée contre l'ennemi de la foi ou de la patrie ? >> Contrairement à vos dires, en 1952, l'intervention victorieuse des armées américaines et alliées sauva la Corée du Sud ; en 1956, par contre, la non-intervention a permis l'écrasement du peuple hongrois par !'Armée rouge, et vous pourriez demander au cardinal Mindszenty ce qu'il en pense si vous n'en étiez empêché par ses geôliers communistes. » Il etît été dommage que ce tract passât inaperçu, pour une fois que le Monde a daigné insérer quelques lignes d'une prose aussi subversive, ftît-ce avec la plus mauvaise volonté du ... monde.

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