Le Contrat Social - anno IX - n. 1 - gen.-feb. 1965

52 bureaucratie. Le despotisme industriel de cette société contemporaine allie le pouvoir politique total à la contrainte sociale et intellectuelle totale. Et la Chine? N'oublions pas qu'à la différence de la Russie qui, dès le début du xxe siècle, a marché à grands pas vers l'industrialisation, la Chine était avant tout un pays agricole lorsque les communistes entrèrent en scène. En dépit de sa défroque marxiste, le despotisme agraire instauré par le régime présente une étroite ressemblance avec les grands régimes despotiques du passé. Mao Tsé-toung, authentique Asiatique, n'a ni les complexes ni les doutes qu'avait Lénine devant la notion de mode de production asiatique. C'est dans ce sens que l'exemple de la Chine (qui d'autre part commence à s'industrialiser) peut être contagieux en Asie. L'auteur constate que la plupart des nations non communistes de l'Orient sont influencées par une idéologie semi-communiste qui tire son origine de cette Chine à laquelle leurs civilisations traditionnelles les apparentent. Quant à l'Occident, il pense que si le monde libre est de plus en plus étroit, le désir de le défendre et d'en faire reculer les bornes est de plus en plus grand. Avec Hérodote, il cite la réponse des deux Spartiates au satrape du Grand Roi qui leur offrait la puissance dans leur propre pays : « Ah! si tu savais ce qu'est la liberté, tu nous aurais conseillé de nous battre pour elle, non seulement avec la lance, mais aussi avec la hache. » ANTOINE DE BASTARD. L'éditeur français du Despotisme oriental s'est permis d'insérer en tête de l'ouvrage, à l'insu de l'auteur et même en l'abusant par correspondance, un factum de dénigrement hypocrite qui tend à mettre le lecteur en garde contre les vues non conformistes de K. Wittfogel. L'immoralité de l'édition ne le cède en rien à l'immoralité de la presse, dans la France actuelle, on le sait de reste, mais le procédé a tout de même de quoi provoquer un haut-le-cœur. Il en sera question ultérieurement,· dans une autre rubrique. - N.d.l.R. Un instrument de travail ~ . necessa1re The Trotsky Papers, I9I7-I922. Edited and annotated by Jan M. Meijer. Tome I, I9I7-I9I9. La Haye - Londres - Paris 1964, Mouton & Co, 858 pp. . . L'INSTITUT INTERNATIONAL D'HISTOIRE SOCIALE, d'Amsterdam, publie le premier des deux volumes qui contiendront, en russe avec la traduction anglaise en regard, une collection d'environ 800 documents cédée opportunément par Léon Trotski Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL à cet Institut en 1936. Opportunément, disonsnous, car une autre partie des archives de Trotski, déposée au siège de la filialeparisienne de l'Institut,· fut volée avant la guerre par le Guépéou dont les agénts infestaient le petit cercle des trotskistes et opéraient impunément en France à la faveur de l'indifférence gouvernementale et policière. Une troisième ·partie de ces archives a été acquise par l'Université Harvard qui les conserve dans sa ~oughton Library à Cambridge (Massachusetts). Cette documentation que Trotski désignait à juste titre comme « correspondance de LénineTrotski » se compose de photocopies et de copies dactylographiées comprenant notamment nombre de lettres manuscrites de Lénine et beaucoup de pièces signées d'autres personnalités communistes en vue, comme Tchitchérine, Racovski, Karakhan, Ioffé, Sverdlov, Chliapnikov, Nevski, Sklianski, Zinoviev, Bontch-Brouiévitch, Vatsetis, Stassova, Raskolnikov, Staline (dans ce seul premier volume). L'authenticité des textes et l'exactitude de leur reproduction sont au-dessus de toute contestation. M. Jan M. Meijer, à qui l'on doit ce travail vraiment méritoire, a pu comparer minutieusement la collection d'Amsterdam avec celle de Cambridge, laquelle inclut d'autres copies dactylographiées des mêmes documents, et se livrer à de laborieuses vérifications dont il expose le détail dans sa préface. Le présent volume donne 435 documents et couvre la période 1917-1919, donc la majeure partie de la guerre civile russo-russe. La présentation ne laisse rien à désirer : elle est aussi correcte et précise que possible ; M. Jan M. Meijer l'a enrichie de notes bio-bibliographiques d'une objectivité scrupuleuse et qui seront d'un grand secours aux lecteurs privés d'accès aux sources de première main. La traduction signée N. E. est également digne d'éloges. De même, la présentation typographique. La préface annonce une introduction historique à paraître dans le deuxième volume. C'est alors seulement qu'il y aura lieu de commenter l'ensemble de la publication. Mais rien ne déconseille d'approuver dès maintenant la décision d'éditer tous ces matériaux d'histoire sans discrimination aucune. En effet, autant il est absurde de livrer à l'impression n'importe quels papiers non triés, recueillis sans discernement et mis bout à bout au mépris de tout critère sélectif, comme cela semble de mode ces derniers temps, autant se justifie la publication intégrale des archives de Trotski, pour des raisons évidentes. Non seulement elles comblent d'énormes lacunes, mais elles rectifient des falsifications historiques persistantes, que l'on peut tenir pour étant sans ·précédent. Dans ces conditions et en de telles matières, un nom, un lieu, une date, chaque détail peut prendre de la valeur. L'Etat soviétique garde sous le boisseau non seulement la documentation relative à Trotski et à son rôle de premier plan dans la révolution,

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