Le Contrat Social - anno X - n. 3 - mag.-giu. 1966

L'OBSERVATOIRE des deux Mondes Vietnam : l'âge du bonze CE TITRE est emprunt{ au New York Times du 20 avril qui, dans un article daté de Saïgon, expose les conditions dans lesquelles les bouddh!stes, ou plus exactement une partie d'entre eux, profitent de la présence protectrice américaine pour jouer leur propre jeu politique dans le Sud-Vietnam, au détriment de la résistance à l'invasion communiste. Le« bonze égocentriste » Tri Quang estime sans doute que, les Américains tenant le Vietcong en respect, les circonstances sont favorables pour postuler un rôle politique majeur, prélude à la création d'un Etat conforme au sens bouddhiste de l'histoire. La révocation du général Thi, d'appartenance bouddhique, a fourni le prétexte à des manifestations de rues non seulement à Hué et à Danang, en Annam, où domine le bouddhisme, mais à Saïgon aussi, manifestations hostiles au gouvernement du général Ky et tendant à exiger des élections pour instaurer un pouvoir civil. Les catholiques ont manifesté à leur tour, les étudiants ont suivi cet exemple, et comme les communistes s'infiltrent partout, les slogans hostiles aux Américains ont coulé à pleins bords. Dans cette pagaille indescriptible et surtout inqualifiable dont le Vietcong est seul bénéficiaire, le général Ky ne manque aucune occasion de se taire, tantôt pour se dédire, tantôt pour se contredire. La présence américaine seule permet ces dissensions insensées pendant que l'armée se bat pour faire échec au soi-disant Front de Libération nationale, appareil militaire du communisme. Que prenne fin cette présence, et le Vietcong se chargera de laver les cerveaux bouddhiques, catholiques et autres de façon à rétablir l'ordre. Pendant que les Américains poursuivent leur demi-guerre en épargnant les organes vitaux de l'ennemi communiste et en renouvelant constamment leurs invites à des négociations de paix, ce qui confirme les communistes vietnamiens, russes et chinois dans leur volonté de ne rien céder, la propagande communiste gagne du terrain partout dans le monde sous le masque du pacifisme et de l'humanitarisme. En France notamment, des groupements et associations plus ou moins bouddhistes en leur genre multiplient leurs déclarations hypocrites en faveur de la paix et du Vietnam, en réalité pour contribuer à l'indécente campagne anti-américaine qui bat BibliotecaGino Bianco son plein en utilisant n'importe quels prétextes. Campagne alimentée abondamment par les Américains eux-mêmes qui règlent des comptes politiques sordides alors que leur pays est en guerre. Interrogé par la Radio française, un porteparole des services américains d'information à Saïgon tint à peu près ce langage : nous n'ignorons pas les diffamations dont nous sommes l'objet, mais il faut se faire une philosophie (sic) et accomplir son devoir comme si de rien n'était. Autrement dit, c'est la théorie du do nothing en matière de guerre politique. Tant de vies humaines sacrifiées de part et d'autre pour qu'un sénateur stupide, ou un groupe de sénateurs à Washington, se fasse l'interprète de la « conscience universelle», laquelle d'ailleurs n'existe pas, et impose une retraite lamentable déguisée n'importe comment, au seul profit du communisme asiatique et avec les conséquences effroyables qui devront s'ensuivre. Les Américains ont pris pied au Vietnam à leur corps défendant, à cause de la défaillance française, et ils sont pris dans un engrenage fatal sans l'avoir prévu, alors qu'ils se croyaient capables de rétablir le statu quo défini par les accords de Genève afin de se retirer au plus tôt. Leurs moyens matériels et la valeur de leurs troupes sont tels que l'ennemi ne peut espérer les vaincre par les armes. Mais pour ce qui est de la démoralisation « à la base» et sur les arrières, les communistes s'y entendent, avec l'absence de scrupules qui les caractérise quant aux camouflages. Dans la guerre politique ou psychologique, le temps travaille nécessairement contre les Américains qui se refusent à voir le danger là où il est et qui sont des enfants par rapport aux cyniques de Moscou, de Pékin et d'Hanoï. Aussi la stratégie américaine ne vaut-elle qu'à condition de la mettre en œuvre sans spéculer sur une longue durée, donc en frappant vite et fort. Les ménagements observés dans l'espoir de dissuader les communistes d'insister ont un effet exactement contraire. Et la temporisation ne favorise que les « sans-scrupules conscients» en leur permettant de rallier d'innombrables inconscients à leur cause funeste, déguisée en vertu pacifiste, en droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et autres sornettes mensongère.s. Les cris aigus des Chinois chatouillés, à propos d'un de leurs avions abattu par la

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