Le Contrat Social - anno X - n. 3 - mag.-giu. 1966

180 mands en ont eu vent et ont arrêté Horthy. Il faut croire que maintenant va se former un gouvernement nouveau, national. Tel est le tableau de la situation dans les Balkans. Molotov dit que la Yougoslavie n'est pas encore entièrement nettoyée des Allemands. Staline en convient et dit qu'elle sera entièrement nettoyée, que l'opération est en cours. Malheureusement, jusqu'à ces derniers temps, nous n'avons pas pu beaucoup aider la Yougoslavie, mais cependant nous avons fourni de l'aide et nous continuerons de le faire. Si en Hongrie se constitue un gouvernement démocratique, nous nous efforcerons de l'aider et de retourner la Hongrie contre l'Allemagne. · De Gaulle déclare qu'il est reconnaissant pour tout ce qu'a dit le maréchal Staline. De Gaulle ·dit que la France a été libérée il y a seulement trois mois, qu'elle en est encore à rassembler ses forces et que pour le moment elle fait peu, mais fera de plus en plus pour rétablir des relations normales avec les autres Etats. La première chose dont la France s'occupe maintenant, c'est d'effectuer un tournant vers Moscou. En proposant un pacte d'assistance mutuelle, la France compte aussi éclaircir d'autres questions. En ce qui concerne les autres Etats, le gouvernement français est heureux de constater que la position de l'Union soviétique vis-à-vis de ces Etats tend au maintien de leur indépendance et de l'amitié avec eux, ainsi qu'au développement de l'amitié avec l'Union- soviétique et avec la France, au progrès de ces Etats dans le sens de la démocratie. Les Français considèrent les élections au suffrage universel comme une base démocratique. De Gaulle ajoute que les Français sont satisfaits de la politique menée par le gouvernement soviétique vis-à-vis de tous les Etats satellites .de l'Allemagne. Les Français désirent agir en accord avec le gouvernement soviétique. Pour le moment, ils ne peuvent faire encore que peu de chose, mais dans l'avenir, ils feront davantage et ils comptent agir en accord avec les Alliés et surtout avec l'Union soviétique. Staline dit qu'il pense que nous nous comprendrons mutuellement. · Staline dit que de Gaulle, semble-t-il, a refusé de faire un voyage sur le front où il s'apprêtait à partir pour rendre visite au régiment d'aviation « Normandie ». De Gaulle dit qu'il n'a pas refusé de le faire, mais que le mauvais temps ne lui permet pas de se rendre en avion sur le front. Staline dlt qu'il paraît que de Gaulle voulait que les aviateurs de« Normandie» soient rappelés du front à Moscou. Staline dit que cela a été fait. BibliotecaGino Bianco LE CONTRAT SOCIAL De Gaulle remercie. Puis de Gaulle dit que Bidault voudrait dire quelques mots. Bidault dit que lors des conversations antérieures a été abordée la question de l'organisation internationale de la sécurité. Bidault dit que le texte du projet d'accord qui a_été remis à la partie soviétique par les Français propose la création de ladite organisation. Cela ne signifie cependant pas que le traité sera subordonné à la création de l'organisation internationale de la sécurité. De Gaulle explique que le pacte proposé ne dépendra pas de cette organisation de la sécurité et ne contiendra aucune sorte de restriction. Ce pacte .est proposé sans aucune condition. Bidault déclare que dans la question de la création d'une organisation internationale de la sécurité, la ligne du gouvernement français est la suivante. Premièrement, à la tête de l' organisation doit se trouver un organe collectif corn- . posé des représentants des grandes puissances qui portent la responsabilité fondamentale du maintien de la paix et sur lesquelles repose le poids principal de la conduite de la guerre. Deuxièmement, les Français estiment indispensable que les petits pays aient la possibilité de participer à l'organisation et d'exprimer leur avis. Bidault dit que le gouvernement français estime que lorsqu'on décidera des questions concernant les gran~es · puissances, il faudra observer le prin_cipe de l'unanimité. De Gaulle dit qu'il ·faut éviter de recommencer les séances de l'Assemblée générale de la Société des Nations où les petites puissances pouvaient casser n'importe quelle décision parce que l'unanimité y était requise. Bidault dit qu'il faut que l'organisation internationale de la sécurité soit dirigée et orien_tée par le concept des grandes puissances, mais que les petites puissances devraient participer à l'assemblée,. aux délibérations, sans pour cela élaborer des règles obligatoires pour tous. En outre, déclare Bidault, l'organisation internationale de la sécurité doit avoir une force à sa disposition. A ce propos, le gouvernement français estime que pour ce faire il ne faut pas · mettre ,Sur pied une armée internationale où entreraient des hommes n'ayant pas de patrie. Le gouvernement français considère que les unités militaires .qui sont à la disposition de l' organisation internationale de la sécurité doivent conserver leurs particularités nationales, mais être placées sous le commandement de l'organisation internationale. Staline dit qu'il est d'accord. Puis BJ.dault dit que l'organisation internationale doit disposer de la répartition des matières premières, et pas seulement des matières premières, mais des produits fabriqués. Bidault déclare que l'organisation internationale doit veiller à ce que les pays qui ont été

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