Le Contrat Social - anno VII - n. 6 - nov.-dic. 1963

380 valait l'envoyer se faire pendre ailleurs. Rentré dans son Texas, mécontent et instable, inadapté et inadaptable, il se laissa séduire par une autre forme du communisme actuel, le castrisme. Naguère, un communiste tombé de haut renonçait à ses illusions et, soit se r~iait à un autre courant politique, soit se réfugiait dans la vie privée. A présent, il a le choix entre plusieurs variétés de communisme également étrangères au marxisme, à savoir le castrisme, le titisme, le maoïsme, en attendant de nouvelles désillusions s'il est sincère. Oswald a incliné vers le castrisme. Dans tout cela, rien d'anormal, les causes et les effets s'enchaînent en toute logique. L'anomalie apparaît quand le pauvre type désaxé, détraqué, en proie à une idée fixe, se persuade de faire œuvre pie en tuant le président des Etats-Unis, par dévouement au castrisme. Dès lors, il relève de la neurologie pathologique et ce n'est plus de notre ressort. Ce qui nous concerne, en revanche, c'est la sorte de mobilisation générale de la presse et de la radio qui se manifesta dès le lendemain du crime pour innocenter en bloc les assassins communistes de l'école stalinienne et pour démontrer à coups de citations érudites que ces «marxistes» n'ont jamais fait de mal à une mouche. La stupide référence au Capital se retourne ainsi curieusement en faveur du parti des tueurs, des bourreaux, des déporteurs, des pogromistes, dont aucune statistique ne saurai~ dénombrer les innombrables victimes. D~s journaux très bourgeois ont expliqué doctement que l'assassinat ne figure pas au programme communiste, ni dans les œuvres complètes de Marx et de Lénine, ni parmi les beaux-arts admis par le « réalisme » de Staline et de Khrouchtchev. La radio de Washington et celle de Luxembourg se sont particulièrement distinguées, paraît-il, en volant au secours des communistes, attestant de ceux-ci leur sainte horreur de la violence. Le Monde a publié un devoir d'écolier appliqué, exposant la doctrine social-démocrate opposée à celle des socialistes-révolutionnaires russes qui impliquait l'usage de la bombe et du revolver. Or, chacun ne sait pas, mais devrait savoir, que les bolchéviks ont largement pratiqué le terrorisme individuel qu'ils réprouvaient en théorie quand ils étaient social-démocrates, et que dans l'exercice du pouvoir ils ont fait de la saignée Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL permanente une recette favorite de leur médecine politique. Sans remonter à la chronique des assassinats de l'époque révolutionnaire, ni à la terreur des années de guerre civile, les exemples abondent de crimes commis froidement et systématiquement par les communistes « dans l'intérêt du Parti» Presque tous les dirigeants communistes internationaux réfugiés en territoire soviétique pour échapper à la police de leur pays ont été exterminés de sang-froid par leurs «camarades >> sans autre forme de procès. Quand il y eut procès, dans les Etats satellites comme en U.R.S.S., ce fut pour cumuler la déchéance morale à la suppression physique des victimes. L'assassinat de Trotski élu Mexique, de Walter Krivitski à Washington, d'Ignace Reiss en Suisse, de Maslow à La Havane, le rapt des généraux Koutiépov et Miller à Paris, pour ne mentionner que des cas fameux en leur temps, étaient peut-être des actes de philanthropie prescrits dans le Capital de Marx ? En France, les pseudo-communistes ont assassiné des milliers de personnes à la faveur des séquelles de la dernière guerre. Il faudrait un gros volume pour recenser les homicides individuels et collectifs à inscrire au bilan du communisme. Le président Kennedy eût pu être tué par un Oswald d'un autre bord qui n'aurait pas lu non plus le Capital. Il se trouve que le meurtrier, si l'on se fie aux renseignements officiels, professait des opinions « castristes », ce qui n'implique nullement la responsabilité directe et précise d'un parti ou d'un leader, ni d'une quelconque organisation, tant que rien ne l'indique. Mais si l'on incrimine les semences de haine et de violence qui engendrent des fanatiques capables de tirer avec un fusil à lunette sur un symbole, il importe de reconnaître et de proclamer que la responsabilité des communistes actuels en général doit être mise en cause plus que toute autre, ne serait-ce qu'en raison des mensonges monstrueux qu'ils forgent sans .cesse et propagent sans vergogne pour inspirer sciemment haine et violence inexpiables. Le plus étonnant, c'est que leurs provocations constantes n'aient point suscité plus de forfaits solitaires. Seuls les «frères» arabes ou soi-disant tels peuvent rivaliser avec les «camarades», leurs alliés, dans l'assassinat en série et le crime individuel. Concluons provisoirement avec Pascal que « ...la violence et la vérité ne peuvent rien l'une sur l'autre». ,

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