Le Contrat Social - anno VIII - n. 2 - mar.-apr. 1964

ANTIMARXISME LES COMMUNISTES ne cessent de démontrer en. actes et paroles l'aberration de ceux qw_ les pre~ent pour des marxistes, mais les sophismes ont la vie dure et Khrou~htchev ni, M~o, secondés par des brigades d~ scnbes, ne .reuss1ssent pas sur ce point à se faire ~nt~ndre. ~es coups échangés entre Russes et C~o1s. de meme credo politique au cours du dernier trimestre en sont des illustrations frappantes. Le 3 février, la presse de Pékin accusait les ~geants soviétiques de prétendre à la dominatton du monde en association avec l'Occident impérialiste. Elle les traite « d'autocrates féod~ux » qui se servent des autres partis commumst~s « .comme de pions sur leur échiquier diplomatique » et pour qui « l'impérialisme américain le plus féroce ennemi du monde, est l'allié 1~ plu~, _sûr». Elle les cons!dèi:e,. ces dirigeants soviet1q_ue~,comme «anttsov1ét1ques». Autrement dit, il ne reste plus trace de leur marxisme. Ce .même ·mois, une mission parlementaire française composée de bourgeois impérialistes (selon la terminologie communiste) était reçue à br~s ~uverts par Mao et son entourage. Elle a su ams1 que « Khrouchtchev est un tigre de papier » et entendu, de la bouche de Mao, des pr~pos s~tologiqu~s non transmissibles par écrit, mais qw, colportes de vive voix, autorisent le Monde du 21 février à admirer « la force et le pouvoir de séduction de cette figure historique ». Elle atteste, de Mao, «un humour qui semble complètement oublier l'habituelle lourdeur de la,~i;:aséologie marxiste », et «le prix attaché par Pe aux nouvelles relations avec Paris ». A peine faut-il mentionner les hommages de « l' orthodoxie » chinoise au général de Gaulle. Les experts trouv~ront là-dedans bien des choses, sauf du marxisme. Le 15 mars, Tchou En-lai de retour à Pékin ap_rè~sa tournée dans qu~torze pays africains et asiatiques est « reçu en heros » à l'aérodrome et à l'en _croire, « les perspectives révolutionnaire~ en Afrique sont excellentes ». Son héroïsme ne lui a certainement pas fait tenir de tels propos à l'empereur d'Ethiopie ni au roi du Maroc ni même. aux a~tres ,pouv?irs établis en Afriqu; et en Asie. Son« orthodoxie» ne l'avait pas empêché de louer, à Lahore, le Pakistan allié des· EtatsUnis et membre de deux alliances anticommunistes (24 février). On peut gager qu'il n'a jamais prêc~é ou~ertement la révolution au Cambodge, en Birmanie,. au ~épal, dont les. régimes politiques respectifs n ont que ~e lomtains rapports avec le marxisme. Biblioteca Gino Bianco SYSTÉMATIQUE A la conférence de pseudo-solidarité afroasiatique d'Alger, le 24 mars, une ménade chinoise qualifie de «réactionnaires » les propositions soviétiques, les regarde comme «un opium à cent pour cent, visant à endormir les peuples », et elle apostrophe les gens de Moscou en ces termes : « Votre expansionnisme et votre égoïsme nationaux sont tels que depuis longtemps il est difficile de distinguer votre visage de celui de l'impérialisme, du colonialisme et du néo-colonialisme. Qui se ressemble, s'assemble.» Le délégué soviétique estime que « les Chinois développent des thèses racistes», aveuglés qu'ils sont par « l'orgueil et le chauvinisme». Un des Chinois, le surlendemain, crie aux Soviétiques : « Vous êtes moralement responsables de l'assass~at .de ~a?'Ïce Lumumba ! » et leur reproche d avoir exige de l'or en remboursement de l'aide fournie pour la guerre de Corée. Le porte-parole soviétique, B. Gafourov, dira le Ier avril : « La politique actuelle de la Chine, raciste et chauvine, ne diffère pas du nazisme... » Aucune personne sensée ne découvrira, dans ces accusations réciproques de nationalisme, d'impérialisme, de colonialisme, de racisme et de chauvinisme, le moindre marxisme. B. Gafourov dit encore : « Les Français comprennent-ils que les Chinois veulent unir les . races jaune et noire contre les Européens, contre les Blancs, quels qu'ils soient ?... La propagation du nationalisme et du chauvinisme par les Chinois n'est pas dangereuse seulement pour !'U.R.S.S., mais pour tous les pays d'Europe et d'ailleurs. » Il déclare que les communistes chi- . nois se sont conduits comme de vrais hooligans, désapprouvés par la conférence d'Alger, sauf par quelques individus « qui vivent de l'argent des Chinois». Le moins qu'on puisse dire de tels commentaires, c'est que le marxisme se trouve hors de cause. Le 31 mars, Khrouchtchev arrive à Budapest pour apprendre que Mao le voue aux gémonies comme « le plus grand capitulard de l'histoire ». Le même jour, même lieu, les juristes communistes déguisés en «démocrates» s'entraccusent d'impérialisme. Le 3 avril, Souslov taxe les Chinois _d'aventurisme petit-bourgeois, et de tous les, ismes opposés au m~sme, réquisitoire prolonge par Khrouchtchev dans les deux semaines qui suivent. Ainsi les uns et les autres, qui s'y entendent, ont-ils amplement dénoncé l'antimarxisme systématique des uns et des autres. S,euls. des « impérialistes » aveugles et sourds s obsttnent à ne pas comprendre et à exorciser un marxisme fantomatique. B. S.

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==