L'OBSERVATOIRE des deux Mondes Polémiques sur le Vietnam DANS le traditionnel « Message sur l'état de l'Union» présenté au Congrès des Etats-Unis le 10 janvier, le président Johnson n'a pas embelli les perspectives de la guerre au Vietnam. Il s'est exprimé en ces termes : Nous avons affaire à un adversaire opiniâtre qui s'est mis en devoir de recourir à la force et à la terreur pour régler des questions politiques. J'aurais désiré pouvoir vous dire que le conflit est presque terminé. Je ne puis le faire. De plus lourdes dépenses, de plus fortes pertes, de plus vives angoisses nous attendent. Car la fin n'est pas pour maintenant. Je ne puis vous promettre qu'elle surviendra cette ann 1§·e - ou l'an prochain. Notre adversaire croit encore qu'il peut poursuivre la lutte plus longtemps que nous ne sommes prêts, nous et nos alliés, à lui résister. Les communistes, en effet, croient toujours tenir le bon bout. Ils sont obsédés par le précédent de la guerre de Corée, terminée sur un compromis résultant d'une campagne pacifiste sans précédent à travers le monde. Le rappel du général Mac Arthur sans que son remplaçant reçoive mandat, et les moyens, de combattre pour vaincre, puis la surenchère électorale américaine qui a dicté au candidat Eisenhower l'engagement d'en finir n'importe comment, tels furent les faits majeurs qui, en connexion avec la propagande communiste et les pressions humanitaires, ont permis à Moscou et à Pékin de chanter urbi et orbi victoire sur 1' « impérialisme». Un thème essentiel de la campagne pacifiste dont les sans-scrupules conscients du « marxisme-léninisme» tiraient les ficelles, c'était alors comme· en maintes circonstances, et comme de nos jours, le prétendu danger de guerre mondiale découlant d'une guerre partielle. A présent, la machination tentaculaire qui harcèle le gouvernement des Etats-Unis, coupable de tenir parole vis-à-vis de ses partenaires en Asie du Sud-Est, a pris des proportions fantastiques dont les dirigeants communistes, à Hanoï autant ·qu'à Moscou et à Pékin, escomptent un effet décisif lors des élections américaines de 1968. L'ex-vice-président Nixon leur a donné raison d'avance, prévoyant pour ce moment-là une vague américaine de pacifisme irrésistible, faute de. décision militaire obtenue en temps utile. Il est concevable que BibliotecaGino Bianco la plupart des jeunes hommes mobilisables et leurs familles se rallient à un parti d'opposition si une guerre lointaine et mal expliquée leur paraît engagée dans une impasse. On comprend· aussi que des millions d'électeurs soient pris de panique si la propagande ennemie, sans süsciter de réplique efficace, leur ouvre les perspectives imaginaires d'un cataclysme nucléaire. Il appartient donc aux dirigeants responsables, à Washington et à Saïgon, d'agir en conséquence, s'ils en sont capables. Les stratèges du Café du Commerce en France et ailleurs perdent leur temps à donner leur avis aux Américains et à prodiguer des mises en garde. De même les soi-disant« intellectuels» de gauche (voire de droite) qui s'indignent, protestent, menacent, pétitionnent, signent et contresignent des papiers de toutes sortes en faveur des communistes agresseurs et qui, sous prétexte d'abréger cette guerre, contribuent quelque peu à la prolonger puisqu'ils entretiennent les agresseurs communistes dans la conviction de gagner la partie tôt ou tard. Les Américains font la guerre pour tenir des engagements conclus de concert avec les Français, les Anglais et d'autres, ce que prouvent les textes officiels qui stipulent de ne pas permettre une invasion communiste au sud du 17e parallèle. Ils font la guerre tant bien que mal, à leur corps défendant, comme ils savent ou croient savoir la faire, et non comme les« intellectuels» de gauche ou de droite voudraient qu'ils la fissent. Les seules démarches efficaces pour en finir seraient donc celles qui feraient pression sur les communistes, ·seuls -responsables de cette guerre, de sa durée, de ses horreurs. - Les opérations militaires ne sont pas de notre ressort ni de notre compétence. Ce qui nous · regarde, c'est la politique, inséparable de la morale, contrairement aux idées courantes de théoriciens cyniques qui les séparent. Il s'agit de savoir si la conquête communiste, tolérée sous ses formes insidieuses dans les États décadents' et les démocraties avachies, sera subie ou sera endiguée là où elle se déchaîne sous ses formes terroristes et militaires. Des pays de l'Asie du Sud-Est ont conclu le 8 septembre 1954 avec les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Australie et la- Nouvelle-Zélande un traité de défense collective
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