Le Contrat Social - anno X - n. 4 - lug.-ago. 1966

S. UHALLEY Le point de départ de la campagne a été abondamment mis en lumière dans tous les articles qui lui furent coiisacrés. Le Parti craint que la jeune génération ne manifeste pas assez d'enthousiasme pour la révolution. La jeunesse chinoise, qui a grandi sous le régime actuel depuis ·son établissement en 1949, manque d'expérience personnelle en ce qui concerne l' « oppression » et l' « exploitation de classe » contre lesquelles fulmine le Parti. Les dirigeants estiment que la jeunesse est insuffisamment armée pour mener la lutte de classes. Beaucoup, parmi la jeune génération, trouvent que les discussions sur les différences existant entre l'ancienne société et la nouvelle sont assommantes et n'ont rien à voir avec leurs intérêts ·immédiats. Ils tendent à n~ se former qu'une conception abstraite du rôle de cette lutte de classes que la doctrine officielle considère comme l'axe du mouvement de l'histoire. Les autorités doutent que les jeunes comprennent les dures épreuves de leurs aînés. Ecrites par la génération ancienne, les « quatre histoires » font partie de l'effort tendant à fournir les « matériaux vivants » qui permettront aux jeunes d'apprendre ce que c'est que « l'oppression, l'exploitation et la lutte de classes ». Les autorités escomptent ainsi élever leur conscience de classe et les mettre à même de poursuivre avec ardeur la tradition révolutionnaire du Parti 11 • Sources disponibles A CE JOUR, les jugements portés sur les résultats acquis offrent également un aperçu de la tension apparemment inévitable et continuelle entre les « rouges bon teint » et les spécialistes. Les historiens professionnels, et aussi les historiens amateurs qui ont le sens de ce qui a de la valeur pour leur discipline, considèrent probablement le mouvement comme une bonne occasion de rassembler des informations utiles. Ils soulignent le besoin d'une documentation à l'appui et la nécessité de faire appel à des informations exactes sur des sujets autres que ceux qui présentent un intérêt personnel immédiat pour l'auteur lui-même. Si les témoignages oraux, tels que l'histoire d'un vieil ouvrier ou d'un paysan chevronné, peuvent offrir une documentation utile, l'historien doit prendre garde que des matériaux de ce genre sont fonction des œillères de l'individu. 11. • Soyez Jugea... •• Quotidien du peupi.. Biblioteca Gino Bianco 221 Ce point faible pourrait être en partie corrigé par des doruments complémentaires qui ne corroboreraient pas seulement l'expérience d'un témoin unique, mais projetteraient la lumière sur les circonstances générales et les relations cachées de cause à effet qui entourent les événements relatés. La documentation idéale est peut-être mince, mais tel écrivain chinois est d'avis qu'il existe un grand nombre d'informations indirectes disponibles 12 • Exemples : les titres de propriété, les jugements écrits rendus par les tribunaux « fantoches », les papiers de famille et de clan, les journaux locaux de l'époque prérévolutionnaire, etc. Ces matériaux, présume-t-on, fourniront des cas d'espèce excellents pour démontrer telle ou telle forme d'exploitation de classe. L'historien authentique a cependant conscience qu'ils peuvent également témoigner en faveur de la justice et de l'harmonie sociale - mais ce sentiment il le garde pour lui. Le même écrivain ne se borne pas à recommander une documentation minutieuse. Il invite aussi les historiens amateurs à soumettre leurs sources à une critique sévère pour déterminer leur valeur exacte. Afin de se confarmer aux règles de l'érudition, l'historien, qu'il soit amateur ou professionnel, doit contrôler, comparer, analyser avec soin les matériaux choisis, ou bien s'abstenir de les utiliser. Dans l'avenir DE MÊME, l'historien doit se soucier davantage de la valeur historique que de la qualité littéraire de son œuvre. Si le caractère fruste du langage populaire peut d'aventure rehausser son attrait aux yeux des masses, les érudits n'ignorent pas que l'authenticité passe avant le style 13 • Autre problème : la nécessité de coordonner la rédaction et la compilation des « quatre histoires » avec les diverses monographies locales que l'on trouve dans les archives des sien (provinces), tehou (districts) et siang (villes). Bon nombre de celles-ci devraient être prospectées, analysées et mises en forme pour pouvoir ensuite être utilisées. De plus, .les œuvres elles-mêmes devraient être ·conçues 12. LI Kal : • Le problôme de ln rédaction actuelle des .. quatre hl1tolre11 ", ln Koana-min(] jeu-pao, Pékin. 6 oct. 1965. 13. Ibid. ,

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