Le Contrat Social - anno IX - n. 1 - gen.-feb. 1965

CHRONIQÇE Salmigondis à l'italienne LE 15 MAI 1943, d'un trait de plume, Staline supprimait l'Internationale communiste qui, en fait, n'existait plus selon ses principes ni ses origines depuis la mort de Lénine : car avant de la supprimer, Staline l'avait corrompue, asservie,· domestiquée, soumise aux ordres de sa police secrète. La liquidation s'accomplit sous le couvert d'une résolution du Présidium (de l'I.C.), signée par d'obséquieux valets de Staline, parmi lesquels figuraient deux des plus méprisables, Thorez et Ercoli (Togliatti). On ne saurait concevoir reniement plus insolent de l'œuvre de Lénine, outrage p]u.s 9'Wque à ~amémoir~, de la part des pseudolemmstes : quoi qu'on puisse penser de Lénine et du léninisme, le fait est que la 3e Internationale en est inséparable. Aussi les héritiers de Staline, publiant en 1958 un choix d'écrits de Lénine « Sur le mouvement ouvrier et communiste international» (Editions d'Etat, 351 pp.), ont-ils eu soin d'en retrancher tous les textes ayant trait aux 3e et 4e Congrès de son Internationale, ainsi que bien d'autres sur le même thème. Staline, lui, avait auparavant ·retranché du « Comintem » la plupart des dirigeants contraints de rester dans l'Union soviétique, pour les jeter tout sanglants à la fosse commune. N'ont survécu que les plus lâches et les plus serviles, Togliatti par exemple. Pour survivre, il ne suffisait pas d'approuver les crimes staliniens, d'applaudir aux atrocités staliniennes, il fallait y prendre part. Une brochure parue à Rome en novembre 1962 comme supplément aux Documentisul comunismo, sous le titre : « Togliatti assassino di comunisti », a reproduit textuellement les témoignages frénétiques de satisfaction exprimés par Togliatti et ses pareils lors de l'exécution, ou «liquidation», de Zinoviev et de Kamenev, puis de Toukhatchevski et de milliers d'officiers sans reproche, puis de Boukharine et de Rykov, enfin de toute la « vieille garde » bolchévique et de toutes les tendances du socialisme. Togliatti a non seulement glorifié Staline, léjov et Béria après chaque massacre, il a participé directement aux épurations sanglantes du Comintem, envoyé à la torture et à la mortses X!:! prochescollaborateurst,rempédirectement l'assassinatdes communistesallcBiblioteca Gino Bianco mands, hongrois, polonais et yougoslaves. En Espagne, il a personnellement dirigé la répression arbitraire et terroriste dont tant de socialistes, de syndicalistes, de libertaires, de marxistes (ceux du P.O. U.M.) ont été victimes•. Pourtant cet individu sans aveu jouit de la considération distinguée de « l'Occident pourri », comme disent les tenants du despotisme oriental usant à leur manière d'une formule slavophile du xixe siècle. On lui attribue toutes sortes de mérites, à condition de passer ses méfaits et forfaits sous silence, et le dernier en date de ses titres à la considération des commentateurs complaisants, c'est un mémorandum trouvé dans ses papiers après sa mort, publié par ses complices, puis par la Pravda et par presque toute la presse. On ne sait quel usage il comptait en faire, mais ses continuateurs en font grand cas et bon nombre de glossateurs étrangers prennent des airs dignes ou papelards pour lui conférer de l'importance. Or ce factum, pompeusement désigné parfois comme « testament », est un tissu de lieux communs comme il en traîne chaque jour des centaines dans les publications communistes (au sens post-stalinien) de toute espèce: il ne s'en distingue ni par la véracité, ni par l'originalité, ni par le style, ni par le niveau intellectuel, encore moins par le sens moral. Le moindre échantillon de cette prose macaronique devrait suffire à le prouver une fois pour toutes. Ainsi, sur les Etats-Unis : « L'assassinat de Kennedy a montré jusqu'où peut pousser l'attaque des groupes réactionnaires. On ne peut absolument pas exclure qu'aux élections présidentielles puisse triompher le candidat républicain [Goldwater] qui a la guerre à son programme et qui parle comme un fasciste. » Ne faut-il pas avoir perdu le respect de soi-même pour s'abaisser à disserter gravement sur des inventions aussi dégoûtantes, voire avec le ton admiratif des rédacteurs du Monde ? (N'ayant ni la place ni le godt de citer tout ce qui tombe sous nos yeux, nous nous bornerons à ce Journal, repré- •. Cf. • Quand Togliatti participait aux crimes de Staline •, pages extraites de la brochure en question, dans Bit et Oiust, n° 293, du 1•r f~vrier 1963, pp. 6 à 10.

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