Le Contrat Social - anno VIII - n. 1 - gen.-feb. 1964

( K. PAVLOV le Quotidiendu peuple écrit, sous le titre : « Une trahison envers le peuple soviétique ! » : Ce n'est pas là une « diplomatie de patience », mais une diplomatie de capitulation pure et simple. Ce n'est pas la victoire d'une politique de « coexistence pacifique », mais la manifestation d'un esprit capitulard en bonne et due forme (...). C'est une alliance américano-soviétique contre la Chine, purement et simplement (...). Mais que les impérialistes des U.S.A. et leurs partenaires ne se réjouissent pas trop vite. L'Union soviétique est un grand pays socialiste, le peuple soviétique, un grand peuple aux glorieuses traditions révolutionnaires, _et le parti communiste de l'Union soviétique, un grand parti fondé par Lénine lui-même et qui a grandi au cours de la lutte contre les opportunistes de toute espèce. En fin de compte, tout marché trahissant l'Union soviétique, trahissant le peuple soviétique et le parti communiste de !'U.R.S.S. se terminera à coup sûr par un fiasco 12 • De leur côté, les Soviétiques ne demeurent pas en reste et menacent d'employer la même tactique de discrédit contre les dirigeants chinois. Dès juillet dernier, la presse soviétique commence à faire allusion aux « forces saines qui, comme l'attend le peuple soviétique, se trouveront dans le P.C. chinois » et au fait que « les membres du P.C.C. comprendront à quel point ils ont été aveuglés par le mensonge» 13 • Dans sa riposte du 3 août dernier, le gouvernement soviétique accuse les dirigeants chinois de s'opposer ouvertement, par leur refus de s'associer à l'accord des trois puissances, « à l'amitié socialiste, au mouvement communiste international, à tous les peuples, amis de la paix, d'Europe, d'Asie, d'Afrique et d'Amérique ». Dénonçant les tentatives de Pékin pour « ameuter le peuple soviétique contre son gouvernement », Moscou y voit une nouvelle preuve que les dirigeants chinois transposent les divergences idéologiques sur le plan des rapports d'Etat à Etat. Et le Kremlin de rappeler, en réponse à ces manœuvres, que cc la vanité de ces tentatives » a été depuis longtemps comprise « même par les impérialistes », qui se sont plus d'une fois cassé les dents sur le bloc monolithique que forme le peuple soviétique avec son gouvernement et le parti communiste de !'U.R.S.S. 14 • Ainsi la vérité a fini par se dégager de l'amas des citations indigestes, des réticences et des équivoques : toutes les accusations réciproques des communistes soviétiques et chinois, accusations de dogmatisme et de révisionnisme, de trotskisme et d'apostasie, de nationalisme et d'égoïsme national, d' cc esprit capitulard» et d'aventurisme, et ainsi de suite, ne sont pas un reflet du conflit lui-même, mais des moyens de lutte. La rivalité personnelle entre Khrouchtchev et Mao donne à la lutte un caractère acharné et la transforme en un duel à mort. Seul un aveu de défaite ou 12. Quotidien du peuple, 2 aoftt 1963. 13. I~vestia et Léningradskaia Pravda, r6 juillet 1963. 14. Tass, 3 aoftt 1963. Biblioteca Gino Bianco 13 la capitulation d'un des deux antagonistes, ou bien la mort, naturelle ou non, d'un des deux adversaires, peut mettre fin à cette lutte. L 'AGGRAVATION du différend sino-soviétique à partit de 1962 a amené nombre d'hommes politiques d'Occident à prédire une rupture complète et certaine, à brève échéance, des rapports entre Moscou et Pékin. Certes, les positions prises par les communistes soviétiques et chinois donnent suffisamment matière à des pronostics de ce genre. Le régime totalitaire des deux pays rend encore plus facile la rupture définitive. Khrouchtchev et Mao n'auraient pas à innover dans cet ordre d'idée, la Yougoslavie et l'Albanie ayant montré les premières que le monolithisme du bloc communiste est une notion très relative. Mais, si Moscou ou Pékin avait vraiment eu l'intention de rompre, l'un et l'autre en eurent maintes fois l'occasion. Le fait que ni Mao ni Khrouchtchev n'ait jamais pris personnellement position l'un contre l'autre mérite qu'on en tienne compte. Mao dans ses discours évite encore de toucher aux questions se rapportant au conflit. Visiblement, Khrouchtchev et 1~ s'abstiennent pour le moment de brûler leurs vaisseaux. Qu'est-ce qui, dès lors, retient encore !'U.R.S.S. et la Chine dans le même camp ? Admettons une rupture complète entre !'U.R.S.S. et la Chine : le traité militaire sinosoviétique du 14 février 1950 deviendrait caduc. Bien que l'Union soviétique soit incontestablement la partie la plus forte et qu'un schisme ne l'exposerait à aucun danger mortel, la chose aurait pour conséquence directe d'affaiblir considérablement le bloc soviétique et d'amoindrir la position de !'U.R.S.S. sur le plan mondial et dans le mouvement communiste. En effet, quels seraient les pays communistes qui se solidariseraient avec la Chine et quitteraient le bloc soviétique ? En Europe, seule la petite Albanie soutiendrait Mao. Mais la position de ce pays deviendrait beaucoup plus dangereuse, car la rupture avec la Chine supprimerait une des principales raisons qui obligent Khrouchtchev à prendre des gants avec Enver Hodja. En Asie, sur les trois pays communistes en dehors de la Chine, au moins un, la République populaire de Mongolie, a pris résolument parti pour Moscou. Dès janvier 1963, Tsédenbal,· premier secrétaire du Parti, déclarait dans un discours prononcé à Oulan-Bator : Les délégués des partis marxistes-léninistes ont pris à l'unisson la défense de la ligne générale du mouvement communiste mondial et porté un jugement de principe sur les actes incorrects, extrêmement néfastes, des camarades chinois qui soutiennent et encouragent de toutes les manières les dirigeants albanais, ce qu'on sait depuis longtemps dans le mouvement communiste

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