Le Contrat Social - anno VII - n. 6 - nov.-dic. 1963

' Q UELQUES LIVRES ~'est non ~as 11!1 sage mais un calculateur. Un Joueur. passionne reste. un ,c~lculateur. Une psychologie un peu moms elementaire que celle qui se contente d'opposer sages et fous est à même de le prouver; l'expérience aussi. Il est manifeste que le déroulement des évé- ~ements mondiaux permet d~accorder rétrospectivement une ,valeur pro~pecttve à G1 : la guerre pom: C1;1ban a pas eu lieu alors que la tension parat~satt à son, c?mble. Le~ conditions de l'hypoth~s~ de G! _etaientremplies, et la conséquence a swv1. Ulterteurement, le traité de Moscou dans son esprit, paraît entériner G1. Or, savoi; ·pour prévoir afin de pourvoir, tel est le but de la science, politique comprise. La validité de G1 n'est pas de caractère exclusivement théorique. Plusieurs hypothèses théoriques conduisent par voie de déduction aux mêmes conséquences pratiques empiriquement vérifiables. Qu'il nous soit donc permis d'observer qu'il a été constamment soutenu dans cette revue que la transformation de la guerre froide en guerre chaude était peu probable. Eu égard aux conditions thermonucléaires, sans doute. Nous avons tenu compte du premier théorème de Gallois antérieurement à sa formulation. Mais ce n'était pas notre seule source d'inspiration en vue d'?ne « ligne générale». Nos prémisses se référaie~t en outre, peut-être principalement, à l'existence du Pacte atlantique, même en se limitant aux conditions de l'armement conventionnel. Il .Y aurait donc un Gallois généralisé par nos soins : GG1. - Si deux adversaires sont de force et de résolution approximativement égales, l'un demandeur, A, et l'autre défendeur, B, on peut prévoir que A n'attaquera pas B, mais qu'il tentera de l'intimider constamment. Si B ne faiblit pas moralement, la guerre chaude entre A et B n'aura pas lieu. Cependant, si B faillit physiquement, ou surtout moralement, le risque sera grand, risque de «persuader» A au lieu de le dissuader. Ceux qui prêchent le désarmement de B sont donc de faux amis de la paix. Eu égard aux conditions de l'hypothèse, GG1 peut être considéré comme vérifié par les faits. Il_ne s'agit pas seulement du trop classique si vispacem..., dont on craint qu'il soit une marque de_revolver. Le classique parabellum n'a jamais évité le duel. Mais raisonnons rétrospectivement avec des données de fait. Supposons que A, dem~deur, soit l'Allemagne hitlérienne, B le reste. Les généraux de A avaient toujours soutenu que le risque était grand et l'issue leur a donné raison, mais seulement l'issue. Ils ont dû s'incliner devant le «Guide » qui avait pour lui l'apparence immédiate. En effet, tout montrait que B manquait de résolution, voire d'unité. Paradoxalement, supposons unité et résolution du côté de B; plus précisément, imaginons un contrat unissant entre eux les membres de B, avec des clauses d'application impliquant certain automatisme : le guide de A aurait eu de la peine iblioteca Gino Bianco 365 à persuader, comme il l'a fait, ses agents d'exécution militaires. Après la chute de A, conforme à l'hésitante prévision de ceux-ci, qui ont voulu manier, mais trop tardivement, une bombe médiocre, considérons dans les faits A'= B-I (r étant !'U.R.S.S. stalinienne, demanderesse nouvelle). Dans cette situation, on a B' = B-A', défendeur nouveau. Mais B' est instruit par l'expérience, s'arme de résolution et unit ses membres. Conformément à ce que permettait de prévoir la déduction à partir de GG1, A se lance bien dans des entreprises d'intimidation, mais se garde d'aller jusqu'au bout. C'est donc que la situation relative de A' et de B' n'est pas la même que celle de A et de B: un changement . . A' A est intervenu, qui ne permet pas de poser B' = B. Ce changement doit être interprété non seulement en fonction de l'information de B' par le précédent, mais de celle de A'. Nous sommes en cybernétique et la théorie du noyau ne règle pas tout. La théorie de l'information a établi la validité d'un propos du sens commun relatif aux hommes avertis. Que l'homme s'appelle Staline ou qu'il s'appelle Khrouchtchev, cela ne fait guère de différence. C~pendant il n'y a pas lieu de douter que GG1 contienne G1. Calculer GG1 - G1 n'est guère possible, faute de données suffisantes pour déterner l'x. Le signataire de ces lignes prend la liberté de dire qu'armé de résolution en faveur de la paix, il n'a jamais pu se décider, en conscience, à signer les divers manifestes sur l'abolition de l'armement atomique, après comme avant l'explosion de 1959. La raison en est claire. G1 nous prémunit vraisemblablement contre la guerre atomique, mais dans l'hypothèse où l'armement atomique, avec la menace réciproque qu'il comporte, disparaît, il ne nous prémunit nullement contre la guerre tout court. Comment un sincère ami de la paix pourrait-il souhaiter que la quasi-certitude de la guerre dite conventionnelle, à longue ou brève échéance, remplace la menace de la guerre atomique ? Selon le raisonnement de P. Gallois, cette menace est bienfaisante pour la paix, si elle offusque les nerfs des personnes sensibles. Dormir en paix dans la perspectiv<;!de Coventry pour ne pas souffrir d'insomnie par crainte. d'Iroshima ... Il est beau que des vieillards songent à l'avenir de l'humanité, qu'ils ne se résignent pas à ce que tout soit fini après eux. Quand ils s'appellent Bertrand Russell ou Karl Jaspers 2 , ils méritent de l'admiration. Mais sont-ils conscients de tout ? Nous repoussons le : « Tiens, voilà la guerre conventionnelle», en échange du : « Tu n'auras pas la guerre atomique puisqu'on a détruit toutes les bombes. » Nous ne nous inscrirons pas à un club d'amis de la paix qui seraient les 2. Nous n'avons pu encore prendre connaissance du gros ouvrage de Kurl Jaspers, La Bombe atomique et l'avenir de l'humanitl, dont la traduction française vient seulement de paraître.

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