Le Contrat Social - anno VII - n. 6 - nov.-dic. 1963

• LA TRAHISON DES· CLERCS - . DIX ANS après la mort de Staline, nous avons marqué cet anniversaire à notre façon et commencé l'année en publiant sous ce même titre une anthologie sommaire de la « courtisanerie sans précédent» mise en œuvi;e dans notre pays, comme_ partout dans le monde, par l'extraordinaire entreprise de corruption siégeant à Moscou et par ses multiples filiales. Nous ne pouvons terminer la même année sans le minimum de commentaires qui s'impose à la honte de « l'Occident pourri » qui se laisse avàrier par la pire dépravation politique et morale. Car il n'est pas vrai que les choses aillent sans dire : à peine vont-elles en les disant, et pas toujours. Les slavophiles du dernier siècle étaient encore trop optimistes en parlant d'Occident pourri : ils ne prévoyaient tout de même pas la variété désespérante de pourriture qu'atteste notre rubrique de la « Trahison des clercs ». L'emprunt du titre à Julien Benda évoque d'abord la trahison du ·soi-disant prototype, du ci-devant zélateur de la raison, de la vérité, de la justice, qui avait passé sa vie à dénoncer le patriotisme, le nationalisme, l'étatisme, l'historicisme, pour la finir en tant que rallié au nazisme stalinien. Faux «cartésien» et faux « témoin de l'es- - prit », il donnait· en 194 7 son « adhésion à ce parti qui veut la réalisation de plus en plus totale (sic) de la démocratie », le parti du Guépéou et des camps de concentration, le parti de la torture et de la peine de mort en permanence, le· parti des fusilleurs et des massacreurs, le parti du pacte avec Hitler. S'étant comparé modestement à Socrate, «parfait modèle du clerc», il a su faire en sorte de ne pas «boire la ciguë », quitte à s'enivrer de la vodka frelatée du stalinisme. L'ordre alphabétique coïncidant avec une certaine hiérarchie dans l'ignominie a placé un M. Aragon en tête de la rubrique ( pp. 43 et suiv. de notre numéro de janvier 1963). Ce hideux flagorneur de Staline inspire une répulsion qui · le protège, en tenan~ à distance quiconque se respecte, mais le Nou'veau Dictionnaire des girouettes, d'Orion, et_le Dictionnâire des contemporains, du Crapouillot, donnent assez de détails qui le caractérisent. Auteur de r9.29, album de phot9graphies obscènes acco~pagnées de poèmes scatologiques, paraît-il, M. Aragon a bavé sur la révolution russe au temps de Lénine et s~r « Moscou la gâteuse » (sic). II déclare bien haut que« ce qui nous répugne, c'est l'idée de patrie», et vomit « mon pays que je déteste, où tout ce qui est français comme moi me répugne ». Il se définit comme étant de « ceux-là qui don,nc;ronttoujours la main à l'ennemi » et il « conchie l'armée franBiblioteca Gino Bianco çaise dans sa tot~lité ». Passé au service de «Moscou la gâteuse» quand Staline entreprend d'exterminer les compagnons de Lénine, il surenchérit dans la servilité pour gagner les bonnes grâces du tyran : « Feu sur Léon Blum - Feu sur les ours savants de la social-démocratie », écrit-il, glorifiant l'Armée rouge, les soldats de Boudienny : « L'éclair de vos fusils fait reculer l'ordure, France en tête ... » Il « chante le Guépéou nécessaire à la France », il « demande un Guépéou pour préparer la fin d'un monde », il répète dix fois : « Vive le Guépéou » (contre la famille, contre le socialisme, etc.), et quand Staline pactise avec Hitler pour déclencher la guerre en 1939, il fait l'apologie du pacte infâme « dans un article qui arrive à la fois à être un monument de cynisme et un monument d'hypocrisie», selon Pierre Brossolette, encore trop indulgent pour ce valet de Béria et de Staline. (Références précises dans les deux « Dictionnaires » précités.) M. Aragon s'est confessé par mégarde en écrivant : «Un beau jour (sic), je compris que je nourrissais en moi ce démon : le besoin de trahir ... » Ses ignobles proses et ses ignobles vers en l'honneur de Staline le montrent, somme toute, constant avec lui-même, dans l'obscénité et la trahison ·: il donne « toujours la i;nain à l'ennemi ». Et il faut dire à sa décharge· qu'un paillasse de son espèce serait impossible sans une société faisandée qui le chouchoute, sans des éditeurs assez mercantiles pour publier ses. saletés, sans une RadioTélévision Française qui l'exhibe et le met en vedette. Des signes dç cette sorte ne trompent pas sur l'avenir -que nous préparent les .«princes qui nous gouvernent ». Les innommables flatteries à l'adres_se.de Staline signées Henri Barbusse, Jean-Richard Bloch, Paul Eluard, pour. ne nommer ici que les grosses légumes du stalinisme, et reproduites après celles de M. Aragon, ne retiennent pas la même RadioTélévision Française de louanger ces vils courtisans du plus sinistre criminel de guerre et cri- ~el de paix. Le Monde aussi fait leur éloge en toutes circonstances· et ne craint même pas d'accorder à un M. Garaudy, auteur de « pépé Staline», l'assurance d~ sa considération distinguée. Toute la presse bien-pensante rend hommage à la domesticité stalinienne, couverte de fleurs très bQurgeoises, de décorations, de récompenses, de prix littéraµ-es, et l:?ourréede sportules. L'Université dorlote ces empoisonneurs de la jeunesse. Ils pénètrent et prospèrent partout où licenc~ leur est consentie d'intoxiquer l'opinion publique_.Il le~ _estpermis _maintenant

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