LETTRES INÉDITES DE P.-J. PROUDHON Outre les quatorze volumes de Correspondance dans laquelle Sainte- Beuve voyait le « chef-d' œuvre » de P.-J. Proudhon, d'ailleurs expurgéepar des mains pieuses qui en ont éliminé des violences, des vitupérations contre des contemporains comme Victor Hugo et Ernest Renan, il a paru quantité de lettres du « Joseph de Maistre prolétaire », notamment ses lettres à Gustave Chaudey, d'autres publiées par Edmond Droz, d'autres que l'on trouve dans le Mouvement socialiste, etc. Il en reste encore d'inédites. Celles qui suivent sont de celles qui, à notre connaissance, n'ont jamais été imprimées. Elles méritent de l'être, car un des aspects les plus sympathiques de Proudhon s'y reflète, et il serait dommage de ne pas y joindre la lettre de l'ouvrier J.-F. Robert en faveur duquel Proudhon avait fait une première démarche. Prou~hon à M. Sauvage A M. Sauvage, Ingénieur en chef du Chemin de fer de Paris à Lyon. Paris, 3 février 1849. Monsieur, Permettez-moi de me rappeler d'abord à votre bon souvenir, et de recommander ensuite à votre bienveillance le nommé Charles Nicolas, un honnête ouvrier, [beau-] frère de Robert, que vous avez bien voulu caser dans vos ateliers, et qui vous remettra la présente. Je sais, Monsieur, de combien de demandes vous êtes assailli ; combien vos moyens sont bornés, combien vous éprouvez de peine à refuser du travail à ceux qui vous en demandent. Mais quand Charles Nicolas n'obtiendrait de vous Biblioteca Gino Bianco qu'une prise de date, il vous en serait reconnaissant, et cela soutiendrait et allongerait sa patience. Pardon, Monsieur, de mon importunité : j'ai cru ne pouvoir moins faire que d'écrire une aussi longue lettre pour un brave travailleur ; et j'ai risqué, pour lui, de vous déplaire. Je suis, Monsieur, avec le dévouement le plus sincère, votre très humble serviteur, P.- J. PROUDHON. J.-F. Robert à Proudhon Paris, le 14 août 1849. Monsieur Proudhon, Il y a un an que je suis venu vous trouver pour que vous ayez la bonté de vous occuper pour me trouver de l'ouvrage. J'ai vu avec plaisir que vous vous en êtes occupé pour m'en procurer dont vos démarches ont eu bien vite du succès. Lorsque je suis entré dans l'administration du chemin de fer avec la protection de Monsieur Sauvage je vous ai promis que je ferai tout ce qui dépendrait de moi pour satisfaire ceux qui seraient appelés à me commander. Je crois que je n'ai pas manqué à mon devoir, mais je ne croyais pas qu'il y en aurait eu un à qui mon physique (passez-moi le mot) aurait déplu car depuis que je suis dans la maison il m'a toujours mal regardé. De pire en pire quand on a augmenté les ouvriers. Je suis certain que M. Lafite m'avait porté et que c'est lui qui n'a pas voulu que l'on m'augmente. Dernièrement je lui porte une lettre pour le service, chose qui m'arrivait assez souvent. Il me dit: Ah, c'est vous, Robert. Je suis bien aise de vous voir. J'ai quelque chose à vous dire ; dites donc, on m'a dit que vous êtes un grand
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