366 apôtres de fait de la guerr~ conven?onnelle. Et nous estimerons que la raison serait suffisante, même s'il n'y avait pas lieu de soupçonner de surcroît que, parmi ces amis de la paix, se so~t glissées des âmes sensibles au point de vouloir débarrasser un ogre des scrupules que lui impose l'évidente démonstration de G1.. Il est temps de considérer G2, dont la portée est plus restreinte m~is qui ne manque pas d'a~- tualité, étant donne la controverse soulevee en notre pays, et par extension dans le mon~e, à partir de l'attitude prise par la France officiell~. On se réclame du raisonnement de P. Gallois pour détruire l'argument relatif au retard et à !'insignifiance opérationnelle de l'armement atomique français. Au cours d'une récente cat?- pagne électorale, nous avons entendu ~outerur, par un candidat qui fut malheure~x, que s~d'aven: ture la guerre atomique se declenchait et si notre Directeur faisait éclater sa bombe pour être à l'unisson, personne ne s'en ap7rcevrait. Au:r termes de l'hypothèse, la consequence serait en effet inéluctable. Mais considérons le raisonnement de P. Gallois en lui-même: ce n'est plus du tout la même hypothèse. Pour dépersonnaliser, voyons la querelle d'un petit et d'un grand, supposé que l'autre grand s'en désintéresse. Soit donc N et n. N menace n de verges conventionnelles, mais n dispose d'un armement atomique proportionné à sa taille, de même que N en a un à la sienne; n, battu, poussé au désespoir, menace donc N en retour, qui se trouve dissuadé. La conséquence paraît également logique. L'hypothèse contient une clause qui n'a pas été énoncée explicitement dans l'ouvrage de 1960: c'est que l'autre N, so~t N', s~ désintéresse de l'affaire Nn. On va auJourd'hui criant sur les toits qu'il pourrait bien en être ainsi: comme les petits, les grands sont égoïstes, d'un égoïsme qui s'appelle nationalisme, et, quand il est poussé, isolationnisme. On suspecte donc la sincérité de N' quand il proteste que, dans son cas, il n'en est rien, qu'il est prêt à tenir ses engagements. On lui rétorque qu'il s'est engagé à la légère car on ne peut rien contre les lois de la nature, l'égoïsme national étant une de ces lois. En conclusion, on soutient que n ne sera jamais si bien défendu que par lui-même. Et comme la reconnaissance de l'égoïsme comme loi de la nature ne détruit pas la charité quand -elle ne nuit pas, on généralise la chose : ce n'est pas seulement valable pour nx mais pour tous les n, n1 , n2 ••• nn. A chacun l'autodéfense, de chacun une autodéfense proportionnée à ses moyens. Si cette autodéfense est atomique, les plus petits moyens suffiront, selon la démonstration de G2. On voudrait rétorquer de cette façon l'argument selon lequel la force atomique coûterait trop cher aux petits pays. Mais la conclusion essentielle de l'argumentation fondée sur G2, c'est que· la paix pourrait être garantie par Biblioteca Girio Bianco LE CONTRAT SOCIAL un nationalisme universalisé. Chacun pour toi, se défendant par soi, puisque la « force de frappe» est à la portée de tout le monde,-Cha~un des petits ayant sa bombe, les grands n oseraient pas s'y frotter. Ainsi certains insectes avertissent; par Ieur colora1!-on,l~s oisea~x prédateprs <!u'ils auraient mauvais gout, et l ·on connait meme, dans l'étendue du règne animal, des fraudeurs qui miment les incomestibles. Les conséquences que, l'on tire de <3:2sont curieuses et un peu deconcertantes. Si nous nous reportons à la f ~~e •généralis~e de q I, l'argumentation cesse d etre tout à fait convaincante. Selon cette généralisation, la dissuasion d'un agresseur éventuel est fonction de la cohésion et de la résolution de ses victimes éventuelles. Il est évident que le pan-nationalisme que l'on tire de G2 n'ôte rien à l'esprit de résistance: l'ardeur nationaliste, au contraire, renforce celui-ci. Cependant il n'en est plus de même sous le rapport de la cohésion. L'agr~sseur é~en~uel,,~ N_ par rapport à un n, a touJours estime qu il lw fallait diviser pour réussir : le morcellement de la défense adverse qui résulte de l'application de la maxime : cc Chacun chez soi, chacun pour soi)>, au lieu de le dissuader, l'encourage. On a vu par la dernière affaire de Cuba que lorsqu'un grand parle haut à ID: autre grand ~t qu'~ s'entend répondre de meme, le preil!er fi?it par baisser le ton. Il n'en va plus necessairement ainsi lorsqu'un petit, réduit à ses moyens propres, riposte à un grand. Le grand, s'il est encouragé par le morcellement de la défense des petits, pèse ses risques : il sait que, poussé au dé~espoir, un petit peut être très méchant (ardeur nationale), mais il sait aussi que les petits ont un instinct de conservation physique qui peut les incliner à la soumission. Enfin, quoiqu'on dise, le risque couru par le grand dans son algarade avec un petit qui préférerait la destruction physique à la perte de son indépendance, est proportionné aux moyens atomiques dont dispose le petit. On a admis que ce devaient être de petits moyens si le petit n'a pas voulu se ruiner absolument en consacrant la totalité de ses ressources à la constitution de sa force de dissuasion. Nous raisonnons toujours dans l'hypothèse où la sécurité collective n'est pas prise au sérieux par ~es petits qui n'ont pas confiance dans la protection des grands et qui n'ont pas confiance les uns dans les autres, qui refusent de mettre en commun leurs moyens de défense aussi bien que de les subordonner à ceux d'un ou de plusieurs grands. L'argument en faveur des forces de frappe nationales devient autocontradictoire lorsque l'on suggère que le pays qui entreprend de s'en_constituer une verra se grouper autour de lui ceux qui n'auraient pas eu le courage d'en fcire autant. On restaure en effet l'hypothèse d'un grar.d (p~r l'âme au moins) protégeant de plus petits. Mais pourquoi choisiraient-ils cèlui-là plutôt que tel autre, d'autant que c'est là le dernier venu dans ce genre d'entreprise ? S'ils ont déjà un protec-.
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